Comme à chaque 4 du mois, les familles des victimes de l’explosion au port de Beyrouth sont fidèles au poste, brandissant les portraits de leurs enfants devant la gigantesque scène de crime. Les familles n’ont toujours pas de réponse concernant les responsables de la tragédie du 4 août 2020, mais le dernier mois a été riche en rebondissements, notamment les événements de Tayouné le 14 octobre dernier (confrontation entre des miliciens d’Amal et du Hezbollah, qui manifestaient pour le remplacement du juge actuellement en charge de l’enquête, Tarek Bitar, et des habitants de Aïn el-Remmaneh, probablement proches des Forces libanaises, qui a fait plusieurs morts et blessés), ainsi que plusieurs nouveaux recours contre le juge Bitar, qui ont réussi à lui lier les mains. Cette nouvelle division politique autour du juge d'instruction près la Cour de justice a également eu raison de l’unité des familles de victimes, la scindant en deux : un groupe qui s’est rallié à l’ancien porte-parole des familles, Ibrahim Hoteit, favorable à un remplacement du juge (conformément à la volonté du tandem chiite), et le second qui regroupe le reste des familles.
Ce soir donc, la division au sein des familles était très évidente, puisqu’une partie s’était regroupée près de la statue de l'Émigré, avenue Charles Hélou, et l’autre, sous l’impulsion d’Ibrahim Hoteit, au niveau de la porte 3 du port de Beyrouth, comme le constate Tala Ramadan de notre publication anglophone L’Orient Today.
« Nous sommes les parents de 220 victimes du port, affirme Nagib Hélou à notre journaliste sur place, Mohammad Yassine, près de la statue de l'Émigré. Nous sommes supposés rester unis dans notre combat. Ce différend (autour de l’opposition du Hezbollah au juge Bitar, ndlr) a poussé quelque six familles à se démarquer de nous. Mais nous demeurons 214 familles unies, et nous représentons le comité des familles de victimes du port, légalement enregistré auprès de l’État ». Et d’ajouter : « Nous ne sommes pas le juge Bitar, ni la justice, ni les responsables politiques. Nous refusons d’être noyautés par des partis politiques. Tout ce que nous demandons, c’est que la justice reste indépendante et qu’elle nous apporte des réponses sur les assassins de nos enfants. Et nous refusons que l’affaire soit étouffée sous quelque prétexte que ce soit ». Il estime cependant que le juge Bitar « est un magistrat honnête, qui veut faire éclater la vérité ».
Incertitude persistante
Près de la statue de l'Émigré, Agnès et Thérèse font partie des manifestants, comme chaque mois. Elles racontent à notre journaliste Agnès Robini avoir perdu leur sœur, Joséphine, lors du drame. Retrouvée dans les décombres de son atelier de Gemmayzé, l’artiste peintre habitait face au port. « Rien ne séparait son appartement du hangar 12 (où le nitrate d’ammonium a explosé ce jour-là, ndlr). Elle a été l’une des premières à appeler les pompiers au début de l’incendie », s’émeut Agnès, le portrait de « Josée » entre les mains.
Les deux sœurs espèrent que justice sera faite, mais la savent compromise par le troisième dessaisissement du juge Bitar, intervenu aujourd’hui. Concernant la « scission » d’Ibrahim Hoteit, Agnès et Thérèse se montrent vindicatives à son égard, mais n’ignorent pas les potentielles pression qui pèsent sur ses épaules.
Quinze mois après la catastrophe, l’incertitude continue de planer, approfondissant encore un peu plus la douleur des familles. La mère de Jessica Bezdjian, une infirmière ayant perdu la vie ce jour-là, célèbre le second anniversaire de sa fille en son absence. « Il est vrai que ces rassemblements n’attirent plus grand-monde, mais même si je devais rester seule, je manifesterai chaque mois, jusqu’à ce qu’on me dise qui a tué ma fille », affirme-t-elle à Mohammad Yassine.
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On revient au même problème récurrent qui est représenté par les armes de HB qui continue d’imposer sa terreur sur les familles endeuillées qui vivent dans leurs fiefs. Il est impératif que les libanais réclament en premier et d’une seule voix le désarmement et l’expulsion de ses traitres pour enfin retrouver notre indépendance et notre dignité. Cela revient à la volonté de tous les chiites de casser les chaînes et se rebeller sans trembler et de se défendre tel un seul homme sinon ils seront à jamais sous les bottes de leur tortionnaire qui pour l’instant les menace mais aussitôt qu’ils leur donneraient le plein pouvoir n’hésiterait pas à les massacrer comme les talibans ont fait avec leur population qui s’est mise contre les américains pour se retrouver massacrée par les leurs qui leur ont pourtant promis prospérité et liberté mais les affament et les tuent aussitôt le dos américain tourné. Voilà ce qui vous attend chers compatriotes, vous qui continuez à vous voiler la face alors que l’évidence est sous vos yeux qui n’ont plus de larmes pour exprimer votre douleur sur la perte de vos enfants et vos habitations depuis que ces barbares vous bercent de faux espoirs et massacrent vos enfants pour ses intérêts personnels de vendus contre une bouchée de pain ou vous menaçant de mort si l’idée de vous révolter vous effleurerait l’esprit. C’est à ça que vous aspirez? Voyons, personne ne veut vivre esclave et subir les menaces de mort et de destructions sa vie durant.
Sissi zayyat
13 h 00, le 06 novembre 2021