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Idées - Point de vue

Œuvrer à l’avènement d’une république moderne

Œuvrer à l’avènement d’une république moderne

Photo d’illustration : un citoyen insère son bulletin dans l’urne lors des élections législatives du 6 mai 2018. Joseph Eid/AFP

Le Liban a franchi le Rubicon. Le 17 octobre 2019, c’est un appel à un changement radical qui a été lancé. Kulluna Irada aspire à une transition véritable : du confessionnalisme, de la corruption et du clientélisme à la modernité et la souveraineté. Mais « vouloir » le changement ne signifie pas forcément « pouvoir » l’effectuer. La clé du succès repose avant tout sur la formulation d’un projet politique clair et ambitieux. C’est l’approche de Kulluna Irada à la veille des échéances électorales de 2022.

La stratégie politique de Kulluna Irada repose sur deux convictions fondamentales. D’abord, nous refusons de définir le Liban par la coexistence de communautés constituantes. Si nous reconnaissons que la diversité de la société libanaise, notamment confessionnelle, est l’une de ses richesses, nous avons la ferme conviction qu’il existe une « identité » libanaise transcendant les communautés, dans laquelle se reconnaît l’écrasante majorité des citoyens.

Nous croyons, en second lieu, qu’il n’y a pas de reconstruction possible de la société libanaise sans une république qui reflète et cultive la citoyenneté. Kulluna Irada œuvre pour étayer ce projet républicain sur les plans constitutionnel, économique, social et politique et à définir les piliers du Liban auquel nous aspirons. Il repose sur trois piliers indissociables :

Le premier pilier est celui de la pleine « souveraineté » de l’État. Celle-ci ne peut être partielle et les forces militaires régulières doivent recouvrer le monopole des armes. La vocation du Liban est d’entretenir un réseau international ouvert à tous et d’éviter de prendre parti dans les conflits régionaux dans lesquels ses intérêts ne sont pas en jeu. Les choix nationaux ne sauraient dépendre de diktats étrangers quels qu’ils soient.

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Le deuxième pilier porte sur le caractère civil, décentralisé et moderne de l’État libanais. Cela passe par le rétablissement du lien direct entre le citoyen et l’État et une réforme des institutions afin d’en renforcer l’efficacité et la légitimité démocratique.

Le troisième pilier concerne la nature du modèle économique et social que nous voulons afin d’assurer une croissance durable. Une économie véritablement libérale, dont le secteur privé est le moteur, insérée aux réseaux mondiaux, correspond le mieux aux spécificités du Liban. Mais ce libéralisme doit être encadré par un État régulateur et garant de l’équité et de la cohésion sociales. L’accès à la santé, l’éducation, les systèmes de protection sociale, ainsi que la préservation des ressources nationales et des espaces publics sont des droits.

Construire des ponts

Kulluna Irada n’est pas un parti politique et aucun de ses membres ne se présente aux élections. Notre organisation mobilise et engage un réseau de réformateurs tant au Liban que dans la diaspora, afin de contribuer à la dynamique de changement en cours, tout en transmettant un message factuel à la communauté internationale.

Qui sont nos partenaires ? Certainement pas les forces politiques au pouvoir qui gouvernent le pays alliant clientélisme et incompétence. Elles sont directement responsables de l’effondrement et de la misère dont nous sommes aujourd’hui victimes. Notre projet politique entre en confrontation avec le leur, par des voies démocratiques, notamment les élections, mais pas seulement. Nos partenaires sont les individus, les groupes, les partis, les mouvements qui partagent nos convictions politiques fondamentales (notre triptyque) et s’opposent avec nous aux chefs communautaires et leurs affidés.

L’intégrité est pour nous un principe-clé. Kulluna Irada a élaboré des critères rigoureux applicables à ses membres et ses partenaires politiques qui doivent être irréprochables à tous les niveaux : financier, politique et personnel. Mais cette intégrité ne suffit pas. Nous travaillons également avec des individus et des groupes qui privilégient le travail d’équipe, la prise de décision démocratique et l’intérêt collectif, par opposition à l’égocentrisme qui prévaut souvent au Liban.

Médiation lors des élections

Kulluna Irada considère les élections à venir comme une étape importante sur la voie d’une transformation plus longue et déploie, avec ses partenaires, d’importants efforts pour mener campagne.

