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Face au tandem chiite, Mikati tranche : Pas de démission... en attendant la solution

Le Premier ministre exclut une convocation du Conseil des ministres pour le moment.

Face au tandem chiite, Mikati tranche : Pas de démission... en attendant la solution

Le Conseil des ministres du 12 octobre, qui a failli faire exploser le gouvernement sur fond du dessaisissement du juge Bitar. Photo Dalati et Nohra

Nagib Mikati n’entend visiblement pas céder au chantage politique qui met son gouvernement à l’épreuve. Il n’en finit pas de le démontrer depuis la dernière séance du Conseil des ministres tenue à Baabda, il y a une semaine.

L’ultimatum alors lancé par le tandem chiite Amal-Hezbollah était très clair : le déboulonnement du juge Tarek Bitar, chargé de l’enquête sur la double explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth, ou la démission des ministres chiites. Ce qui a suscité des craintes quant à une implosion du cabinet, à peine un mois après sa naissance.

En face, le Premier ministre a dressé une nouvelle équation : il n’est pas question d’une démission du gouvernement. Mais dans le même temps, le Conseil des ministres ne reprendra pas ses réunions avant que ne soit trouvée une solution à l’affaire Tarek Bitar, laquelle avait sérieusement failli faire tomber le cabinet, mardi dernier. L’enquête autour du drame du port s’était invitée de facto sur la table du Conseil des ministres, quelques heures après le mandat d’arrêt émis par M. Bitar contre Ali Hassan Khalil, ex-ministre des Finances et bras droit du président de la Chambre, Nabih Berry. Une démarche qui avait provoqué l’ire des ministres chiites. S’exprimant au nom de ces derniers, Mohammad Mortada, ministre de la Culture, avait exhorté le gouvernement à prendre une position claire à ce sujet. Il appelait donc clairement au limogeage de M. Bitar, agitant le spectre d’une éventuelle démission des ministres chiites. C’est également pour protester contre la décision du juge d’instruction que le tandem chiite avait appelé à manifester jeudi dernier devant le Palais de justice de Beyrouth. Sauf que cette « manifestation pacifique » a dégénéré en des affrontements de rue entre des miliciens chiites et d’autres éléments armés, dans les quartiers de Tayouné et de Aïn el-Remmané (à majorité chrétienne), réveillant les démons de la guerre civile.

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Dimanche, le chef du gouvernement s’est voulu très clair dans une interview accordée au site al-Modon. « La situation sécuritaire est stable et il n’y a pas de crainte. Mais sur le plan politique, je ne convoquerai pas le Conseil des ministres avant d’avoir trouvé une solution au problème (suscité par le différend autour de l’affaire Bitar). Et je ne souhaite provoquer personne », a affirmé M. Mikati, dans une tentative d’arrondir les angles, tout en ajoutant que « la démission n’est pas envisagée ». Il a en outre réitéré sa détermination à ne pas s’ingérer dans l’action de la justice. Selon lui, celle-ci « devrait se réformer elle-même ».

À travers ces propos, Nagib Mikati dressait lui aussi son équation pour la prochaine phase face au tandem chiite, dont rien ne prête à croire qu’il modifiera sa position. Sans reconnaître que la solution qu’il recherche passerait immanquablement par le dessaisissement du juge d’instruction, le ministre de la Culture assure à L’Orient-Le Jour que « la question va bien au-delà de la personne de Tarek Bitar ». « Ce point n’est qu’un petit détail dans le grand plan visant à plonger le pays dans la discorde », prévient-il.

La séance parlementaire

De son côté, le ministre de la Justice, Henri Khoury, semble avoir accompli la tâche dont il a été chargé par le président de la République Michel Aoun, et le Premier ministre Nagib Mikati. De source proche du ministère de la Justice, on confie à L’OLJ qu’il serait actuellement question d’une solution axée sur la mise en place d’une Chambre d’accusation qui contrôlerait, en quelque sorte, le travail de Tarek Bitar. Ce projet ferait l’objet d’une proposition de loi qui pourrait être présentée à la Chambre, une fois adoptée par un des groupes parlementaires, apprend-on de source proche du dossier.

