Cérémonie des prix FTA à Doha : pas de gagnants libanais pour 2021

La cérémonie de la troisième édition du concours Fashion Trust Arabia adressé aux jeunes créateurs de mode arabes a eu lieu le 3 novembre à Doha, au musée national du Qatar, magnifique architecture de Jean Nouvel en forme de rose des sables. Après une première édition en 2019 qui inaugurait en même temps le musée et une deuxième en mode virtuel en raison de la pandémie, cette troisième cérémonie s’est tenue en présence de près de 600 invités accueillis au musée national du Qatar par cheikha Moza bint Nasser al-Missned, présidente d’honneur de FTA, et cheikha al-Mayassa bint Hamad bin Khalifa al-Thani, coprésidente, ainsi que Tania Farès, coprésidente et cofondatrice de cette initiative, qui, au vu du nombre croissant de candidatures (700 en 2021 contre 200 en 2019), prouve qu’elle apporte une réponse indispensable dans une région où aucune structure de financement et de mentorat n’existe pour aider les jeunes talents de la mode à lancer leurs marques et se faire connaître dans cette industrie.

Prestigieux comme chaque année, le jury était composé d’Alex Israël (artiste) ; Alexa Chung (créatrice de mode) ; Azza Fahmy (créatrice de bijoux) ; Carine Roitfeld (rédactrice en chef, mannequin et directrice de création de CR Fashion Book) ; Casey Cadwallader (directeur artistique de Mugler) ; Élie Saab (créateur de mode) ; Francesca Amfitheatrof (directrice artistique Montres & Joaillerie de Louis Vuitton) ; Gherardo Felloni (directeur de création de Roger Vivier) ; Haider Ackermann (créateur de mode) ; Juergen Teller (photographe) ; Laura Brown (rédactrice en chef d’InStyle USA) ; Lorraine Schwartz (créatrice de bijoux) ; Natalia Vodianova (ancienne mannequin et philanthrope) ; Pierpaolo Piccioli (directeur créatif de Valentino) ; Remo Ruffini (PDG de Moncler) ; Sandra Choi (directrice de la création de Jimmy Choo) ;

Virgil Abloh (directeur créatif de Louis Vuitton et Off-White) ; Zerina Akers (costumière et styliste) ; et Zuhair Murad (créateur de mode).

Le lauréat du prix jeune talent Franca Sozzani, le Franco-Soudanais Abdelgader el-Tayeb (el-Tayeb Nation) remercie le jury sous le regard attendri de Naomi Campbell. Photo DR

Quelque chose d’une cérémonie des Oscars

À l’entrée du somptueux musée national du Qatar, l’émotion était palpable. Pour en prendre la mesure, il suffisait de réaliser que ce sont six jeunes talents encore inconnus la veille, qui drainent tout ce que la planète mode compte de célébrités et de piliers historiques. On ne pourrait imaginer plus belles fées autour de ce berceau des jeunes créateurs de mode arabe qu’est officiellement devenue Doha grâce à l’initiative Fashion Trust Arabia. Sur le tapis rouge et sous le crépitement des flashes, une ambiance à la croisée des fashion weeks et des grands festivals de cinéma. Et de fait, il y avait dans cette cérémonie de remise des prix FTA quelque chose d’une cérémonie des Oscars. Un sentiment confirmé tout au long de la soirée par la générosité et la qualité des interventions et des discours. Parlant de générosité, l’orchestre qui anime la soirée n’est autre que celui de l’Afghanistan National Institute of Music qui accueille des talents exceptionnels et des enfants défavorisés.

Prononçant le discours d’accueil, Tania Farès, coprésidente de FTA, portait une somptueuse robe ballon blanche en scuba et un gilet de style ottoman en cristaux de plusieurs nuances de rouge et des accessoires assortis créés par Krikor Jabotian, lauréat de la première édition. Remerciant la présidente d’honneur de FTA, cheikha Moza bint Nasser al-Missned et la coprésidente cheikha al-Mayassa bint Hamad bin Khalifa al-Thani dont l’engagement sans faille a permis à ce projet d’aller au-delà de ses ambitions, Tania Farès a également salué les partenaires MatchesFashion, Maison Pyramide et Harrod’s Maison de mode et leur rôle, notamment en termes de mentorat et de commercialisation. Elle a conclu son intervention en déclarant avec émotion : « Je suis fière d’être une femme arabe », soulevant un tonnerre d’applaudissements.

La créatrice de souliers Andrea Wazen, lauréate du prix Accessoires en 2020, s’adressant au public lors de la cérémonie des prix FTA. Photo DR

Témoignages des « anciens », accueil des nouveaux

Se sont ensuite succédé à la tribune des gagnantes des premières éditions comme les créatrices de chaussures Andréa Wazen et le duo Zineb Britel et Laura Pujol du label Zyne. Leurs échecs et leurs succès, leurs témoignages, notamment celui d’Andrea Wazen qui a vu son monde s’effondrer lors de la double explosion de Beyrouth, ont placé la soirée sous le signe de la persévérance, de la confiance en soi et de l’authenticité.

Pour cette édition, les 24 finalistes ont été sélectionnés parmi 700 candidats. Cela représente déjà la crème de la crème des jeunes créateurs du monde arabe auxquels s’ajoute un créateur de Colombie – pays invité d’honneur.

Les gagnants de cette édition sont : Zaid Affas (prêt-à-porter), Alia bin Omair (bijoux), Port Tanger par Bilal Fellah (accessoires), Benchellal par Mohammad Benchellal (vêtements de soirée), el-Tayeb Nation par Abdelgarder el-Tayeb (Franca Sozzani Debut Talent Award), A New Cross par Augustin Nicolas Rivero (prix du pays invité).

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Voilà qui permet de mesurer le chemin parcouru et la nécessaire réponse qu’apporte le prix FTA aux créateurs de mode arabes, dont le talent jusque-là n’avait d’autre possibilité de s’épanouir que les onéreuses universités occidentales et la porte étroite des grandes maisons européennes, britanniques ou américaines. Ce serait peu dire qu’en seulement trois années d’existence, dont une paralysée par la pandémie, FTA a réussi à faire de Doha le tremplin incontournable des créateurs arabes vers le marché mondial. Au-delà de sa consistante dotation financière, le prix FTA offre un programme de mentorat que prend en charge pour l’édition 2021 le site de vente en ligne MatchesFashion.