Rechercher
Rechercher

Société - Francophonie

Ouverture prochaine à Beyrouth d’une représentation régionale de l’OIF

L’administrateur de l’OIF Geoffroi Montpetit et le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib ont signé hier au palais de Baabda un « accord de siège ».

Ouverture prochaine à Beyrouth d’une représentation régionale de l’OIF

L'administrateur de l'OIF (à gauche) et le ministre des AE signant l'accord sous le regard des présidents de la République et du Conseil des ministres. Photo Dalati et Nohra

L’administrateur de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) Geoffroi Montpetit a signé hier à Baabda, avec le chef de l’État Michel Aoun et le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib, un « accord de siège » en vue de l’installation à Beyrouth d’une représentation régionale de l’OIF. Une représentation avec pour défis d’agir contre le recul de la francophonie au Liban, de contribuer à son rayonnement dans la région et de véhiculer les valeurs du français au Moyen-Orient, démocratie, respect des droits de l’homme, diversité culturelle. L’attribution au pays du Cèdre de cette nouvelle responsabilité couvrant les pays du Moyen-Orient vient d’une proposition du président Aoun, formulée lors du sommet des chefs d’État francophones à Tunis en octobre 2018. En concertation avec la Tunisie, pressentie pour obtenir l’unique représentation du monde arabe, et les autres États membres, le Liban a proposé l’ouverture de deux représentations pour des raisons de spécificité et de complémentarité, l’une à Tunis en 2020, l’autre à Beyrouth en 2021.

Langue, éducation, autonomisation des femmes

C’est aujourd’hui chose faite. Ce n’est que la première phase d’un processus amené à se concrétiser en janvier prochain par l’ouverture du local mis à disposition par la Banque du Liban, rue des Banques. Viendra ensuite la nomination par la secrétaire générale de l’OIF Louise Mushikiwabo d’une ou d’un représentant non libanais chargé d’appliquer le plan d’action de l’accord, signé entre Beyrouth et l’OIF en mars 2021, autour de trois axes prioritaires : la langue et la culture, l’éducation et la formation, et enfin l’autonomisation des femmes et des filles.

Pour l’OIF, « le Liban est important pour la francophonie. C’est un vivier francophone au Moyen-Orient ». Il est donc « naturel », vu son histoire, « sa réalité » et son riche parcours, de lui « accorder une représentation et la mission d’aider l’institution à porter la langue française et ses valeurs », souligne Geoffroi Montpetit à L’Orient-Le Jour, en marge de la signature au palais présidentiel. Il est aussi « approprié pour l’OIF de se trouver sur cette terre de rencontre et d’avoir pignon sur rue à Beyrouth », ajoute-t-il. D’autant que le besoin se fait sentir dans une région arabe où le français s’installe dans des pays majoritairement anglophones.Le numéro deux de la francophonie tient à rappeler l’engagement de Beyrouth en faveur du français. Membre à part entière et depuis 1973 de l’organisation qui compte aujourd’hui 88 États, dont 56 membres de plein droit, « le Liban a accueilli en 2002 le 9e Sommet de la francophonie, et en 2009 la 6e édition des Jeux de la francophonie ». Il compte environ « 2,5 millions de francophones, soit un peu moins de 40 % de sa population », et le « français est ancré dans son système éducatif scolaire et universitaire ». À tel point que certaines de ses formations ont acquis « une renommée internationale, comme son école de traducteurs », célèbre pour ses capacités à former des interprètes trilingues, résume l’administrateur, de nationalité canadienne.

« Faire reculer le recul du français »

Entre le Liban et l’OIF, « le terrain de coopération est fertile », estime le responsable. « Les forces de l’institution se concentrent autour du plaidoyer politique pour la démocratie et le droit de la personne, mais aussi pour l’éducation », explique-t-il. La place du français dans le monde est d’ailleurs l’un des engagements majeurs de la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, qui veut « faire reculer le recul du français ». C’est dans ce sens que l’OIF entend travailler au pays du Cèdre « dans la reconnaissance de la diversité linguistique, car le multilinguisme est une force ». Quant à son engagement pour la démocratie et le développement, il prend la forme « d’un appui à la société civile et aux ONG locales » auprès des femmes en situation de précarité en période de Covid-19, dans des actions de développement durable et enfin pour soutenir les victimes de la double explosion au port de Beyrouth, toujours « dans le cadre des trois axes du plan d’action signé en 2021 ».

« Les défis sont de taille vu la crise économique libanaise qui met en péril la capacité des institutions éducatives d’enseigner en français », reconnaît Geoffroi Montpetit, évoquant le recul de la langue française à l’école. D’où nombre d’initiatives de l’OIF, parmi lesquelles « la formation d’un millier de maîtres » pour les aider à améliorer leurs compétences en français, à l’écrit et l’oral, et acquérir en même temps une expertise professionnelle. C’est là que réside le rôle du Liban qui doit mobiliser toutes ses parties prenantes, gouvernement, universités, fonction publique… pour porter haut la langue française et ses valeurs. « Il sera plus facile de le faire dès que la représentation sera ouverte », promet M. Montpetit, qui voit « d’un bon œil l’avenir d’une francophonie qui fête ses 50 ans ».


L’administrateur de l’OIF Geoffroi Montpetit lors d’une interview à « L’Orient-Le Jour ». Photo Alex Tharreau/OIF

L’aboutissement d’un long processus

L’occasion pour le représentant personnel du chef de l’État au Conseil permanent de la francophonie, le professeur Jarjoura Hardane, de mettre en valeur l’importance d’un tel événement. « La signature de l’accord est l’aboutissement d’un long processus mené à son terme (...) malgré les crises successives qui ont secoué notre pays, dit-il lors de la cérémonie au palais de Baabda. Et ce grâce à l’engagement et l’enthousiasme des responsables du dossier à l’OIF et la participation active de toutes les administrations concernées, la présidence de la République, la présidence du Conseil, le Parlement, le ministère des Affaires étrangères … » Évoquant la double mission de la représentation de Beyrouth, le professeur Hardane précise « la mission nationale locale dans le maintien de l’usage de la langue française et des valeurs véhiculées par elle, respect des droits de l’homme, démocratie et diversité culturelle ». Il en définit aussi l’aspect régional, une « stratégie axée sur le maintien du français dans les pays à tradition francophone et son développement dans les pays qui se tournent vers le français ». Pour Beyrouth, l’événement revêt une double importance, « la reconnaissance renouvelée par l’OIF du rôle historique du Liban dans la francophonie régionale et internationale », et « la reconnaissance renouvelée par le Liban de la langue française comme constituante majeure de son identité culturelle ».

L’administrateur de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) Geoffroi Montpetit a signé hier à Baabda, avec le chef de l’État Michel Aoun et le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib, un « accord de siège » en vue de l’installation à Beyrouth d’une représentation régionale de l’OIF. Une représentation avec pour défis d’agir contre le...

commentaires (1)

Bonne initiative car il ne s’agit pas de recul mais de déclin de la langue française au Liban. Il était grand temps de réagir.

PPZZ58

09 h 22, le 07 décembre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Bonne initiative car il ne s’agit pas de recul mais de déclin de la langue française au Liban. Il était grand temps de réagir.

    PPZZ58

    09 h 22, le 07 décembre 2021

Retour en haut