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Politique - Crise diplomatique

Le Liban appelle l'Arabie saoudite au dialogue

"Le Hezbollah est une importante composante au Liban, mais il n'a pas d'hégémonie et n'accapare pas la scène politique", estime Bou Habib. 

L'ambassade saoudienne à Beyrouth, le 30 octobre 2021. Photo ANWAR AMRO / AFP

Le Liban, par la voix de son président, Michel Aoun, et de son ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a appelé lundi l'Arabie saoudite au "dialogue" pour régler la grave crise diplomatique déclenchée par des propos du ministre libanais de l'Information, Georges Cordahi, qui avait critiqué l'intervention militaire de le coalition menée par le royaume saoudien au Yémen.

L’Arabie saoudite avait rappelé vendredi son ambassadeur au Liban et décidé d'expulser l'ambassadeur libanais, ainsi que l’arrêt de toutes les importations libanaises, en réaction aux propos du ministre. Trois autres pays du Golfe ont adopté des mesures de rétorsion similaires, en signe de solidarité avec le royaume wahhabite : les Émirats arabes unis, le Koweït et Bahreïn. Les Émirats arabes unis ont appelé dimanche leurs ressortissants se trouvant encore au Liban à quitter le pays au plus vite. Seuls deux pays du Conseil de coopération du Golfe, le Qatar et Oman, n’ont pas pris de mesures similaires à l’égard du Liban. Dans ce contexte, le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, s'est entretenu dans la journée avec des dirigeants qatari et koweïtiens mais aussi européens de cette crise.

Dans une émission télévisée enregistrée le 5 août et diffusée le 25 octobre dernier, Georges Cordahi, qui n'était pas à l'époque membre du gouvernement, avait qualifié d'''absurde" la guerre menée depuis 2015 au Yémen par une coalition militaire en appui au gouvernement, et estimé qu'il "était temps qu'elle s'arrête". Il avait ajouté que les rebelles houthis, soutenus par l'Iran, se défendaient "face à une agression extérieure" et que "leurs maisons, leurs villages, leurs mariages et leurs enterrements étaient régulièrement bombardés" par la coalition. Mais les tensions diplomatiques entre les deux pays vont au-delà des propos du ministre et sont essentiellement dues à une lutte d'influence entre l'Iran et le royaume wahhabite qui dénonce la "domination" du Hezbollah sur le pays du Cèdre.

"Dialogue direct"
Dans un communiqué, le président Aoun a réitéré sa volonté de conserver "les meilleures relations possibles avec le royaume saoudien et les Etats du Golfe", insistant sur l'importance de fonder ces relations sur "un dialogue direct". M. Aoun poursuivait ses contacts dans la journée afin de trouver une "solution" à la crise. Samedi, M. Aoun avait insisté sur son "attachement aux meilleures relations avec l'Arabie saoudite (...) sans que cela ne soit affecté par les opinions exprimées par certains (...)".  Et selon des informations rapportées par l'agence locale al-Markaziya, Nagib Mikati aurait exhorté le ministre de l'Information à "placer son sens du patriotisme avant toute chose", l'invitant implicitement à démissionner afin de désamorcer la crise avec l'Arabie saoudite.

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"Pas d'hégémonie" du Hezbollah
De son côté, Abdallah Bou Habib a assuré "vouloir les meilleures relations avec l'Arabie saoudite". "Mais les problèmes entre pays frères ou amis ne peuvent se résoudre que par le dialogue et les contacts, et non pas en imposant des points de vue", a-t-il ajouté. "Le Liban appelle l'Arabie saoudite au dialogue, pour régler tous les problèmes en suspens et non seulement le dernier incident, afin que la crise ne se répète plus", a-t-il poursuivi.

M. Bou Habib, nommé au gouvernement par le président Aoun, un allié du Hezbollah, a par ailleurs affirmé que le parti pro-iranien est une "importante composante" du Liban, assurant qu'il n'accapare pas la scène politique libanaise. "Je ne suis pas d'accord avec les propos du ministre saoudien" à ce propos, a-t-il précisé. "Le Hezbollah est une importante composante au Liban, mais il n'a pas d'hégémonie et n'accapare pas la scène politique", a-t-il poursuivi. "Qu'une partie nous demande d'écarter le Hezbollah de la scène politique ... Comment pouvons-nous le faire alors que le Hezbollah est une composante libanaise, qu'on le veuille ou pas ?", a ajouté le ministre.

