
Un rayon de l’un des points de vente de Carrefour en France garni avec des produits libanais. Photo D.R.
Le géant français Carrefour distribue désormais cinq marques libanaises de produits agroalimentaires – al-Rabih (Sonaco), al-Wadi al-Akhdar (Obegi), Mechaalany, Najjar et Terroirs du Liban (Fair Trade Lebanon) – dans plusieurs de ses points de vente en Île-de-France et dans des rayons regroupés sous la bannière du pays du Cèdre. L’information a été relayée et confirmée par des représentants des sociétés libanaises concernées que nous avons contactés.
« Les produits al-Wadi al-Akhdar étaient déjà présents dans les grandes surfaces françaises, notamment Carrefour et Auchan », précise une responsable de la marque. « La différence, c’est que plusieurs marques libanaises ont fait une entrée en force et qu’elles sont rassemblées dans un rayon dédié chez Carrefour », ajoute-t-elle, notant que des produits libanais sont également vendus dans d’autres grandes surfaces, mais sans avoir de rayon attitré.
« La mise en rayon a commencé en octobre et 6 des 10 points de vente Carrefour choisis pour la phase test ont déjà été livrés », explique à L’Orient-Le Jour Philippe Adaïmé, le patron de l’ONG Fair Trade Lebanon qui commercialise les produits de plusieurs coopératives agricoles locales en appliquant les principes du commerce équitable. Chacune des marques a mis en vente un certain nombre de références (entre 5 et 20 environ en fonction des marques). « La valeur des commandes placées par Carrefour est encore marginale, mais évoluera en fonction des résultats de la phase test qui devrait s’étendre sur plusieurs mois », a ajouté Philippe Adaïmé.
Rôle-clef de l’ambassade libanaise
Également contacté, le PDG de Sonaco, Georges Nasraoui, évoque « une bonne nouvelle » pour les entreprises libanaises dans un contexte de grave crise économique et financière dans laquelle le pays s’enfonce depuis plus de deux ans. La situation s’est un peu plus dégradée la semaine dernière avec les tensions diplomatiques aiguës entre le Liban et plusieurs pays du Golfe. Un épisode qui a suivi des propos du ministre de l’Information, Georges Cordahi, dans lesquels il a critiqué, avant sa nomination, l’intervention de la coalition militaire menée par les Saoudiens au Yémen et exprimé sa solidarité avec les rebelles houthis soutenus par l’Iran. Conséquences : l’Arabie saoudite a annoncé qu’elle fermait son marché à l’ensemble des produits libanais, alors qu’elle avait déjà banni en avril dernier l’ensemble des exportations agricoles venant du pays du Cèdre. Un premier durcissement adopté suite à la saisie, par les autorités saoudiennes, de 5,3 millions de comprimés de captagon (un stupéfiant de type amphétamines) dissimulés dans des cargaisons de grenades expédiées depuis le Liban.
Les sociétés concernées ont également salué les efforts entrepris par l’ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, pour les avoir mises en relation avec des acheteurs potentiels dans l’Hexagone. « Le 2 juillet, un “B2B Event” (une rencontre entre entrepreneurs) a été organisé à l’ambassade en coopération avec la Chambre franco-libanaise de commerce afin de faire la promotion du projet Bieel (Business Innovation and Enhance Exports for Lebanon) », raconte Philippe Adaïmé. Piloté par Fair Trade Lebanon et Middle East Partnership Initiative (MEPI), le projet ambitionne de renforcer les PME et les coopératives pour leur permettre d’être compétitives à l’international. Pas moins de 20 coopératives et 50 PME investies dans l’agroalimentaire ont pu être mises en avant auprès d’acheteurs de Carrefour, en plus des autres marques concernées. « Il faut souligner l’engagement exceptionnel de l’ambassadeur qui a multiplié les contacts pour que ces rencontres aient lieu et que les chances qu’elles aboutissent soient optimales », insiste Philippe Adaïmé.
La compétitivité des produits et le packaging ont enfin été des éléments déterminants dans le choix des produits et des marques sélectionnés. S’agissant des produits vendus sous la marque Terroir du Liban, la première commande placée a atteint 12 000 euros aux bénéfices des coopératives de Ferzol et Mhaydsé, dans la Békaa.À noter enfin qu’une marque syrienne – Dorra – a été intégrée par Carrefour dans certains rayons regroupant les produits libanais.
commentaires (11)
Carrefour est synonyme de produits très chers, personnellement j’ai quitté ce centre commercial depuis une vingtaine d’années pourtant proche de mon domicile. Carrefour s’appuie sur les marques carrefour, qui sont des sous-marques et immangeables, je ne suis pas assez fou pour acheter des produits carrefour et les jeter directement à la poubelle. Ils m’ont obligé de faire marcher la concurrence et je les remercie, car j’ai trouvé mon bonheur ailleurs que chez Carrefour. Pour les Produits Libanais je vais chez les commerçants Libanais, qui sont très bien achalandés avec des prix raisonnables et proposent plusieurs marques. On trouve aussi chez eux, des produits frais, tels que les petites courgettes, mini-aubergine, mini-concombre libanais etc… introuvable ailleurs, du pain Saje et du pain Libanais importé du Liban. Bien sûr il y a aussi du pain Libanais fait en France. C’est à chacun de faire son choix. C’est mon côté nostalgique, lol Toutes les marques d’arak sont proposées. Je n’achète que les produits exclusivement Libanais quitte à payer plus cher. Je boycotte systématique les produits Syriens et Turques. Puisqu‘ils nous font la guerre chez nous, alors allons-y à fond, et déclarons aussi la guerre économique en les boycottant !
Le Point du Jour.
23 h 11, le 05 novembre 2021