Londres appelle Poutine à intervenir

La ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss a exhorté dimanche le président russe Vladimir Poutine à intervenir dans la "crise honteuse et fabriquée des migrants" en cours à la frontière entre le Bélarus et la Pologne, où le Royaume-Uni a envoyé une poignée de militaires. 
Les déclarations de la cheffe de la diplomatie interviennent après qu'une "petite équipe" de membres des forces armées britanniques a été déployée en Pologne pour fournir "un soutien technique", selon le ministère de la Défense.
Selon des médias britanniques, il s'agirait d'une dizaine de militaires qui évaluent s'ils peuvent réparer ou consolider les clôtures aux frontières.

Dans un article pour The Sunday Telegraph, Liz Truss estime que que la Russie a "une responsabilité claire" dans cette crise, faisant écho à d'autres voix occidentales qui affirment que Moscou a orchestré avec Minsk l'envoi de migrants à la frontière orientale de l'Union européenne.
Les migrants, majoritairement des Kurdes irakiens, sont coincés depuis des jours à cette frontière, dans le froid avec des campements de fortune.
Selon le Bélarus, quelque 2.000 personnes sont sur place dont des femmes enceintes et des enfants. Varsovie affirme pour sa part qu'il y a entre 3.000 et 4.000 migrants à la frontière et que de nouvelles personnes arrivent quotidiennement.

"La Russie a ici une responsabilité claire. Elle doit faire pression sur les autorités bélarusses pour qu'elles mettent fin à la crise et engagent le dialogue", plaide Liz Truss.
Le chef sortant des forces armées britanniques, Nick Carter, a déclaré dimanche sur SkyNews que "la Russie considère probablement le contexte stratégique comme une lutte continue dans laquelle, je pense, elle appliquerait tous les instruments du pouvoir national pour faire aboutir ses objections". "Mais en faisant ça (la Russie) ne veut pas déclencher une +guerre chaude+", a-t-il estimé.

Dans son article, Liz Truss accuse le président bélarusse Alexandre Loukachenko d'"utiliser des migrants désespérés comme des pions dans une tentative de créer de l'instabilité et de s'accrocher au pouvoir, quel que soit le coût humain". "Le Royaume-Uni ne détournera pas le regard. Nous serons aux côtés de nos alliés de la région", ajoute la ministre.

Le Royaume-Uni, qui n'a pas reconnu la réélection d'Alexandre Loukachenko en 2020 et l'a sanctionné personnellement, a pris depuis ce vote plusieurs séries de sanctions visant des responsables du régime et des industries clés.