Samedi, le chef de la diplomatie libanaise avait précisé être "en contact avec les Américains, car ils sont capables de résoudre cette crise". Il avait également indiqué que le chargé d'affaires de l'ambassade des États-Unis au Liban, Richard Michaels, avait brièvement participé à une première réunion de la cellule de crise consacrée à cette affaire, qu'il avait été chargé de présider, Nagib Mikati se trouvant en déplacement à l'extérieur du pays. Dimanche, le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, avait affirmé avoir évoqué le Liban avec son homologue saoudien, Fayçal ben Farhan, en marge du sommet du G 20 à Rome. Ce dernier avait souligné, lors d'un entretien sur la chaîne américaine CNBC, "que traiter avec le Liban et son gouvernement actuel n’est ni productif ni utile, en raison de la domination continue du Hezbollah sur la scène politique".

Le Liban, par la voix de son président, Michel Aoun, et de son ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a appelé lundi l'Arabie saoudite au "dialogue" pour régler la grave crise diplomatique déclenchée par des propos du ministre libanais de l'Information, Georges Cordahi, qui avait critiqué l'intervention militaire de le coalition menée par le royaume saoudien au...

commentaires (4)

Un "dialogue direct" entre le Liban et l'Arabie? Comme l'a fait remarquer le ministre saoudien, cela signifie un dialogue Ryad-Téhéran. Pourquoi passer par des intermédiaires beyrouthins?

Yves Prevost

07 h 50, le 02 novembre 2021

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Commentaires (4)

  • Un "dialogue direct" entre le Liban et l'Arabie? Comme l'a fait remarquer le ministre saoudien, cela signifie un dialogue Ryad-Téhéran. Pourquoi passer par des intermédiaires beyrouthins?

    Yves Prevost

    07 h 50, le 02 novembre 2021

  • Le hezbollah n'accapare pas la scène politique libanaise. Un petit peu quand même. Quand des ministres tiennent le gouvernement en otage à n'importe quel moment et paralysent les réunions du gouvernement sans aucun respect pour les vies humaines affamées et humiliées toutes les minutes. De quel droit peut on jouer avec le sort d'un pays pour n'importe quel prétexte aussi ridicule soit il,comme celui d'écarter un juge ou de l'empêcher de faire son travail ?

    Citoyen

    19 h 59, le 01 novembre 2021

  • HAHAHA… Juste le sous-titre … ca m’a suffit pour un fou-rire énoy. Ok le titre à lui seul fait sourire ( le liban appelle au dialogue…lool comme s’il avait les moyens de sa requête) CEPENDANT, annoncer une ânerie que le Hezbollah n’accapare pas? En fait c vrai… il n’accapare pas du tout IL DIRIGE, IL MENACE… IL AGRESSE… IL FAIT LA PLUIE ( surtout) et rarement LE BEAU TEMPS Franchement, Des incompétents pareils se basant sur les sentiments, le lyrique des années 50 alors que le monde actuel est un monde réaliste, qui suit ses intérêts. Le liban n’offre aucun intérêt aujourd’hui en la présence des iraniens et de leur milice… franchement… vous pouvez vous moquer de vos partisans mais pas des pays étrangers… reveillez-vous bon sang… vous vivez à l’heure où les arabes coopèrent avec Israel… projets spaciaux, technologiques, économiques etc… alors que vous ? Vous en êtes à BEL ROUH BEL DAMM NAFDIK YA MACHIN… wake up bandes de nuls responsables et dirigeants du liban

    LE FRANCOPHONE

    18 h 39, le 01 novembre 2021

  • ALLER DIRE CES BETISES ET ESPERER QUE LES SAOUDIENS LES GOBENT EST L,IDIOTIE MEME. TOUT LE MONDE SAIT QUI ACCAPRE PAR INTIMIDATIONS ET MENACES ET EXACTIONS TOUT DANS LE PAYS. IL SEMBLE QUE SEUL BOU-HABIB NE LE SAIT PAS OU JOUE L.AVEUGLE ET LE SOURD.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 53, le 01 novembre 2021

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