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Économie - Finances publiques

Le ratio dette/PIB arabe en augmentation depuis la crise de 2008, prévient l’Escwa

Celui du Liban dépasse celui des pays subissant des conflits, alors que le pays du Cèdre n’a plus connu de guerre sur son territoire depuis 2006.

Le ratio dette/PIB arabe en augmentation depuis la crise de 2008, prévient l’Escwa

La crise sanitaire du Covid-19 qui a poussé les États à décréter des mesures de confinement et qui a mis la vie économique en suspens durant plusieurs mois a été un grand catalyseur d’une augmentation de la dette mondiale, notamment arabe, selon la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (Escwa), dans une étude récemment publiée et intitulée « Pénurie de liquidités et dette : les obstacles à la reprise dans la région arabe ». En effet, les pays arabes se sont vus en grande partie affectés par la baisse des cours mondiaux du pétrole, provoquant alors de grands trous dans les politiques budgétaires de ces États. Cela alors même qu’ils devaient en parallèle aider les ménages et les entreprises afin de limiter l’impact de la crise sanitaire, un projet qui n’a pas été mené à bien par les pays de la région selon l’Escwa.

Risque de surendettement
Ainsi, la dette publique dans la région arabe prise en compte par l’Escwa a atteint 1 400 milliards de dollars en 2020, contre 62 500 milliards de dollars dans le monde, selon les données compilées par le groupe britannique de gestion, Janus Henderson. La dette libanaise avait, elle, terminé l’année en culminant à 95,6 milliards de dollars selon la Banque du Liban (BDL – la partie en livres a été convertie au taux officiel de 1 507,5 livres pour un dollar, alors qu’un billet vert s’échange actuellement contre plus de 20 000 livres sur le marché parallèle). Elle représente donc, selon nos calculs, 6,83 % de la dette totale des pays arabes. À noter toutefois que depuis mars 2020, le pays du Cèdre n’honore plus ses engagements en devises, en raison de la difficulté de l’État à se financer et de la crise économique qui plombe le Liban depuis deux ans déjà.

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La crise du Covid-19 a poussé les États à s’endetter, les rendant plus vulnérables et laissant alors planer le risque de rendre la dette insoutenable (les Etats n’ayant plus la capacité de rembourser leurs dus) mais l’Escwa précise que cette tendance a commencé dans les années 2010, dans le monde comme dans la région des pays arabes. Le ratio dette/PIB mondial a par exemple atteint les 100 % en 2020, contre 65 % en 2008, et celui des pays arabes s’affichait respectivement à 60 % et 25 %. Le Liban, quant à lui, sort du lot, avec des ratios record de 161,5 % et de 186,7 %, selon la Banque mondiale (BM – il avait progressivement diminué pour passer en-dessous de la barre des 130 % en 2012, avant de remonter par la suite).

Plus en détail, dans les pays arabes, c’est la dette publique des pays riches du Conseil de coopération du Golfe (CCG, composé de l’Arabie saoudite, de Bahreïn, des Émirats arabes unis, du Koweït, d’Oman et du Qatar) qui a le plus augmenté, puisqu’il a été multiplié par cinq en douze ans. Elle est passée de 117 milliards de dollars en 2008 à 576 milliards l’année dernière, représentant respectivement 10 % et 41 % du PIB.

Les pays à moyen revenu, dont font partie le Liban, l’Algérie, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie, détiennent quant à eux plus de la moitié de la dette publique totale des pays arabes. Atteignant 658 milliards de dollars l’année passée, contre 250 milliards en 2008, le ratio dette/PIB est alors passé de 47 % à 91 %. Le pays du Cèdre a, lui, contribué à près de 14,53 % de cette dette, alors qu’il est bien moins peuplé que les autres et possède un plus petit territoire.

Les pays « les moins développés de la région », comme les Comores, Djibouti ou encore la Mauritanie, ont, eux, vu leur dette presque doubler en 11 ans, passant de 3 milliards de dollars en 2019 à 6,6 milliards en 2020, poussant alors le ratio dette/PIB à 52 %. L’Escwa met en garde ces États qui risquent de plonger dans le surendettement, une case que le Liban a déjà cochée. Enfin, les pays affectés par des conflits, comme l’Irak, la Libye et le Yémen, ont vu leurs dettes augmenter de 190 milliards de dollars en 12 ans, soit 88 % de leur PIB. Reste à noter que le Liban, qui n’a plus connu de conflits armés sur son territoire depuis 2006, possède un ratio dette/PIB bien supérieur, à 186,7 %.

