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Politique - Crise politique

Aoun hausse la barre : le gouvernement en contrepartie des législatives et... de la présidentielle

Les compteurs semblent remis à zéro après l’échec d’un package-deal reposant sur un troc entre l’affaire Bitar et le recours en invalidation de la loi électorale présenté par les aounistes devant le Conseil constitutionnel.

Aoun hausse la barre : le gouvernement en contrepartie des législatives et... de la présidentielle

Michel Aoun s’entretenant avec Nagib Mikati, le 1er décembre 2021, à Baabda. Photo Dalati et Nohra

Dans le cadre de son forcing pour que le gouvernement, plongé dans un coma forcé depuis près de deux mois, reprenne vie, le président de la République semble être passé à la vitesse supérieure. Car l’enjeu pour Michel Aoun est de taille : il s’agit de sauver les derniers mois de son sexennat du blocage politique, dont l’acteur-clé n’est autre que son allié le Hezbollah, mais surtout d’assurer sa relève au palais de Baabda.

Pour le chef de l’État et son camp, l’équation serait désormais la suivante : la relance du cabinet en contrepartie de la tenue des prochaines législatives. C’est ainsi que plusieurs observateurs interprètent pour L’Orient-Le Jour la position exprimée mercredi dernier par Baabda au sujet du blocage du cabinet, boycotté depuis le 12 octobre par les ministres chiites du tandem Hezbollah-Amal, qui conditionnent leur retour au déboulonnement du juge chargé de l’enquête sur le drame du port, Tarek Bitar.

Selon notre correspondante Hoda Chédid, M. Aoun a fait savoir au Premier ministre, Nagib Mikati, lors de leur réunion mercredi, qu’il n’acceptera plus le système des « approbations exceptionnelles » qui permettent à l’exécutif de prendre des décisions en l’absence d’un gouvernement en titre. « Il s’agit d’une position de principe, le cabinet Mikati n’étant pas chargé d’expédier les affaires courantes, est capable de se réunir », commente un proche du palais de Baabda pour L’OLJ. S’agit-il d’une menace voilée liée aux législatives censées se tenir dans quelques mois ? « Il revient au gouvernement de former la commission de supervision des élections, qui devra contrôler le déroulement du processus électoral et le respect de la loi électorale durant les campagnes », rappelle un analyste contacté par L’OLJ. Mais les sources proches de Baabda assuraient mercredi soir que « rien ne menace les législatives », dans la mesure où la loi électorale stipule (dans l’article 11) que la commission sortante continue d’exercer ses fonctions jusqu’à la formation d’une nouvelle. Par ailleurs, le gouvernement devrait fixer le budget consacré à l’organisation des élections.

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Le refus du chef de l’État de contresigner les approbations exceptionnelles risque donc de repousser le scrutin, si le cabinet ne sort pas bientôt de sa léthargie. Le 19 novembre déjà, le président Aoun avait fait savoir qu’il ne signerait pas un décret de convocation du collège électoral pour un scrutin qui se tiendrait le 27 mars (la date adoptée par le Parlement et qui fait l’objet, avec la question du vote des expatriés, d’un recours déposé par le Courant patriotique libre devant le Conseil constitutionnel) et n’acceptera que les dates du 8 ou du 15 mai 2022.

Michel Aoun serait-il plongé dans des calculs présidentiels à quelques mois de la fin de son mandat ? Si la question se pose, c’est parce que l’intéressé a multiplié ces derniers jours les signes interprétés comme traduisant une volonté de rester à Baabda au-delà du 31 octobre 2022. Après son fameux « Je ne remettrai pas le pouvoir au vide », il a souligné, lors d’une interview lundi dernier depuis Doha, qu’il reviendrait au Parlement de décider s’il devrait rester au Palais ou pas.

« Calculs présidentiels »
« Le chef de l’État serait à la recherche d’un package-deal qui porterait sur la relance du cabinet, mais aussi et surtout sur sa succession à Baabda, dont va dépendre l’organisation du scrutin législatif », explique l’analyste cité plus haut. Il est rejoint sur ce point par un proche du président de la Chambre. « Certains mettent en échec toutes les ententes en les liant à des calculs présidentiels », dit ce dernier, dans une pique à M. Aoun. Il explique ainsi l’échec de l’accord que les trois pôles du pouvoir avaient conclu lors de leur réunion à l’occasion de la fête de l’Indépendance. Cet accord stipulait que le volet politique de l’enquête du port soit confié à la Haute Cour chargée de juger les présidents et les ministres et non plus à Tarek Bitar. « Nous ne voulons que l’application de la Constitution sur ce plan », affirme le proche de M. Berry, reconnaissant que ce dernier diverge avec le Hezbollah sur ce point, le parti chiite voulant carrément déboulonner le juge.