Mais des parlementaires contactés par L’OLJ excluent que ce sujet soit abordé lors de la séance plénière prévue aujourd’hui au palais de l’Unesco, pour marquer le début de la session ordinaire de la Chambre. « La réunion sera consacrée à l’élection de nouveaux membres du bureau de la Chambre, et à l’examen de son ordre du jour (principalement la question de possibles amendements à la loi électorale) », se contente d’indiquer un proche du président de la Chambre. Fait à signaler à ce stade : depuis un moment, Nabih Berry, incontestable maître des séances parlementaires, outrepasse les dispositions du règlement intérieur de la Chambre permettant aux députés de faire des interventions – généralement à caractère politique – avant l’examen de l’ordre du jour. Si le chef du législatif opte pour la même démarche ce matin à 11 heures, la question de l’enquête sur le drame du port et, par extension, celle de la survie du cabinet Mikati risqueraient de ne pas être débattues à la Chambre, sachant qu’avec le début de la session parlementaire ordinaire, les députés poursuivis par Tarek Bitar, à savoir Ali Hassan Khalil, Nouhad Machnouk et Ghazi Zeaïter, recouvrent leur immunité parlementaire. Ils ne peuvent donc plus faire l’objet de mandats d’arrêt ou d’amener de la part du juge.

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Quoi qu’il en soit, Nabih Berry n’a pas encore dit son dernier mot sur le projet de solution dont il serait actuellement question, rapporte notre chroniqueur politique Mounir Rabih. Le chef du législatif craint en effet que la Chambre d’instruction que propose M. Khoury ne soit utilisée, notamment de la part du Courant patriotique libre, dans le cadre d’un règlement de comptes politiques avec le mouvement Amal de M. Berry. Le leader du CPL, Gebran Bassil, s’en était violemment pris dans un discours samedi à Nabih Berry, l’accusant implicitement de mettre des bâtons dans les roues au sexennat. Évoquant l’enquête du port, il a lancé : « Cela veut dire quoi quand quelqu’un plonge le pays dans le chaos pour ne pas être entendu par le juge ? » Une allusion claire aux affrontements de Tayouné. Sur ce dernier point, le chef du CPL a implicitement accusé son principal adversaire chrétien, Samir Geagea, chef des Forces libanaises, de se tenir derrière les affrontements. Il rejoignait ainsi le discours du Hezbollah, dont des ténors avaient attaqué durant le week-end le parti de Samir Geagea. Il s’agit notamment de Mohammad Raad, chef du groupe parlementaire du parti chiite. « La traîtrise des FL qui ont commis ce massacre jeudi sera châtiée », a-t-il affirmé lors d’un meeting partisan dimanche au Liban-Sud. « Le sang de nos gens ne sera pas versé en vain. Mais nous ne pousserons pas vers une guerre civile et nous ne menacerons pas la paix civile », a cependant assuré le responsable du Hezbollah, appelant « l’État à mener l’enquête pour que les auteurs des violences soient châtiés ».Réagissant aux propos de M. Raad, les FL ont dénoncé dans un communiqué « des attaques arbitraires et injustes à leur encontre ». « Nous concevons l’embarras des dirigeants du Hezbollah, mais nous ne comprenons pas le fait qu’ils inventent un ennemi fictif que sont les FL », précise le document. « S’ils veulent attaquer les FL, ils ne doivent pas se cacher derrière le sang des martyrs et inventer des histoires pour le faire », ajoute le texte.

Nagib Mikati n’entend visiblement pas céder au chantage politique qui met son gouvernement à l’épreuve. Il n’en finit pas de le démontrer depuis la dernière séance du Conseil des ministres tenue à Baabda, il y a une semaine. L’ultimatum alors lancé par le tandem chiite Amal-Hezbollah était très clair : le déboulonnement du juge Tarek Bitar, chargé de l’enquête sur la...

commentaires (2)

Serieusement? Le tiers de blocage est en place et vous voulez continuez a faire la marionette? Non mais c'est quoi ce gouvernement????

IMB a SPO

08 h 53, le 19 octobre 2021

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Commentaires (2)

  • Serieusement? Le tiers de blocage est en place et vous voulez continuez a faire la marionette? Non mais c'est quoi ce gouvernement????

    IMB a SPO

    08 h 53, le 19 octobre 2021

  • La fuite en avant des coupables qui ne se cachent meme plus. Le meme scenario du TSL de Hariri.....Les assassin mercenaires vont continuer de detruire notre pays........

    Sabri

    05 h 05, le 19 octobre 2021

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