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Santé - Covid-19

Au Liban, les parents face au dilemme de la vaccination de leurs enfants

Avec l’ouverture, au Liban, de la vaccination aux jeunes de 12-17 ans, les parents commencent à franchir le cap.

Au Liban, les parents face au dilemme de la vaccination de leurs enfants

Pour certains parents, la décision est prise : le vaccin permet de lutter contre l’épidémie et de se protéger. Photo Marc Fayad

En cette rentrée scolaire, les parents, à travers le Liban, se posent la question de la vaccination de leurs enfants contre le Covid-19. Depuis début septembre, l’inscription des personnes ayant 12 ans révolus (nées en 2009) a, en effet, été ouverte sur la plate-forme Impact qui centralise le processus de vaccination.En date du 29 septembre, 25,6 % de la population de plus de 12 ans était totalement vaccinée, selon le ministère de la Santé et Impact. Aujourd’hui, la question de la vaccination se pose d’autant plus que les chiffres de contaminations et de décès sont repartis à la hausse, poussés par les variants, et que la rentrée se faisant globalement en présentiel, les enfants vont être plus exposés.Pour Michèle Kosremelli Asmar, professeure associée, directrice de l’Institut supérieur de santé publique de l’Université Saint-Joseph, « la vaccination des adolescents contre le Covid-19 est aujourd’hui fortement recommandée dès l’âge de 12 ans révolus, car elle participe à la réduction de la circulation du virus. Les études ont démontré que la vaccination des 12-15 ans était efficace et sûre, d’où le passage du groupe d’âge des 16 ans et plus à celui des 12 ans et plus ».

Aujourd’hui, l’on sait que des formes graves et des conséquences tardives sont apparues en cas de contamination, même chez les petits. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne sur dix ressent des symptômes douze semaines après la maladie : fatigue chronique, pertes de mémoire, difficultés de concentration… Des enfants et des jeunes adultes ne souffrant pas de pathologie chronique sous-jacente ont aussi souffert de ces symptômes prolongés.

Pour mémoire

Le vaccino-scepticisme est aussi ancien que la vaccination

Au niveau international, l’Agence européenne du médicament (EMA) a validé l’utilisation du vaccin Pfizer/BioNTech pour les adolescents de 12 à 15 ans, depuis fin mai 2021. En France, où les écoles ont été mises à contribution, la vaccination pour les jeunes de 12 à 17 ans, ouverte depuis la mi-juin 2021, s’est accélérée avec la rentrée. En Angleterre, la vaccination contre le Covid-19 est proposée aux 12-15 ans depuis mi-septembre.

Récemment, le laboratoire américano-allemand Pfizer/BioNTech a annoncé des résultats prometteurs, en ce qui concerne son vaccin, pour les jeunes enfants (cinq à 11 ans), espérant bientôt décrocher le feu vert des autorités de régulation sanitaire. Selon l’AFP, le projet de Pfizer et BioNTech va encore plus loin. « Chez les participants, le vaccin est sûr, bien toléré et présente des réponses robustes en anticorps neutralisants », ont assuré le géant américain Pfizer et son partenaire allemand dans un communiqué. Déjà en mars dernier, les deux laboratoires avaient annoncé que leur vaccin contre le Covid-19 est efficace à 100 % chez les adolescents âgés de 12 à 15 ans, selon les résultats des essais cliniques menés sur 2 260 adolescents aux États-Unis.

Conséquences du Covid vs effets secondaires du vaccin

L’ouverture de la vaccination, au Liban, aux jeunes de plus de 12 ans est venue donc à un moment où les parents libanais étaient sensibles à ces avis scientifiques internationaux.

