La crise qui secoue les relations entre le Liban et les pays du Conseil de coopération du Golfe s'est imposée d'elle-même au menu des discussions menées par le Premier ministre libanais Nagib Mikati en marge de la conférence sur le climat de l'ONU (COP26) en Ecosse. Le leader sunnite s'est ainsi entretenu avec le président français, Emmanuel Macron, et plusieurs dirigeants du Golfe dans une tentative de limiter les dégâts de la colère des pays du Golfe, notamment l'Arabie, après les propos du ministre de l'Information Georges Cordahi qui avait critiqué la guerre menée par l’Arabie au Yémen et défendu les rebelles houthis soutenus par l’Iran.
Vendredi, Riyad avait décidé de rappeler son ambassadeur au Liban et d'expulser l’ambassadeur libanais au royaume, rapidement suivi par Bahreïn, qui a pris des mesures similaires. Deux autres pays du CCG, le Koweït et les Émirats arabes unis, ont exprimé leur soutien au royaume wahhabite et pris des mesures de rétorsion à l'égard de Beyrouth. Pour sa part, le Qatar, qui avait condamné les propos "irresponsables" de M. Cordahi, a appelé le gouvernement libanais à agir "pour surmonter les dissensions entre (pays) frères".
C'est donc un Nagib Mikati qui représente un Liban en pleine crise diplomatique avec les pays du Golfe qui s'est entretenu avec Emmanuel Macron lundi, comme annoncé depuis ce weekend, en marge du sommet de Glasgow. Selon le bureau de presse du Premier ministre, le président français a exprimé l'attachement de Paris "à la stabilité économique et politique du Liban", alors que plusieurs parties au Liban appellent le gouvernement Mikati à démissionner pour régler la crise avec les monarchies du Golfe. Une éventualité que les autorités libanaises excluent pour le moment et que la communauté internationale, notamment Paris et Washington, semble vouloir éviter.
Nagib Mikati s'est également entretenu avec la chancelière allemande, Angela Merkel, en présence du ministre de l'Environnement, Nasser Yassine, et de l'ambassadeur du Liban à Londres, Rami Mortada. Toujours selon la présidence du Conseil, Mme Merkel a déclaré que Berlin était prêt à soutenir le Liban dans tous les domaines, insistant sur "l'attachement de l'Allemagne à la stabilité" du pays du Cèdre.
Le chef de la diplomatie qatarie attendu à Beyrouth
M. Mikati s'est dans ce cadre entretenu avec l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, qui lui a annoncé qu'il enverrait "prochainement" le chef de la diplomatie qatarie à Beyrouth afin "d'étudier des moyens de soutenir le Liban et de poursuivre les discussions sur les dossiers actuellement sur la table, et notamment la résolution de la crise" diplomatique entre le pays du Cèdre et le Golfe, selon des informations publiées par le bureau de presse du PM libanais.
Le chef du gouvernement a également rencontré son homologue koweïtien, cheikh Sabah Khaled al-Hamad Al-Sabah, ainsi que le chef de la diplomatie koweïtienne, cheikh Ahmad Nasser Al-Sabah, à qui il a assuré que le Liban "veille à maintenir une relation étroite avec les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et œuvre à résoudre toute lacune qui porte atteinte à l'esprit de fraternité et coopération" avec ces Etats. Le Premier ministre koweïtien lui a, à son tour, assuré que son pays voulait "continuer à soutenir le Liban dans tous les domaines, tout en veillant à l'unité des pays du CCG". "Le Liban est capable de résoudre tout problème ou lacune" dans l'établissement des meilleures relations possibles avec les pays arabes, a-t-il ajouté.
Opportunité à saisir
M. Mikati s'est par ailleurs entretenu avec plusieurs responsables européens et d'organisations internationales concernant le soutien qui pourrait être apporté au Liban, qui traverse une grave crise socio-économique depuis deux ans. Cet effondrement, marqué par une dépréciation rapide de la monnaie nationale et une hyperinflation, a poussé plus de 75% de sa population sous le seuil de pauvreté. Il a ainsi discuté avec son homologue espagnol, Pedro Sanchez, des relations bilatérales entre les deux pays et du "soutien constant" de Madrid à Beyrouth, ainsi qu'avec le chef du Conseil européen, Charles Michel, concernant le soutien de l'UE au pays du Cèdre et les "étapes attendues" de la part des autorités libanaises pour pouvoir en bénéficier.
Le président du Conseil s'est en outre concerté avec la cheffe du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, qui a réitéré la volonté de l'institution d'aider le Liban à sortir de la crise actuelle, estimant que "le plan de coopération en cours de développement" entre les deux parties constitue une "opportunité qu'il faut saisir, étant donné qu'il s'agit de "la seule porte de sortie" possible.
Nagib Mikati devrait encore discuter avec les présidents égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et arménien, Armen Sarkissian, ainsi qu'avec le Premier ministre italien, Mario Draghi.
A son arrivée au sommet, M. Mikati avait été reçu par le Premier ministre britannique, Boris Johnson, et le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avec qui il avait échangé quelques mots. La délégation libanaise à Glasgow comprend, outre M. Mikati, le ministre de l'Environnement, Nasser Yassine, et l'ambassadeur du Liban au Royaume-Uni, Rami Mortada. Le Premier ministre doit prononcer, mardi, un discours devant les dirigeants réunis à cette occasion.
commentaires (12)
Macron a sûrement un conseiller libanais,il promet monts et merveilles mais ne donne rien! Il est le champion du kellon ya3ne kellon.
Nassar Jamal
07 h 31, le 03 novembre 2021