Nous agissons à plusieurs niveaux. Jusqu’à récemment, notre priorité était d’augmenter le nombre d’inscrits parmi les membres de la diaspora. À présent, nous mettons au point le soutien logistique et politique que nous allons offrir à la nouvelle génération de leaders et de groupes politiques se revendiquant du soulèvement populaire du 17 octobre. Nous mettrons toute notre énergie à maximiser les chances électorales, en animant un dialogue destiné à former des coalitions solides dans les différentes circonscriptions, tout en respectant une cohérence nationale. Le jour des élections, nous œuvrerons à renforcer la participation, notamment de ceux qui ne se sont pas rendus aux urnes lors des précédentes élections. Ensuite, Kulluna Irada encouragera activement les députés réformateurs à travailler ensemble, au sein d’un groupe parlementaire uni.

Ces derniers mois, le débat a beaucoup porté sur la question de savoir si la meilleure stratégie électorale était de privilégier une coalition la plus large possible, incluant des personnalités politiques « traditionnelles » situées dans l’opposition, ou bien de former des coalitions restreintes mais plus homogènes. Notre rôle principal est, à cet égard, de nous positionner en médiateurs, respectueux des positions des différentes parties. Dans la mesure du possible, nous privilégierons le soutien à une liste d’opposition unifiée (dans chacune des quinze circonscriptions électorales), autour d’un noyau composé d’autant de personnalités nouvelles que possible. Nous estimons que la formule de l’unité s’est avérée historiquement efficace, y compris récemment lors des dernières élections syndicales. Et c’est dans ce sens que avons travaillé de pair avec nos partenaires pour repositionner le débat à deux niveaux : d’abord, en définissant une vision politique qui reflète vraiment l’esprit du 17 octobre ; et deuxièmement, en nous servant de données et d’analyses en vue d’augmenter les chances du succès.

Porter des idées et leaders nouveaux

Kulluna Irada a été créée il y a six ans avec l’objectif de contribuer à l’avènement d’une nouvelle république. Certes, le soulèvement du 17 octobre prouve qu’une écrasante majorité de la population veut le changement. Mais les Libanais doivent encore prouver qu’ils peuvent travailler ensemble pour proposer un projet crédible.

La majorité des membres des conseils d’administration de Kulluna Irada et de Nahwal Watan ont décidé en octobre dernier d’unir leurs efforts afin maximiser notre impact. Les membres de Nahwal Watan siègent désormais au conseil d’administration de Kulluna Irada. Nous constituons une seule équipe qui œuvre pour une vision commune. Grâce à sa force de frappe, l’organisation se positionne désormais comme un véritable moteur pour le changement.

Kulluna Irada est dirigée de façon collégiale et démocratique par ses membres, qui agissent en leur nom et ne représentent en aucun cas des institutions étrangères, des gouvernements ou des partis politiques. Tous s’engagent à ne pas se présenter aux élections.

Kulluna Irada est entièrement financée par les contributions de ses membres, tous libanais. Nous ne recevons aucun financement d’organisations, de fondations ou de pays étrangers. Le budget est alloué aux missions décrites ci-dessus. En prévision des élections, nous avons lancé une campagne de levée de fonds auprès des expatriés libanais, suivant les mêmes critères destinés à garantir notre pleine indépendance. Les fonds seront alloués aux futures listes électorales pour financer les sondages, la création de plateformes et de contenus, ainsi que la publicité. La priorité sera clairement accordée aux groupes et aux candidats les moins bien établis.

Carpe Diem est l’adage adapté à la situation dans laquelle se trouve le Liban. Et nous avons l’intention de saisir la chance que représentent les élections à venir. Il s’agit de porter des idées et des leaders nouveaux. Cependant, le processus de transition et de transformation est une entreprise de longue haleine. Les forces du changement ont entamé un débat sain et riche à propos de la voie à suivre. Bien qu’elles ne soient pas d’accord sur tous les détails, elles ont une volonté commune : celle de se battre pour l’avènement d’une République libanaise moderne. Kulluna Irada est là pour contribuer à unir cette nouvelle génération de dirigeants et l’aider à réaliser le Liban de demain.

Par KULLUNA IRADA

Organisation non gouvernementale fondée et exclusivement financée par des Libanais résidant au pays ou à l’étranger.

Le Liban a franchi le Rubicon. Le 17 octobre 2019, c’est un appel à un changement radical qui a été lancé. Kulluna Irada aspire à une transition véritable : du confessionnalisme, de la corruption et du clientélisme à la modernité et la souveraineté. Mais « vouloir » le changement ne signifie pas forcément « pouvoir » l’effectuer. La clé du succès...

commentaires (6)

Vous croyez qu’on croit encore un seul de ces mouvements qui se déchirent et se dispersent pour le plus grand bonheur des ennemis de la république? Vous vous bercez et bercez le monde de promesses et de solutions et lorsque cela devient possible, vous vous penchez sur votre ego et prétextez des causes qui vous empêchent de vous unir pour ne jamais parvenir à une solution. Ça nous rappelé les pourris au pouvoir alors pas besoin de duplications.