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Un autre compromis semble être tombé à l’eau, du fait aussi des « calculs présidentiels », accuse le proche de Nabih Berry. Une allusion à l’entente autour d’un package-deal prévoyant la tenue d’une séance parlementaire pour discuter de l’éventualité de déférer les personnalités politiques poursuivies devant la Haute Cour en contrepartie de l’acceptation du recours en invalidation des amendements de la loi électorale présenté par le CPL devant le CC. Des informations de presse indiquaient récemment que les aounistes seraient prêts à assurer le quorum requis pour la tenue d’une telle séance, sans pour autant voter en faveur du recours à la Haute Cour.

Nabih Berry a refusé cette proposition et a refusé aussi une autre idée selon laquelle seuls quelques parlementaires aounistes voteraient pour une telle démarche, rapporte notre chroniqueur politique Mounir Rabih. Résultat : « Le gouvernement est là, mais le Conseil des ministres ne se réunit pas », comme l’a dit M. Mikati à sa sortie de Baabda mercredi. D’autant que le CPL semble « déterminé à voter comme bon lui semble », pour reprendre les termes d’un parlementaire aouniste.

Dans le cadre de son forcing pour que le gouvernement, plongé dans un coma forcé depuis près de deux mois, reprenne vie, le président de la République semble être passé à la vitesse supérieure. Car l’enjeu pour Michel Aoun est de taille : il s’agit de sauver les derniers mois de son sexennat du blocage politique, dont l’acteur-clé n’est autre que son allié le Hezbollah,...

commentaires (13)

On dirait que le peuple ne veut plus entendre ces malversations et qu’il est anesthésié .? Reveillez vous et courage pour redescendre dans la rue J'espère qu’après Les fêtes on remettra de l'ordre dans tout ce bordel

ALOMA MASSOUD

17 h 39, le 04 décembre 2021

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Commentaires (13)

  • On dirait que le peuple ne veut plus entendre ces malversations et qu’il est anesthésié .? Reveillez vous et courage pour redescendre dans la rue J'espère qu’après Les fêtes on remettra de l'ordre dans tout ce bordel

    ALOMA MASSOUD

    17 h 39, le 04 décembre 2021

  • On dirait des dirigeants de mafia qui se rendent les coups. On est loin d'une structure étatique.

    Esber

    20 h 34, le 03 décembre 2021

  • Qu'ils aillent tous brûler en enfer...Et même là bas ils seraient capables de leur pourrir la vie!

    Sfeir walid

    19 h 18, le 03 décembre 2021

  • LE JEU DE BOYCOTTAGE SE FAIT ENTRE LES MERCENAIRES ET LEURS ALLIES AOUN ET SON GENDRE EN JOUANT DEUX ROLES OPPOSES AU MEME RESULTAT. PAS DE LEGISLATIVES, NOMINATION D,UN PRESIDENT OU EXTENSION DU PRESENT PAR L,ACTUELLE CHAMBRE. IL EST D,UNE BASSESSE LEGENDAIRE QU,UN PRESIDENT S,ADONNE A CE JEU AVEC DES MERCENAIRES DANS UN PAYS EN FAILLITE TOTALE ET CONTRE L,INTERET DES CITOYENS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 22, le 03 décembre 2021

  • Je constate d'après les informations de Madame Abi-Akl, qu'on a des responsables du pouvoir exécutif et législatif à mentalité et pratiques d'épiciers (je n'ai rien contre les épiciers dans leur boutique, bien au contraire).

    DJACK

    11 h 37, le 03 décembre 2021

  • Le monsieur qui est assis sur le fauteuil de Baabda...depuis le 31.10.2016, tout en se faisant appeler "général", lui avait-on expliqué ce jour-là...qu'il serait responsable de tout un pays nommé LIBAN et de son peuple ? Et non pas seulement de son avenir personnel ainsi que de sa famille par alliance ? Quel mandat présidentiel depuis l'indépendance peut-il se vanter d'avoir plongé le pays et son peuple dans la misère, la faim et la mort...et la honte devant le monde entier ? Non pas les USA, l'Europe, nos chers voisins du Sud, ou autres épouvantails brandis par nos responsables...mais nos propres dirigeants...libanais !!!- Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 30, le 03 décembre 2021

  • Il semble qu' on ait atteint un stade, ou les insultes, les scandales , les recours en justice, les sanctions internationales, rien n' a d' effet sur les dirigeants du pays, tant ils sont confortes dans leur position par une main milicienne, qui laisse s' evaporer toutes les pressions, tant que son emprise sur les rouages de l' Etat n' est pas menacee, les dossiers de crime organises la concernant n' ont aucun effet concret. Un pays dans lequel tous les rouages de l' Etat sont grippes, la justice , l' economie, la securite, s' appelle au mieux republique banaiere, au pire , repaire de brigands, et Etat-voyou, defaillant !

