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Culture - Festival en ligne

Pour illuminer un peu les fêtes, quatre concerts des « Musicales de Baabdath »...

Malgré les confinements successifs, l’état morose, effondré et chaotique du pays du Cèdre, les « Musicales de Baabdath » ne baissent pas les bras. En ce mois de décembre qui achève une « annus horribilis » tout en célébrant, malgré tout, la Nativité, la musique garde son rôle et sa mission de consolatrice et de rassembleuse. Aperçu sur les activités attendues comme des signes de réconfort, de solidarité, d’apaisement et d’évasion dont les Libanais ont désespérément besoin.

Pour illuminer un peu les fêtes, quatre concerts des « Musicales de Baabdath »...

Le trompettiste Romain Leleu. Photo DR

Après des récitals en ligne organisés en tandem avec les villes de Pilsen en République tchèque et Vienne en Autriche, la série de concerts parrainés par les « Musicales de Baabdath », en « joint-venture » avec d’autres institutions culturelles, prend son envol. Le festival annonce ainsi une série d’évènements dans le sillage de la thématique « Les cordes de l’espoir ». Les Musicales affirment, par le même biais, leur entraide et leur support au Conservatoire national de musique dont le directeur Bassam Saba vient d’être emporté par le coronavirus. Les trois premiers concerts seront d’ailleurs dédiés à la mémoire de ce musicien disparu bien trop tôt. Les premières notes des Musicales seront égrenées ce samedi 12 décembre. Avec, comme tête d’affiche, le trompettiste Romain Leleu qui se produira sur scène aux côtés du pianiste Julien Gernay. Le concert sera diffusé en live streaming depuis l’auditorium de la Cité de la musique et de la danse de Soissons (nord de Paris), également partenaire de l’événement avec un programme panaché, aux éclats à la fois classique et moderne. Et où les sons cuivrés et chauds d’une trompette virtuose fendant l’air et les espaces ont le vent en poupe… Un concert sponsorisé par la Banque BEMO et l’Institut culturel français du Liban, le mot d’introduction étant donné par Marie Buscai, sa directrice.


Le pianiste Julien Gernay à l’affiche du concert du 12 décembre. Photo DR


Entre intermittences du cœur, rêveries, chant des fleurs, foisonnement des villes pressées de vivre, tristesse au bord des plages, ce programme aux sonorités originales et envoûtantes inclura des pages de Puccini (Storiella d’amore), Gabriel Fauré (Automne, barcarolle pour piano n° 1, op 26), Thero Charlier (Solo de concours) Claude Debussy (Prélude pour piano, livre II Bruyères ), Georges Gershwin (3 préludes pour trompette et piano), Astor Piazzolla (Milonga sin palabras), Serguei Rachmaninoff (Prélude pour piano n° 5, op 23- alla marcia) avec, pour finir, Jean-Baptiste Arban et la Fantaisie sur Norma de Bellini.


Joe Daou, chef de l’ensemble Les Cordes résonnantes. Photo DR


Du cœur de Berlin

Rendez-vous sera pris ensuite le mardi 15 décembre depuis le studio Emil Berlin, le cœur battant de Berlin. Sous les feux de la rampe, un trio allemand avec Holger Groschopp au clavier (une des figures de proue de la scène musicale allemande), Clemens Linder au violon et Adèle Bitter au violoncelle. Les trois musiciens sont membres de la Deutsche Symphony Orchestra (Berlin). Ce concert est sponsorisé par le Goethe-Institut Liban et sera présenté par son directeur, Konrad Siller.

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Au programme, un fastueux hommage à Beethoven. Les mélomanes pourront écouter des partitions de Joseph Haydn, professeur du génie de Bonn (on écoute pour l’occasion le Trio en si bémol majeur), et de Ferdinand Ries, qui fut élève du compositeur de la célèbre sonate Clair de Lune, et applaudir le Trio en do mineur op 143. Pour conclure cette soirée, le trio interprétera une œuvre du grand maître qui a marqué de son sceau le début de la musique romantique et qui fut l’un des plus fervents adeptes de la Révolution française. L’occasion de savourer, pour un subtil et ardent retour des « esprits », le Trio en ré majeur op 70 n° 1.


L’ensemble libanais Les Cordes résonnantes en concert le 29 décembre. Photo DR


Comme une pluie battante, dans l’intervalle de deux jours, la musique déverse ses mélodies en traits serrés. Le jeudi 17 décembre, le quatuor à cordes suédois Stenhammar (récemment récompensé de plusieurs prix) séduira l’auditoire libanais et international par écran interposé. Avec, côté instrumentistes, Per Oman et Peter Olofsson au violon, Mats Olofsson au violoncelle, Tony Bauer à l’alto. Côté menu, ils proposeront des partitions brillantes avec une première mondiale d’une œuvre de Houtaf Khoury.

Ils interpréteront en ouverture le Quatuor à cordes en fa majeur de Maurice Ravel, suivi de Heiliger Dankgesang (3e mouvement du quatuor à cordes n° 15 en la mineur op 132) de Beethoven. Du compositeur libanais, on écoutera, en primeur, le Quatuor à cordes n° 3.


