À part le communiqué des autorités de Bahreïn appelant leurs citoyens à quitter le Liban, la crise provoquée par les propos du ministre de l’Information Georges Cordahi avec les États du Golfe, Arabie en tête, n’a connu hier aucun développement important.
Toutes les parties concernées gardent un silence prudent, affirmant qu’il ne faut attendre aucun développement majeur avant le retour du président du Conseil Nagib Mikati au Liban, prévu jeudi au plus tard. Ce dernier, qui a eu des entretiens avec plusieurs responsables internationaux en marge du sommet sur le climat à Glasgow, a essayé selon ses proches de solliciter des médiations avec les dirigeants saoudiens. Mais, selon eux, la crise ne semble pas sur le point d’être réglée. Les échos parvenus aux dirigeants libanais, qui n’ont pas encore trouvé le moyen de dialoguer directement avec les autorités saoudiennes, font état du fait que la colère de ces derniers aurait été amplifiée après la conférence de presse du ministre Cordahi, dans laquelle il affirmait qu’il n’a pas commis de faute pour présenter des excuses. Ce qui aurait donc pu être réglé par un message de regrets adressé par le ministre de l’Information aux Saoudiens a pris ainsi une ampleur telle qu’il est devenu difficile de surmonter cette crise, à travers le scénario traditionnel : des excuses officielles et publiques et la page est tournée.
De leur côté, ceux qui soutiennent le ministre Cordahi ne cessent de répéter que les propos qu’il a prononcés dans l’interview accordée à la chaîne qatarie al-Jazeera ne sont qu’un prétexte. Même s’ils n’avaient pas été prononcés, les Saoudiens auraient trouvé un autre motif pour créer ce problème avec le Liban, pour des raisons relatives à leur colère face aux développements au Yémen et à la position américaine qui ne se situe pas à leurs yeux assez clairement à leurs côtés.
Quelle que soit la version adoptée pour expliquer la position saoudienne, le Liban est dans une situation difficile. Les dirigeants saoudiens refusent de parler avec les responsables libanais, et les autres États du Golfe ont exprimé chacun à son tour la nécessité pour eux de se conformer à la décision saoudienne. Les deux seuls émirats qui n’ont pas encore rappelé leurs ambassadeurs au Liban sont le sultanat d’Oman et le Qatar. Ce dernier tente même une médiation, mais jusqu’à présent il n’y a selon des sources ministérielles à Beyrouth aucun indice d’allégement de la position saoudienne à l’égard du Liban. Certaines parties libanaises ont d’ailleurs commencé à comparer la décision de Riyad de couper toute relation avec les autorités officielles libanaises avec celle adoptée avec le Qatar en juin 2017. Cette crise n’a été réglée qu’en janvier 2021, par un rétablissement total des relations entre les deux pays, après un changement radical dans l’attitude saoudienne.
Toutefois, le Liban n’est pas le Qatar. D’abord, parce qu’il traverse depuis quelques années des crises économiques et politiques successives qui ont affaibli sa capacité de résister à une rupture des relations avec les pays du Golfe. Et ensuite, parce que les Libanais sont divisés entre eux et ne sont donc pas en mesure de faire front ensemble pour tenter de surmonter cette nouvelle crise.
D’ailleurs, depuis que les dirigeants saoudiens suivis par ceux d’autres émirats du Golfe ont manifesté leur colère contre le gouvernement libanais, et en particulier contre le ministre de l’Information, certains ministres ont menacé de démissionner à leur tour, si leur collègue Georges Cordahi ne quitte pas le cabinet. Les noms du ministre de l’Environnement Nasser Yassine, du ministre de l’Intérieur Bassam Maoulaoui et même du ministre de la Santé Firas Abiad ont été ainsi cités. Mais, selon des sources ministérielles, le Premier ministre serait immédiatement intervenu pour éviter une telle démarche qui serait de nature à diviser encore plus le gouvernement et, surtout, qui augmenterait les tensions confessionnelles dans le pays. Selon les mêmes sources, Nagib Mikati aurait évoqué la question des relations du Liban avec l’Arabie saoudite avec tous ses interlocuteurs étrangers dans le cadre de ses entretiens en marge du sommet de Glasgow. S’il a obtenu en général des assurances sur la volonté de la communauté internationale d’empêcher l’effondrement total du Liban, aucun scénario concret et complet pour le rétablissement des relations avec l’Arabie saoudite n’a encore été proposé.
Selon ses proches, le Premier ministre reviendrait toutefois à Beyrouth avec quelques idées, surtout après avoir entendu les conseils des amis du Liban. Mais, jusqu’à présent, tous les scénarios évoqués passent par la démission du ministre Georges Cordahi, comme prélude à une solution de la crise actuelle. De son côté, ce dernier répète à tous ceux qui le contactent, soit pour lui exprimer leur soutien, soit pour sonder ses intentions, qu’il est prêt à le faire si c’est dans l’intérêt du pays. Mais il ne prendra pas de décision avant d’en avoir parlé avec le président du Conseil...
À part le communiqué des autorités de Bahreïn appelant leurs citoyens à quitter le Liban, la crise provoquée par les propos du ministre de l’Information Georges Cordahi avec les États du Golfe, Arabie en tête, n’a connu hier aucun développement important. Toutes les parties concernées gardent un silence prudent, affirmant qu’il ne faut attendre aucun développement majeur avant...
commentaires (9)
Ça démontre qu’un gouvernement technocrates laïcs, compétents et indépendants qu’on laisseraient travailler sans interférence pour le bien commun aurait été plus judicieux. Le sauvetage économique et la restitution de l’état de droit complémentaires sont PRIORITAIRES. Cordahi doit démissionner même s’il n’a pas tort et même si c’est trop tard. La guerre n’est pas stupide; c’est ceux qui l’ont alimenter qui le sont. Tout comme la crise diplomatique actuelle dont sa simple démission ne suffira plus à atténuer désormais. Y en a marre de ses futilités. Déjà plus de 2 ans de réformes perdues ! Peut d’ouvrir la boîte de Pandore
Alors...
21 h 58, le 03 novembre 2021