Sissi zayyat

16 h 13, le 12 décembre 2021

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Commentaires (6)

  • Vous croyez qu’on croit encore un seul de ces mouvements qui se déchirent et se dispersent pour le plus grand bonheur des ennemis de la république? Vous vous bercez et bercez le monde de promesses et de solutions et lorsque cela devient possible, vous vous penchez sur votre ego et prétextez des causes qui vous empêchent de vous unir pour ne jamais parvenir à une solution. Ça nous rappelé les pourris au pouvoir alors pas besoin de duplications.

    Sissi zayyat

    16 h 13, le 12 décembre 2021

  • je souhaite que ces 2 groupes reussissent la ou d'autres echouent. Mais Mais, je ne vois rien de nouveau dans leur PLAN , rien qui sorte des sentiers battus par..... des millions de libanais politiquement dilettantes . d;ailleurs ces 2 entites devenues une pechent par une seule et meme lacune: PAR QUEL MOYEN PARVENIR NE SERAIT CE QU'A "" COMMENCER "" LE TRAVAIL GIGANTESQUE REQUIS !

    Gaby SIOUFI

    16 h 21, le 05 décembre 2021

  • C'est certainement une avancée importante pour un pays conglomerat de confessions minoritaires au Moyen Orient qui ont toutes trouvé refuge au Liban dans les pas de l'histoire mais je ne vois nulle part le projet d'etat Laic pour le Liban dans Kulluna Irada . Pourquoi cette omission . Est il possible d'arriver a un etat démocratique, dans un univers confessionnel qui a dérivé vers une forme de Maffia , sans dissoudre une constitution devenue obselète ?

    nabil samir

    11 h 31, le 05 décembre 2021

  • Le Changement est inévitable mais par une Force tranquille et Pacifiste … C est un pays qui doit son existence au 18 confessions du VIVRE ENSEMBLE sinon aucune différence particulière avec les pays de la région qui eux sont à majorité d une seule confession et de régime autoritaire … Faut un commun accord avalisé par toutes les parties en présence, qui imposera et développera un système démocratique dans un Liban Libre , en totale indépendance et par des élections libres pourrait envisager un système de gestion ayant la faculté et l entière liberté de forcer aux réformes adaptant une politique économique , financière , agricole et surtout industrielle commune avec les pays environnants , tendant la main et accepter l aide des libanais d origines établis à l étranger …

    Menassa Antoine

    11 h 28, le 05 décembre 2021

  • POUR UNE REPUBLIQUE MODERNE, DONC CHANGEMENT, FEU LE PATRIARCHE NASRALLAF SFEIR AVAIT LANCE SA FAMEUSE CONDITION : MEN AL NOUFOUS KABLAL NOUSOUS. ET CA DEMANDE UNE EDUCATION DES L,ENFANCE NON SEULEMENT A L,ECOLE MAIS DANS LES MAISONS PAR LES PARENTS DES DIVERSES COMMUNAUTES. OR LES PARENTS ONT DANS LEURS NOUFOUS LE GERME DE LA DIFFERENCE ET DU FANATISME RELIGIEUX. NE FAUT-IL PAS COMMENCER A ENVOYER LES PARENTS ET LES RELIGIEUX A L,ECOLE ? PUIS LES ENFANTS. POUR QUE CA SE DERACINE IL FAUT BIEN DU TEMPS. ENTRETEMPS LE MIEUX QU,ON PUISSE FAIRE C,EST D,EDUQUER LES GRANDS, LES RESPONSABLES NETTOYER LEURS NOUFOUS. ET JE NE PARLE PAS DES CLIQUES MAFIEUSES ACTUELLES QUI ONT DETRUIT LE PAYS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 07, le 05 décembre 2021

  • Le probleme avec n'importe quelle plateforme, kulluna itafa ou autres qui entame sa presentation avec les "droits" du citoyen, c'est que cette plateforme devient automatiquement des populistes socialistes. Le citoyen n'a pas besoin de ses " DROITS". Il a besoin "d'OOPORTUNITÉS". Le gouvernement doit oeuvrer pour soutenir le secteur privé pour faire des OPORTUNITÉS DE TRAVAIL. De faire des INFRASTRUCTURES. Point. Une fois le citoyen a des opportunités de travail dans un pays ou l infrastructure reele et legale sont fonctionelles, il achetera ses propres "droits" sans avoir a elire n importe quel fonctionnaire qui les lui donne.

    Mon compte a ete piraté.

    10 h 36, le 05 décembre 2021

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