Pour Jenny, dont la fille aînée a 14 ans, la vaccination a été une évidence. « Elle a eu ses deux doses pendant les vacances d’été alors que nous étions en France. Nous savons déjà que les conséquences du Covid peuvent être graves chez les adolescents, comme la perte de mémoire ou autres, donc pas d’hésitation. En plus, vu l’insouciance de certains parents vis-à-vis du respect des gestes sanitaires, et avec la reprise de l’école et de la vie sociale, l’idée derrière le vaccin est de protéger les enfants avant de penser à la possible contamination de leur entourage. »

Noor, sa fille, se sent à l’abri depuis qu’elle a été vaccinée. « Je sais que les risques de conséquences graves et d’hospitalisation sont moindres. Et je protège ainsi mon jeune frère qui a 10 ans et qui ne peut pas encore se faire vacciner. Avec la reprise de l’école en présentiel, nous retrouvons nos amis et le fait d’être vaccinés nous permet de mener une vie presque normale, évidemment en respectant tous les gestes barrières. » Elle poursuit avec un petit sourire : « J’ai horreur des piqûres, j’ai quand même fait le vaccin et je n’ai pas eu d’effets indésirables. »

Pour mémoire

Traitements anti-Covid: l'armoire à pharmacie se remplit peu à peu

Mirna, maman de trois enfants dont deux de 14 et 13 ans, s’assume, elle, vaccino-sceptique. Pour elle, le Covid est une sorte de grippe, pas plus. « Déjà, moi si je n’y avais pas été obligée de par mon statut d’enseignante à l’école publique, je n’aurais pas fait le vaccin. Allergique, ce n’était pas très conseillé dans mon cas surtout qu’on ne connaît pas encore les conséquences à long terme du vaccin. Avec mon mari, nous n’envisageons pas que nos enfants soient vaccinés. Je n’ai même pas demandé l’avis du médecin sur la question. D’ailleurs, nous menons une vie normale (gym, colonies d’été pour les enfants…) et ne portons le masque que si nous sommes obligés. »

Pour le Dr Robert Sacy, chef du département de pédiatrie de l’hôpital de la Quarantaine, il ne faut surtout pas croire que les adolescents et les enfants sont à l’abri du virus. « Les conséquences du Covid-19 sont beaucoup plus graves que celles éventuelles ou présumées du vaccin », martèle-t-il.

Si certains parents sont décidés, pour ou contre la vaccination, d’autres ne le sont pas encore. C’est le cas de Karim. « Ma fille vient tout juste d’avoir 12 ans, c’est ce qui fait hésiter sa maman. Pour ma part, après en avoir parlé avec le pédiatre et le médecin de famille, je suis convaincu de l’efficacité du vaccin. » Karim renchérit : « Les médecins sont plus en mesure de peser les pour et les contre, et s’ils émettent un avis positif, je ne vois pas pourquoi nous devrions être réticents. Nous avons vu d’assez près les conséquences du virus pour savoir qu’elles pourraient être plus dangereuses pour nos enfants que les éventuels effets secondaires du vaccin. »

Selon la Pr Michèle Kosremelli Asmar, « le type des effets indésirables chez les jeunes de 12 à 17 ans semble être similaire à celui des adultes (en dehors des cas de comorbidité…) ». « L’inquiétude des parents est toujours justifiée. C’est souvent en lien avec le manque d’informations. Il faut adopter un langage simple, compréhensible et réconfortant », ajoute-t-elle.

Les parents sont généralement plus inquiets pour leurs filles. En effet, certaines femmes se plaignent de perturbations menstruelles (cycle perturbé, règles douloureuses…) surtout après la seconde dose de vaccin. L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament en France) parle de troubles temporaires et bénins. Selon les scientifiques, ces perturbations, souvent mal vécues, sont sans gravité et n’affectent pas la fertilité.

« Une arme contre le virus »

De l’avis de Nada, maman de trois enfants de 16, 13 et 7 ans, l’ouverture de la vaccination aux plus jeunes arrive à une période où « nous vivons déjà dans un chaos total ». Comment gérer l’emploi de temps de leurs enfants à l’école en semi-présentiel avec leur travail, comment assurer le transport dans un contexte de pénurie d’essence et d’hyperinflation. « En plus de tous ces soucis, nous sommes devant une décision de santé qui concerne le présent et l’avenir de nos enfants. »