Le trio allemand comprenant Holger Groschopp au clavier, Adèle Bitter au violoncelle et Clemens Linder au violon, en concert virtuel le 15 décembre. Photo DR


Khoury, installé à Tripoli, confie à propos de cette œuvre parachutée aux confins des forêts boréales et des montagnes glaciaires : « La première mondiale de mon troisième quatuor à cordes Douleur de l’instant , donnée sous les auspices de l’ensemble de l’éminent compositeur suédois Wilhelm Stenhammar, est un grand moment. Cette œuvre, empreinte d’une réflexion personnelle sur le temps passé, jette la lumière sur la tourmente du vécu actuel et les grandes déceptions accumulées sur cette terre de violence et d’anarchie au pays du Cèdre et dans la région de l’Orient… » Et l’artiste de poursuivre : « Mes plus belles années m’ont échappé depuis que je suis rentré au Liban. Un temps vide où aucun espoir ne luit. Il est permis de dire, vu ce qui arrive, que le pays du Cèdre n’est plus ce qu’il était et surtout pas celui dont on rêvait… Même si les meilleures conditions de restructuration et de résurrection existent. Mais ne se réalisent pas ! Cet opus est parfaitement dans ce que j’ai toujours écrit : un seul mouvement qui assume toute la rigueur classique dans le traditionnel trois mouvements. Dans cette partition condensée, chaque ligne a une voix mélodique… »

Cette soirée s’achèvera en finale, avec un opus de Wilhelm Stenhammar, un allegro molto du dernier mouvement du Quatuor à cordes n° 5 op 29 sérénade. L’éclatement de ce feu d’artifice, mariant froid et chaleur, aux notes vives et sémillantes, agrémentées de douceur contemplative et d’une certaine tristesse, surgira de Stockholm, du cœur de KHT Institut royal de technologie. Ce concert est sponsorisé par l’ambassade de Suède au Liban, et la présentation de la soirée sera laissée aux bons soins de l’ambassadrice Ann Dismorr.


Le quatuor à cordes suédois Stenhammar prévu le 17 décembre. Photo DR


Retour au bercail

Last but not least, juste deux nuits avant le réveillon de la Saint-Sylvestre et le plaisir d’enterrer enfin cette année 2020, c’est-à-dire le 29 décembre, retour au bercail avec Les Cordes résonnantes. Un ensemble de musique de chambre libanais formé de 15 musiciens, fondé en 2018 grâce au soutien du Centre culturel de Ajaltoun.

Un ensemble placé sous la houlette de Joe Daou, épris des sonorités de l’orgue dont il tire des accents majestueux et émouvants. Le musicien et organiste, jeune trentenaire, explique ainsi sa passion pour l’orgue et le choix de la musique pour cette soirée : « L’orgue n’avait pas une place prépondérante dans le paysage musical libanais. L’image est restaurée avec le Festival de la semaine de l’orgue dont le public ne fait qu’augmenter et encourage ses activités. De par ma formation d’ingénieur électrique, j’ai contribué avec le père Khalil Rahmé à cette ouverture d’écoute pour un monde sonore à (re)découvrir. Et pour ce roi des instruments, avec l’orgue positif, autrement dit électrique, c’est un atout pour l’ensemble musical que nous avons fondé. » Daou poursuit : « Dans cet état de crise et de dégradation, la résilience culturelle est péremptoire. La musique, langage universel, est un apport précieux et non négligeable : c’est une parole de paix face à la violence et la haine. On nous réduit au minimum de l’essentiel végétatif quand il s’agit plutôt de préserver l’essentiel de l’’esprit pour rester en vie ! » Quant au message au menu de cette soirée musicale : « Avec la musique baroque et les pièces sélectionnées, le message est clair : donner et partager la joie ! » répond Joe Daou.

Pour ce concert sans public, sponsorisé par la municipalité de Baabdate – qui est aussi le partenaire principal des Musicales de Baabdath – mais retransmis en ligne en direct de l’église Saint-Antoine-de-Padoue, un bouquet de partitions à fragrance de musique baroque attend les mélomanes. Au menu, des pages de Charpentier (prélude du Te Deum ), Corette (Symphonie de Noël n° 1), Vivaldi ( Concerto RV 157 A et Sonate en trio en ré mineur, la follia, RV63), Bach (Sinfonia de la cantate BWV 156), GF Handel (Concerto pour orgue op 7 n°5) et tous clairons dehors, comme un rire perlé, les dernières notes, alertes et scandées, sont à Musette et tambourin de Rameau.

*Tous les concerts sont retransmis en direct et en ligne sur la page Facebook des « Musicales de Baabdath » à 21 heures, heure de Beyrouth. Pour les donations en ligne (toutes devises) en soutien au Conservatoire national supérieur de musique (CNSM) : www.les musicales.org/donations. À noter aussi que les donations n’iront pas seulement au CNSM, mais serviront aussi à l’achat des jeux de cordes, d’équipements, d’accessoires et d’instruments de musique pour les orchestres d’étudiants du conservatoire et le département de musique de chambre.

Après des récitals en ligne organisés en tandem avec les villes de Pilsen en République tchèque et Vienne en Autriche, la série de concerts parrainés par les « Musicales de Baabdath », en « joint-venture » avec d’autres institutions culturelles, prend son envol. Le festival annonce ainsi une série d’évènements dans le sillage de la thématique « Les...

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