    LeRougeEtLeNoir

    10 h 27, le 03 décembre 2021

  • Kellon barra ! Pas de package deal qui tienne..! Le locataire de Baabda en premier..

    LeRougeEtLeNoir

    10 h 02, le 03 décembre 2021

  • Il serait temps d’inoculer l’anti dote de ce coma artificiel dans lequel on a plongé le peuple libanais pour le réveiller afin de destituer le parlement, le président et le gouvernement et les remplacer par des personnes patriotes et compétentes pour sortir le pays de ce marasme. Il était plus qu’évident qu’à chaque fois qu’on trouve une solution au blocage du pays un autre problème et non des moindres surgisse pour le paralyser à nouveau. Ils y arrivent à chaque tentative et le peuple continue d’espérer un miracle. Il faut utiliser les grands moyens pour nous débarrasser de ces vermines qui minent le pays sans être inquiétés. Ils sont forts de notre faiblesse et ne reculent devant rien tant que le peuple ne réagit pas et de la façon qui s’impose pour leur arracher le pouvoir et enfin reprendre leur destin en main. L’armée a un grand rôle à jouer actuellement puisqu’elle a le vent en poupe, et avec l’appui du peuple elle est invitée à faire le grand ménage pour faire place à des responsables politiques au sang neuf pour nous protéger des projets mortifères de cette mafia qui met tout son poids pour nous exterminer dans le seul but de garder le pouvoir et d’échapper à leur jugement pour les actes criminels qu’ils ont, et continuent de commettre cachés derrière leur immunité.

    Sissi zayyat

    09 h 54, le 03 décembre 2021

  • nasroullah a bien raison d'esperer( honni qui pense qu'il exigerait un beau jour ) un nouveau systeme politique ! par ex, allonger un mandat presidentiel 6 annees supplementaires sujettes a l'acceptation du concerne -non plus au parlement- ET, ET SURTOUT, donner au president bien cale sur son tabouret de baabda toute latitude de lui choisir parmi les siens propres son successeur MAIS SEULEMENT PARMI SA FAMILLE- MEME S'IL DEVAIT CHOISIR UNE CANDIDATE DU GENRE FEMININ ! ainsi nous aurions evite beaucoup de casse tete -surtout au concerne lui-meme, et a ses conseillers comme aux autres kellon nous aurions donne 6 annees additionnelles de paix absolue.

    Gaby SIOUFI

    09 h 32, le 03 décembre 2021

  • Pays de de responsables ploucs et incompétents. Ils ne savent que bloquer et menacer. Pire… marchander des lois et des décisions alors que le libanais est aux abois et le pays isolé et non respecté et à raison… Les responsables eux-mêmes sont non respectables et ne respectent personne hormis leurs propres intérêts. TFEH…

    LE FRANCOPHONE

    08 h 40, le 03 décembre 2021

  • 240.000 Libanais expatriés inscrits sur les listes électorales sur près de 20 millions. Combien de ces 20 millions sont enregistrés dans une ambassade ou consulat, combien d'entre eux se sont rendus de veiller à disposer d'un passeport pour voter, à défaut de carte d'identité ? Enfin combien de entre eux se sont enregistrés sur internet pour voter ? 1 % ?

    Nicolas ZAHAR

    08 h 34, le 03 décembre 2021

  • Avec aoun toutes les situations catastrophiques doivent etre envisagees. Son parcours politique le prouve, tout ce qui l’interesse c’est le pouvoir, quitte a detruire le pays et a retourner sa veste a chaque occasion. Entoure’ de sa famille et de courtisans serviles, il vit cloitre’ au palais de baabda et est coupe’ tant de la malheureuse population que du reste du monde. Il reste que ni lui ni son commissionnaire le hezbollah, ne veulent d’elections legislatives ou presidentielles. La serie noire continue et l’enfer promis n’a pas encore été atteint.

    Goraieb Nada

    07 h 00, le 03 décembre 2021

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