« Une véritable déclaration de guerre » ; des « diffamations ignominieuses » ; « des propos tellement graves ». La réaction de la presse algérienne depuis samedi suffit à illustrer l’onde de choc provoquée par les propos tenus par le président français Emmanuel Macron le 30 septembre et rapportés le 2 octobre par le quotidien français Le Monde. Lors de cette rencontre organisée par l’Élysée avec dix-huit jeunes dont l’héritage familial est lié à la mémoire de la guerre d’Algérie – descendants de pieds-noirs, de harkis, de militaires français ou encore de militants pour l’indépendance –, le chef de l’État français prononce des mots qui ne passent pas à Alger. Au point de provoquer une crise diplomatique quelques jours plus tard. « Je ne parle pas de la société algérienne dans ses profondeurs mais du système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle, a déclaré Emmanuel Macron, selon les propos rapportés par Le Monde. On voit que le système algérien est fatigué, le Hirak l’a fragilisé. J’ai un bon dialogue avec le président Tebboune, mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur. » Le président français s’aventure par la suite sur un terrain plus dangereux, en allant jusqu’à questionner l’existence d’une « nation algérienne avant la colonisation française ».
Sitôt rapportés, les termes employés par le chef de l’État provoquent une vive réaction du côté des autorités algériennes, qui rappellent immédiatement leur ambassadeur à Paris. Dès le lendemain, Alger interdit aux avions militaires français de survoler le territoire algérien pour rejoindre le Sahel – où 5 000 militaires français sont déployés –, selon des sources militaires françaises.
« Soigneusement pesés »
Tandis que les déclarations d’Emmanuel Macron ont été taxées d’ingérence du côté de la presse algérienne, certains observateurs estiment qu’ils ne doivent rien au hasard. « C’est une sortie de route qui a fait l’effet d’une bombe dans les rapports franco-algériens mais qui a été avant tout calculée par le président français, avance ainsi Hasni Abidi, directeur du centre d’études Cermam à Genève. Dans ce genre de cérémonie préparée à l’avance, les mots sont choisis et soigneusement pesés. » Si le président français décrit un système effectivement mis à mal par la série de manifestations qui secouent l’Algérie depuis le 16 février 2019 afin de réclamer le départ des dignitaires du régime de Abdelaziz Bouteflika – décédé le 17 septembre –, les mots employés tranchent avec la position mesurée adoptée jusqu’à présent par Emmanuel Macron sur le plan diplomatique. « Macron a observé une neutralité vis-à-vis du Hirak. Il n’a jamais réclamé le départ du pouvoir ni soutenu le mouvement de contestation, poursuit Hasni Abidi. De plus, jamais auparavant un président français n’avait parlé de l’évolution politique interne de l’Algérie en utilisant des mots aussi durs. »
À l’approche de l’élection présidentielle prévue en avril 2022, plusieurs observateurs soutiennent que les déclarations d’Emmanuel Macron sont en partie liées à des calculs électoraux. « Le président français a décidé de surenchérir et de jouer une carte qui marche bien, à savoir l’immigration, les visas, le Maghreb et en particulier l’Algérie, estime Dalia Ghanem, chercheuse résidente au Carnegie et spécialiste de l’Algérie. Alors que le mandat de Macron est un échec diplomatique en ce qui concerne ses efforts vis-à-vis du voisin algérien, il a décidé de le finaliser, si je puis dire, sur un échec total en utilisant des mots que la diplomatie condamne. »
« Pas à la hauteur du défi »
