Dans le cadre de son forcing pour que le gouvernement, plongé dans un coma forcé depuis près de deux mois, reprenne vie, le président de la République semble être passé à la vitesse supérieure. Car l’enjeu pour Michel Aoun est de taille : il s’agit de sauver les derniers mois de son sexennat du blocage politique, dont l’acteur-clé n’est autre que son allié le Hezbollah, mais surtout d’assurer sa relève au palais de Baabda.
Pour le chef de l’État et son camp, l’équation serait désormais la suivante : la relance du cabinet en contrepartie de la tenue des prochaines législatives. C’est ainsi que plusieurs observateurs interprètent pour L’Orient-Le Jour la position exprimée mercredi dernier par Baabda au sujet du blocage du cabinet, boycotté depuis le 12 octobre par les ministres chiites du tandem Hezbollah-Amal, qui conditionnent leur retour au déboulonnement du juge chargé de l’enquête sur le drame du port, Tarek Bitar.
Selon notre correspondante Hoda Chédid, M. Aoun a fait savoir au Premier ministre, Nagib Mikati, lors de leur réunion mercredi, qu’il n’acceptera plus le système des « approbations exceptionnelles » qui permettent à l’exécutif de prendre des décisions en l’absence d’un gouvernement en titre. « Il s’agit d’une position de principe, le cabinet Mikati n’étant pas chargé d’expédier les affaires courantes, est capable de se réunir », commente un proche du palais de Baabda pour L’OLJ. S’agit-il d’une menace voilée liée aux législatives censées se tenir dans quelques mois ? « Il revient au gouvernement de former la commission de supervision des élections, qui devra contrôler le déroulement du processus électoral et le respect de la loi électorale durant les campagnes », rappelle un analyste contacté par L’OLJ. Mais les sources proches de Baabda assuraient mercredi soir que « rien ne menace les législatives », dans la mesure où la loi électorale stipule (dans l’article 11) que la commission sortante continue d’exercer ses fonctions jusqu’à la formation d’une nouvelle. Par ailleurs, le gouvernement devrait fixer le budget consacré à l’organisation des élections.
Le refus du chef de l’État de contresigner les approbations exceptionnelles risque donc de repousser le scrutin, si le cabinet ne sort pas bientôt de sa léthargie. Le 19 novembre déjà, le président Aoun avait fait savoir qu’il ne signerait pas un décret de convocation du collège électoral pour un scrutin qui se tiendrait le 27 mars (la date adoptée par le Parlement et qui fait l’objet, avec la question du vote des expatriés, d’un recours déposé par le Courant patriotique libre devant le Conseil constitutionnel) et n’acceptera que les dates du 8 ou du 15 mai 2022.
Michel Aoun serait-il plongé dans des calculs présidentiels à quelques mois de la fin de son mandat ? Si la question se pose, c’est parce que l’intéressé a multiplié ces derniers jours les signes interprétés comme traduisant une volonté de rester à Baabda au-delà du 31 octobre 2022. Après son fameux « Je ne remettrai pas le pouvoir au vide », il a souligné, lors d’une interview lundi dernier depuis Doha, qu’il reviendrait au Parlement de décider s’il devrait rester au Palais ou pas.
« Calculs présidentiels »
« Le chef de l’État serait à la recherche d’un package-deal qui porterait sur la relance du cabinet, mais aussi et surtout sur sa succession à Baabda, dont va dépendre l’organisation du scrutin législatif », explique l’analyste cité plus haut. Il est rejoint sur ce point par un proche du président de la Chambre. « Certains mettent en échec toutes les ententes en les liant à des calculs présidentiels », dit ce dernier, dans une pique à M. Aoun. Il explique ainsi l’échec de l’accord que les trois pôles du pouvoir avaient conclu lors de leur réunion à l’occasion de la fête de l’Indépendance. Cet accord stipulait que le volet politique de l’enquête du port soit confié à la Haute Cour chargée de juger les présidents et les ministres et non plus à Tarek Bitar. « Nous ne voulons que l’application de la Constitution sur ce plan », affirme le proche de M. Berry, reconnaissant que ce dernier diverge avec le Hezbollah sur ce point, le parti chiite voulant carrément déboulonner le juge.
Un autre compromis semble être tombé à l’eau, du fait aussi des « calculs présidentiels », accuse le proche de Nabih Berry. Une allusion à l’entente autour d’un package-deal prévoyant la tenue d’une séance parlementaire pour discuter de l’éventualité de déférer les personnalités politiques poursuivies devant la Haute Cour en contrepartie de l’acceptation du recours en invalidation des amendements de la loi électorale présenté par le CPL devant le CC. Des informations de presse indiquaient récemment que les aounistes seraient prêts à assurer le quorum requis pour la tenue d’une telle séance, sans pour autant voter en faveur du recours à la Haute Cour.
Nabih Berry a refusé cette proposition et a refusé aussi une autre idée selon laquelle seuls quelques parlementaires aounistes voteraient pour une telle démarche, rapporte notre chroniqueur politique Mounir Rabih. Résultat : « Le gouvernement est là, mais le Conseil des ministres ne se réunit pas », comme l’a dit M. Mikati à sa sortie de Baabda mercredi. D’autant que le CPL semble « déterminé à voter comme bon lui semble », pour reprendre les termes d’un parlementaire aouniste.
On dirait que le peuple ne veut plus entendre ces malversations et qu’il est anesthésié .? Reveillez vous et courage pour redescendre dans la rue J'espère qu’après Les fêtes on remettra de l'ordre dans tout ce bordel
17 h 39, le 04 décembre 2021