Causes de la dette
Cette hausse de la dette des pays arabes n’est pas uniquement due à la pandémie mais aussi en grande partie au « manque d’efficacité des politiques budgétaires et monétaires ». L’Escwa rappelle en effet que les pays de la CCG ont subi la baisse des cours du brut, non seulement durant les nombreuses périodes de confinement en 2020, en particulier en avril 2020 où les prix étaient même négatifs lors d’une session boursière (-37,63 dollars par baril), mais également depuis 2014. À cette période, la baisse des prix a impliqué la chute des revenus des pays de la zone, provoquant un déficit de la balance primaire (à laquelle on retire le service de la dette). C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), Arabie saoudite en tête, refusent actuellement d’augmenter leur production pour combler les pertes occasionnées. Les balances primaires des autres catégories de pays étaient, elles, déficitaires durant toute la décennie, rappelle l’Escwa.

De plus, signe d’une mauvaise politique monétaire, les pays à revenus moyens, hormis la Tunisie, ont connu une hausse des taux d’intérêt, alors que leurs économies se contractaient, rapporte l’Escwa. Habituellement, pour relancer l’activité économique, les pays tentent d’abaisser les taux d’intérêt pour diminuer les rentes et pousser vers des investissements dans l’économie réelle, ce qui crée de la richesse et des emplois. L’organisme international a ainsi calculé une augmentation moyenne des taux d’intérêt de 1,2 % en 2018, pour une contraction du PIB de 1,4 % en moyenne entre 2008 et 2016. Ce sont les taux de 2019 et de 2020 qui sont pris en compte, ceux du Liban ont en effet diminué depuis 2019 en raison du contrôle des capitaux informel mis en place depuis la fin de l’été 2019, les banques n’ayant plus besoin d’attirer les dépôts, et non à travers une nouvelle politique monétaire nationale.La hausse de l’endettement n’a pas assez aidé les économies de la région arabe, leurs gouvernements n’ayant augmenté leurs budgets que de 95 milliards de dollars, soit 4 % du PIB de 2020, contre 19 000 milliards de dollars dans le monde, soit 22 % de leur production. Les aides des gouvernements arabes destinées à leur population étaient donc insuffisantes pour réduire l’impact de la perte de revenus et d’emploi. Il faudrait encore injecter « 462 milliards de dollars », plaide l’institution internationale.

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Celle-ci appelle donc les États à mettre en place des politiques budgétaires qui aident leurs économies, en suggérant de faire bon usage des près de 37,3 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS, Special Drawing Rights, ou SDR en anglais) du Fonds monétaire international (FMI), un mécanisme qui aide les pays à augmenter leurs réserves et donc l’aide qu’ils peuvent apporter à la population. La plus grande partie est absorbée par l’Arabie saoudite (13,7 milliards, sans compter ses dotations précédentes). Le Liban se place à la 9e position ex aequo avec le Soudan, en termes de dotation de cette année, sans compter les dotations précédentes. Le pays du Cèdre a reçu le 16 septembre près de 1,135 milliard de dollars en échange de deux allocations de DTS. Des sources gouvernementales avaient précisé à L’Orient-Le Jour que le gouvernement de Hassane Diab prévoyait d’utiliser un tiers de cette somme pour renflouer les réserves de la BDL.

Un autre tiers serait alloué au ministère de la Santé, tandis que le dernier tiers devrait aider à financer la carte d’approvisionnement, pour aider la population libanaise la plus démunie à supporter les effets de la crise. Ce projet n’a cependant toujours pas été mis en œuvre.

Le nouveau gouvernement de Nagib Mikati n’a, lui, pas encore explicité la manière dont il comptait utiliser cette aide du FMI.

La crise sanitaire du Covid-19 qui a poussé les États à décréter des mesures de confinement et qui a mis la vie économique en suspens durant plusieurs mois a été un grand catalyseur d’une augmentation de la dette mondiale, notamment arabe, selon la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (Escwa), dans une étude récemment publiée et intitulée « Pénurie de...

commentaires (1)

Le sous-titre n'est pas exact, nous subissons une guerre sur notre territoire qui ne dit tout simplement pas son nom. Une guerre contre notre identité, notre culture, nos institutions.

Bachir Karim

17 h 20, le 02 novembre 2021

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Commentaires (1)

  • Le sous-titre n'est pas exact, nous subissons une guerre sur notre territoire qui ne dit tout simplement pas son nom. Une guerre contre notre identité, notre culture, nos institutions.

    Bachir Karim

    17 h 20, le 02 novembre 2021

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