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Moyen-Orient - Législatives

En Irak, les candidates percent le plafond des quotas

Sur les 329 sièges que compte le Parlement, les femmes en ont remporté 97, dont une partie n’est pas liée à la législation sur leur représentation.

En Irak, les candidates percent le plafond des quotas

Des Irakiennes votent dans un bureau de vote à Bagdad le 10 octobre 2021, lors des élections législatives anticipées. Sabah Arar/AFP

C’est l’autre chiffre à retenir des élections irakiennes : les femmes ont obtenu 97 sièges au sein de l’Assemblée des représentants sur les 329 qui la composent à l’issue du scrutin législatif qui s’est tenu dimanche dernier. C’est 14 de plus que ce qu’elles auraient, de toute manière, pu remporter en vertu des dispositions sur les quotas incluses dans la récente loi électorale ratifiée en novembre 2020. Selon les données de la Commission électorale, 951 candidates ont concouru parmi les 3 249 en lice dans le pays. Certes, il s’agit là d’une participation moindre qu’aux élections précédentes mais cette baisse est en trompe-l’œil puisque généralisée à l’ensemble des concurrents et liée à la nouvelle législation selon laquelle les 18 provinces irakiennes sont transformées en 83 circonscriptions. Toujours selon la loi, un député est élu pour 100 000 habitants et les listes unifiées ne sont plus autorisées. Dans ce cadre qui visait, initialement, à donner plus de chances aux candidats indépendants face aux machines de guerre déployées par l’establishment politique traditionnel, le quota de sièges réservés aux femmes a été conçu comme étant égal au nombre de districts électoraux. En d’autres termes, 83 sièges devaient, quoi qu’il arrive, leur revenir. Des mesures qui s’inscrivent dans un contexte plus large, la Constitution établie en 2005 – à peine deux ans après l’invasion américaine de l’Irak et la chute de Saddam Hussein – garantissant au moins 25 % des sièges parlementaires aux femmes.

Mieux que le quota

Une petite révolution qui trace sa route depuis des années et qui, tacitement, induit, pas à pas, à un changement des mentalités. Preuve en est, 57 parmi les 97 sièges remportés par les femmes l’auraient été indépendamment du quota qui leur est alloué. « Selon les premiers résultats, les femmes représentent jusqu’à 29,5 % du Parlement contre 25 % (plus ou moins, NDLR) aux dernières élections », commente Hanaa Hammoud, coordinatrice dans le centre de l’Irak au sein du réseau Shams pour l’observation des élections. « C’est la loi électorale qui régit les élections et une partie de cette législation conduit à une meilleure représentation des minorités et des femmes. »

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Déjà au cours des précédents scrutins, les premiers balbutiements de cette évolution étaient perceptibles. En 2018, alors que la loi en place réservait près de 81 sièges aux femmes, 84 candidates avaient été propulsées au Parlement. Et près de 30 d’entre elles avaient été élues alors qu’elles étaient en compétition avec des hommes. En 2014, ce chiffre s’élevait à 22. Ainsi, de plus en plus de concurrentes ont de moins en moins besoin du quota pour se distinguer. Un combat de longue haleine. « Il était historiquement difficile pour les femmes de se faire valoir dans l’arène politique, et particulièrement de dépasser le quota imposé par la loi », rappelle Hanaa Mahmood. « C’est une grande victoire d’un point de vue de la visibilité des femmes et de leur appréciation par les électeurs qui, de plus en plus, ont la conviction qu’elles peuvent jouer un rôle dans l’amélioration de la fonction publique », poursuit-elle. Une partie de la population considère effectivement que les femmes sont moins empêtrées que les hommes dans la corruption endémique qui gangrène le pays.

