Pour la deuxième fois en 48 heures, les prix des carburants ont augmenté au Liban, dans un pays plongé dans une grave crise économique assortie d'une hyperinflation qui a poussé près de 80% de la population sous le seuil de pauvreté.
Selon les nouveaux tarifs publiés dans la matinée par le ministère de l’Énergie, le prix des 20 litres d'essence à 95 octane a augmenté de 2.300 livres libanaises et passe de 308.500 LL à 310.800 LL. Les 20 litres d’essence à 98 octane, produit quasiment introuvable sur le marché libanais, sont fixés à 319.600 LL, contre 317.600 LL, soit une hausse de 2.000 LL. Le prix du diesel, réservé aux véhicules qui en consomment, a lui augmenté de 18.400 livres et il est désormais fixé à 311.000 LL, contre 292.600 LL jusqu'à présent. La bonbonne de gaz domestique se vend quant à elle à 266.000 LL, après une hausse de 14.900 LL.
Dans ce contexte, le porte-parole des propriétaires de stations-service au Liban, Georges Brax, a affirmé qu'un accord a été obtenu avec le ministre de l'Energie, Walid Fayad, afin que les tarifs des carburants soient publiés deux fois par semaine, voire tous les jours, afin "de suivre les fluctuations du taux de change" sur le marché parallèle.
Il y a trois semaines, le ministère de l’Énergie avait supprimé sans l’annoncer les subventions sur les importations de carburants, deux ans après leur mise en place en octobre 2019, dans le sillage du début de la crise économique.
Jeudi, le ministre libanais de l'Energie Walid Fayad a tenté de rassurer les Libanais affirmant qu'il n'y avait "pas de pénurie d'essence" dans le pays, après des craintes d'un retour aux scènes de ruée vers les stations-service vécues ces derniers mois. Cette nervosité, qui a provoqué une certaine congestion devant les pompes à essence du pays, fait suite à une décision de la Banque du Liban (BDL) qui a demandé aux propriétaires de stations de fournir eux-mêmes 10% de la facture d’essence en dollars, en les achetant sur le marché parallèle au taux en vigueur, alors que la banque centrale sera chargée d’assurer les 90% restants, à un taux dollar/livre fixé à 19 000.
Nouvelle forte dépréciation de la livre
Ce changement de mécanisme intervient quelques semaines après que la BDL a totalement supprimé, sans l’annoncer clairement, les subventions sur les importations de carburants, mises en place en octobre 2019 à l’entame de la crise économique et financière que traverse le pays. Depuis, si la BDL fournissait jusqu’à mardi toujours 100% des devises aux importateurs d’essence, les importateurs de gaz et de mazout doivent eux se tourner vers le marché parallèle en raison de la baisse des réserves de la banque centrale.
Pour ne rien arranger, la valeur de la livre libanaise sur le marché parallèle a enregistré vendredi matin une nouvelle forte dépréciation, la monnaie nationale s'échangeant à environ 23.000 LL contre le dollar, selon la plateforme électronique lirarate.org, alors que le taux officiel reste fixé à 1.507,5 LL.
LES ESTOMACS SONT VIDES. LES DEPOTS SONT VIDES. L,EXPLOSION S,APPROCHE A PAS DE GEANT.
15 h 42, le 12 novembre 2021