Mais le discours d’Emmanuel Macron semble également traduire sa déception et son mécontentement vis-à-vis de l’accueil réservé par les autorités algériennes au chantier mémoriel lancé par la France sur la guerre d’Algérie. Alors que le président français avait décidé de lancer un dialogue autour du génocide rwandais, d’une part, et de la guerre d’Algérie, d’autre part, Alger n’a pas manifesté l’enthousiasme escompté par Paris. Le rapport commandé par Emmanuel Macron à l’historien Benjamin Stora et remis en janvier 2021 en vue de favoriser « la réconciliation entre les peuples français et algérien » a été critiqué par l’Algérie, alors qu’il préconise une série d’« actes symboliques » mais « ni excuse ni repentance ». « Pour Alger, le rapport de Benjamin Stora est un travail conçu et dirigé de manière unilatérale qui ne répond pas aux questions de fond que revendique le pays depuis plusieurs années, commente Hasni Abidi. L’Algérie réclame des excuses de la part du système colonialiste français et estime que la question du chantier mémoriel n’est pas à la hauteur du défi. »
Emmanuel Macron en veut également au gouvernement algérien pour son refus de rapatrier ses ressortissants en situation irrégulière en France. En représailles, Paris avait sanctionné la semaine dernière l’Algérie, le Maroc et la Tunisie en réduisant de 50 % le nombre de visas accordés aux ressortissants algériens et marocains et de 30 % ceux octroyés aux Tunisiens. « On va s’attacher à ce que les étudiants et le monde économique puissent le garder. On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement », a d’ailleurs mis en garde le président français dans les propos rapportés samedi. « Si vous ne coopérez pas pour éloigner des gens qui sont en situation irrégulière et dangereux, on ne va pas vous faciliter la vie », a-t-il ajouté à l’intention des officiels algériens.
Du côté algérien, les autorités n’ont eu d’autre choix que de réagir vivement face à ce qu’elles considèrent comme une humiliation. Cet épisode de tension survient en outre après que l’Algérie a annulé au dernier moment une visite du Premier ministre français Jean Castex prévue en avril dernier, jugeant la délégation française trop petite. « Alger estime avoir été attaqué de front et considère que le président français a franchi une ligne rouge, d’autant plus que le président Tebboune ne cessait de parler de Macron en termes élogieux », commente Hasni Abidi. « Cette déclaration aura des effets à long terme si Macron est réélu », estime de son côté Dalia Ghanem.
Alors que les commémorations du 17 octobre approchent – jour de la répression extrêmement meurtrière, en 1961, par la police française d’une manifestation d’Algériens organisée par la fédération de France du FLN –, le doute persiste sur les actions qu’entreprendra le président français, auquel Benjamin Stora conseillait, dans son rapport, d’effectuer un « geste » mémoriel à cette date. « Cela dépendra beaucoup de la réaction algérienne. Les deux pays ne semblent pas avoir envie d’une crise ouverte alors qu’il y a beaucoup de dossiers à évoquer », observe Frédéric Charillon, professeur des universités en sciences politiques à l’École nationale d’administration, à l’Université de Clermont-Auvergne et Sciences Po Paris. À court terme cependant, cette crise pourrait perdurer. « Cela poussera aussi un peu plus la France dans les bras du voisin marocain », explique Dalia Ghanem, alors qu’Alger et Rabat ont rompu leurs relations diplomatiques en août dernier. « La guerre d’Algérie reste un point de tension majeur entre Paris et Alger sur la scène diplomatique. L’apaisement n’est pas à l’ordre du jour et tant que la question mémorielle ne sera pas résolue, la relation entre Paris et Alger restera la même : une sorte de “je t’aime, moi non plus”, comme cela est le cas depuis 1962 », résume la spécialiste.
Les Français sont intervenus en Algérie pour mettre fin aux attaques Barbaresques qui terrorisaient les populations chrétiennes de Méditerranée depuis plus d'un millénaire . L'Algérie a été occupée par fait de guerre comme beaucoup d'autres pays . Le Monde ayant changé la France a quitté l'Algérie Avec elle sont partis plus d'un million de Chrétiens et de Juifs et des milliers de Musulmans fidèles à la France . Mais que les Algériens cessent de se prendre pour des victimes alors que l'arrivée des Français n'était que la conséquence de leurs razzias au nom de l'Islam et du commerce des esclaves .
11 h 37, le 05 octobre 2021