Sans vergogne

Un succès qui sonne comme la continuation du combat plutôt que son aboutissement. Car la participation des femmes en politique fait toujours l’objet de défis multiples. À commencer par son exploitation sans vergogne par les partis traditionnels. Selon un rapport publié l’année dernière par les Nations unies, l’Irak se classe au 70e rang mondial pour la représentation des femmes au Parlement. Elles restent toutefois peu visibles dans les fonctions gouvernementales ou exécutives à grande responsabilité. Alors que 15 % des femmes en lice cette année ont concouru en tant qu’indépendantes – et bien que cette étiquette prête à confusion au vu de sa manipulation par les partis du système afin de désorienter les électeurs – celles qui ont fait campagne pour ces derniers leur ont servi, selon divers analystes, de caution éthique. Dans un entretien avec le média al-Araby al-Jadeed le 1er octobre, le professeur de sciences politiques à l’Université de Bagdad Ghalib el-Zaydi estimaient que « celles qui l’emporteraient ne pourraient pas s’écarter des politiques de ces groupes ». S’il est évident que la classe dirigeante exploite à son profit la loi sur les quotas, il n’en demeure pas moins qu’aux dernières élections, nombre de candidates femmes n’étaient affiliées à aucun mastodonte et se sont fait connaître par leurs combats pour la défense des droits humains ou encore dans le journalisme et l’activisme politique.

Pour autant, les candidates doivent non seulement composer avec des ressources financières moindres que celles de leurs homologues masculins, mais aussi se débattre avec des normes sociales qui restent essentiellement patriarcales, que ce soit entre les quatre murs du foyer ou sur la place publique. Et ce, même si la Constitution nationale dispose dans son article 14 que « les Irakiens sont égaux devant la loi, sans discrimination fondée sur le sexe [...] ». En 2018, plusieurs candidates se sont vu forcées d’abandonner la course du fait des pressions subies. Des intimidations parfois d’une rare violence, comme la diffusion de sex tape fabriquées de toutes pièces et contraignant certaines femmes sur les listes des coalitions issues du système à se retirer. Quant à celles dont la place au Parlement est assurée, elles s’alignent souvent, par choix ou par devoir, sur l’agenda conservateur de leurs partis. La scène politique irakienne est dominée par des formations issues de l’islam politique qui ont, au cours de ces dernières années, réagi par une levée de boucliers à toutes les tentatives visant à introduire, à la demande des organisations de défense des droits humains, une loi sur la violence domestique, avec l’établissement de refuges pour les survivantes et une pénalisation beaucoup plus sévère des crimes d’honneur.

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En avril 2020, Human Rights Watch s’inquiétait d’un regain à cet égard, dans un contexte marqué par le confinement lié à la pandémie de coronavirus. Dans un communiqué de presse, l’organisation rapporte les propos de Wahda Jumaili, alors membre de la commission parlementaire pour les droits humains, selon qui certains collègues auraient bloqué le projet de loi sur la violence domestique parce qu’ils « ne croient pas que l’État doit punir les crimes d’honneur ou les punitions corporelles des parents sur les enfants ». Si les aspirantes députées qui cherchent à défendre des législations plus équitables pour les femmes sont souvent doublement harcelées, des mesures ont cependant été introduites cette année pour protéger les candidates. Elles avaient ainsi la possibilité de signaler directement les abus subis aux enquêteurs judiciaires plutôt que d’en informer la police. Le ministère de l’Intérieur a même consacré des permanences téléphoniques afin de recevoir les plaintes des principales intéressées.

C’est l’autre chiffre à retenir des élections irakiennes : les femmes ont obtenu 97 sièges au sein de l’Assemblée des représentants sur les 329 qui la composent à l’issue du scrutin législatif qui s’est tenu dimanche dernier. C’est 14 de plus que ce qu’elles auraient, de toute manière, pu remporter en vertu des dispositions sur les quotas incluses dans la récente loi...

commentaires (1)

ZUT ALORS..... MEME VOUS LES IRAKIENS VOUS NOUS DEVANCEZ ? ZUT ZUT ET ZUT ENCORE !

Gaby SIOUFI

10 h 18, le 15 octobre 2021

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Commentaires (1)

  • ZUT ALORS..... MEME VOUS LES IRAKIENS VOUS NOUS DEVANCEZ ? ZUT ZUT ET ZUT ENCORE !

    Gaby SIOUFI

    10 h 18, le 15 octobre 2021

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