Orthopédagogue, Nada raconte que, de par son métier, elle est confrontée à beaucoup d’avis différents. « Les parents échangent leurs craintes et leurs commentaires contradictoires sur le sujet. Face à la responsabilité qui m’engage en tant que parent, je suis perméable à toutes les informations. Pour nous adultes, la décision est plus facile, mais quand cela engage l’avenir des enfants, elle prend une toute autre tournure. Ce qui nous fait hésiter, c’est qu’il n’y a pas assez de recul pour ce vaccin qui est relativement nouveau. Ce qui ne nous a pas empêché d’inscrire nos deux enfants de plus de 12 ans sur la plate-forme, dès que le ministère de la Santé a ouvert la vaccination à cette tranche d’âge. Avec mon mari, nous avons décidé de suivre l’avis de notre pédiatre en qui nous avons une totale confiance et qui est complètement en faveur de la vaccination. Et voilà, le rendez-vous a été pris. » La rentrée scolaire a-t-elle précipité leur décision ? « Pour nous, la vaccination de nos enfants s’imposait indépendamment de la rentrée. Ce, pour le bien-être des enfants avant de penser à la contamination de l’entourage. » Elle reprend : « Sur un plan purement psychologique, ce vaccin est comme un rempart contre toute l’angoisse que vivent nos enfants avec le retour à un rythme normal après les confinements. Surtout qu’ils n’ont pas eu de vraies vacances d’été à cause des crises que traverse le pays. »

Pour mémoire

Vaccin : les débats sur la troisième dose pour tous s’enchaînent

Jocelyne, maman de jeunes de 15 et 14 ans, est, elle, très pragmatique. « Mes enfants ont déjà reçu la première dose. Laborantine dans un hôpital, j’ai été prioritaire dans le processus de vaccination. Pour moi, le Covid-19 est une épidémie comme toutes les autres, et quand il y a épidémie on se fait vacciner. » Pour elle, il faut s’estimer heureux que le vaccin ait été mis sur le marché relativement assez rapidement au Liban. « Cette défense préventive constitue la seule arme sur le court terme pour combattre le virus. Une fois vaccinés, nous savons qu’en cas de contamination les symptômes seront allégés, que ce soit pour les adultes ou pour les enfants. » Jocelyne avance cet argument après en avoir parlé avec trois pédiatres et un infectiologue qui ont émis un avis favorable.

Elle évoque en plus la crise qui touche le secteur médical au Liban. « Nous vivons dans un pays où l’hospitalisation est difficile et où les médicaments manquent en raison de la crise. Comment alors ne pas se protéger et protéger nos enfants en optant pour la vaccination ? »

« Au Liban nous avons perdu toutes les guerres, au moins nous avons entre les mains ce vaccin qui est une arme contre le virus, ceci permet à nos enfants de se sentir plus forts et d’aller à l’école avec le sentiment d’être protégés et de ne pas se percevoir comme une éventuelle source de contamination », conclut Jocelyne.

En cette rentrée scolaire, les parents, à travers le Liban, se posent la question de la vaccination de leurs enfants contre le Covid-19. Depuis début septembre, l’inscription des personnes ayant 12 ans révolus (nées en 2009) a, en effet, été ouverte sur la plate-forme Impact qui centralise le processus de vaccination.En date du 29 septembre, 25,6 % de la population de plus de 12 ans...

commentaires (1)

93% des décès dus au covid19 concernent les plus de 65 ans. Cette réalité est identique dans tous les pays du monde. Les enfants en bonne santé ne risquent absolument rien, il suffit de consulter les statistiques officielles des décès/des hospitalisation pour le constater. Seuls les enfants avec comorbidité (asthme, diabète, obésité, ...) devraient être vaccinés. Partout la même course vaccinale, partout des conclusions basées sur des études des fabriquants de vaccins. Partout un absence d'analyse, une peur d'aller à l'encontre du discours officiel. Partout un "Big Brother" qui s'installe, dans l'indifférence quasi générale. Sidérant.

Dehaes Laurent

15 h 53, le 05 octobre 2021

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Commentaires (1)

  • 93% des décès dus au covid19 concernent les plus de 65 ans. Cette réalité est identique dans tous les pays du monde. Les enfants en bonne santé ne risquent absolument rien, il suffit de consulter les statistiques officielles des décès/des hospitalisation pour le constater. Seuls les enfants avec comorbidité (asthme, diabète, obésité, ...) devraient être vaccinés. Partout la même course vaccinale, partout des conclusions basées sur des études des fabriquants de vaccins. Partout un absence d'analyse, une peur d'aller à l'encontre du discours officiel. Partout un "Big Brother" qui s'installe, dans l'indifférence quasi générale. Sidérant.

    Dehaes Laurent

    15 h 53, le 05 octobre 2021

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