
Ibrahim Hoteit, frère d'une des victimes de l'explosion dans le port de Beyrouth. Catpure d'écran
Ibrahim Hoteit, un des porte-paroles des proches des victimes de l'explosion du 4 août 2020 dans le port de Beyrouth, a publié un nouvel enregistrement dans lequel il dément avoir été menacé par le Hezbollah. M. Hoteit est au centre d'une polémique depuis qu'il a publié une vidéo vendredi soir dans laquelle il appelait le juge Tarek Bitar à se récuser de l'enquête.
Les propos tenus vendredi par M. Hoteit, qui a perdu son frère Tharwat dans le drame et qui était considéré comme la voix des familles des victimes de l'explosion, avaient laissé perplexes ces dernières qui étaient unies et soutenaient le juge Bitar face aux ingérences politiques, pressions, intimidations et menace du Hezbollah et de ses alliés. Toutefois, au lendemain d'une manifestation du parti chiite qui a dégénéré jeudi en combats miliciens meurtriers dans le sud de Beyrouth, Ibrahim Hoteit avait effectué un revirement à 180 degrés en défendant le Hezbollah et en accusant le juge Bitar de politiser l'enquête avant de réclamer son départ. Selon certains proches des victimes et des observateurs, les propos de M. Hoteit, chiite et résident dans la banlieue-sud de Beyrouth, un fief du parti chiite, ont été prononcés sous la menace.
"Mascarade"
"Je répète que tout ce que j'ai dit dans la vidéo publiée vendredi reflète entièrement mes convictions, sans aucune pression", affirme Ibrahim Hoteit, dans une vidéo qu'il a envoyée à L'Orient-Le Jour. L'homme apparaît dans la même pièce dans laquelle il avait enregistré la première vidéo, précisant qu'il se trouve chez lui. Il lit cette fois également un communiqué écrit.
"A ceux qui affirment que l'enregistrement a été fait sous la menace et la pression, je leur dis (...) : assez de mascarades", lance ensuite M. Hoteit. "Aux proches des victimes qui affirment que je ne les représente pas, je dis que personne ne peut m'ôter le qualificatif de porte-parole, car je représente une partie des familles qui cautionnent les demandes que j'ai exprimées dans la première vidéo". Le collectif des proches des victimes de l'explosion avait réagi samedi dans un communiqué commun dans lequel il se désolidarisait d'Ibrahim Hoteit et maintenait son soutien au juge Bitar.
"Les groupements et collectifs actuels n'ont plus le droit de publier des communiqués dans lesquels ils se présentent comme les familles des martyrs de l'explosion au port de Beyrouth. Ils représentent uniquement les familles qui partagent leur point de vue", a encore estimé Ibrahim Hoteit. Il a ensuite réitéré ses accusations de politisation à l'encontre du juge Bitar, reprenant les arguments du Hezbollah et de ses alliés.
Ceux-ci exigent le départ du juge qui, malgré les fortes pressions, veut poursuivre plusieurs responsables dans le cadre de son enquête sur l'explosion du 4 août 2020, qui avait fait plus de 200 morts. Mais les responsables politiques refusent d'être interrogés, même si les autorités avaient reconnu que les énormes quantités de nitrate d'ammonium qui ont explosé avaient été stockées au port pendant des années sans précaution. Jeudi, la situation a explosé dans la rue, lorsqu'une manifestation contre le juge Bitar devant le palais de Justice a Beyrouth a dégénéré en affrontements armés entre miliciens du Hezbollah et du mouvement Amal, et d'autres postés dans les quartiers chrétiens adjacents. Les accrochages ont fait sept morts et 32 blessés. La manifestation de jeudi s'est produite après que la Cour de cassation a rejeté des plaintes de députés et ex-ministres à l'encontre de M. Bitar, lui permettant de reprendre ses investigations. Ces violences viennent s'ajouter aux multiples crises politique, économique et sociale dans lesquelles est plongé le Liban, où la classe dirigeante, inchangée depuis des décennies est accusée de corruption, d'incompétence et d'inertie.
commentaires (25)
il s'agit d'un veritable drame, ce pauvre homme qui pleure son frere mais qui est force' de prendre parti pour les criminels qui l'ont massacre' . Le hezbollah est devenu (un pietre) metteur en scene !
Goraieb Nada
07 h 58, le 19 octobre 2021