Il n’y aura pas d’ouverture de la saison de chasse cette année. C’est ce que le ministre de l’Environnement, Nasser Yassine, a annoncé au cours du week-end dernier. Une décision qui vise à lui permettre de dresser un état des lieux de la faune et de la flore. Interviewé par la chaîne LBCI, le ministre de l’Environnement, en poste depuis environ deux semaines, a justifié sa décision par le fait de vouloir réformer la loi pour la régulation de la chasse, votée en 2004. « Nous comptons réexaminer la loi pour la chasse et voir si elle protège bien l’environnement. Nous voulons également nous assurer que certains ne s’adonnent pas à la chasse non réglementée », a déclaré le ministre. M. Yassine n’était pas disponible hier pour un entretien, mais un responsable au sein du ministère, contacté par L’Orient-Le Jour, explique l’annulation de la saison de chasse par la nécessité « de dresser un état des lieux de la situation des oiseaux et de la diversité biologique au Liban ». « L’objectif du ministre est de parvenir à remplacer la loi sur la réglementation de la chasse par une loi pour la protection des oiseaux et de la nature », assure ce responsable qui a requis l’anonymat.
La saison de chasse commence en général vers le 1er septembre pour se terminer vers le 15 février. Elle n’a pas été ouverte à temps cette année, puisque le nouveau gouvernement n’avait pas encore été formé le 1er septembre, et que les ministres sortants ne faisaient qu’expédier les affaires courantes. De plus, « le mandat du Conseil supérieur de la chasse (l’organisme régulateur de cette activité) a expiré en mai dernier », rappelle ce même responsable du ministère de l’Environnement, qui indique que les nouveaux membres de ce conseil n’ont pas encore été désignés.
Craintes d’effets contraires
Dans les rangs des chasseurs militants et engagés pour le développement durable, qui estiment avoir contribué à freiner la chasse non réglementée au fil des ans, la décision du ministre déçoit. Ceux-ci craignent que cette interdiction ne provoque des effets contraires. « Nasser Yassine entend lutter contre la chasse non réglementée, mais le danger de sa décision, c’est que les chasseurs durables et responsables risquent de sentir que leur travail a été vain », estime Adonis Khatib, chasseur responsable depuis des années. « Nous luttons depuis des années contre la chasse non réglementée et nous avons réussi à la freiner. Il y a quelques années, la région de Denniyé était le cimetière des oiseaux migrateurs. Aujourd’hui, la chasse sauvage y est en régression grâce à nos efforts », poursuit-il, avant d’ajouter : « Nous avons contacté le ministre qui a promis de nous recevoir bientôt pour écouter notre point de vue. » « Interdire formellement la chasse n’empêchera pas les débordements pour autant », estime pour sa part Assaad Serhal, directeur de la Société pour la protection de la nature au Liban (SPNL). « Nous sommes pour la réglementation de la chasse et nous remercions le ministre pour son intérêt envers les oiseaux et la nature. Mais nous ne souhaitons pas revenir en arrière, vers l’époque où la chasse était illégale. Nous avons lutté pendant 20 ans pour avoir une loi qui la réglemente », ajoute M. Serhal. Il rappelle que la chasse avait été bannie depuis les années 90 jusqu’à ce que la loi pour la chasse soit votée au début des années 2000, puis appliquée en 2017.
Le patron de la SPNL précise que le pays compte 20 000 chasseurs en règle qui contribuent à lutter contre la chasse sauvage. « Nous venons de libérer trois vautours d’Égypte qui étaient gardés dans un zoo dans le Sud. C’est une espèce en voie de disparition », raconte Assaad Serhal, qui révèle que le groupe dirige deux observatoires pour les oiseaux, à Hammana et au Akkar. L’an dernier, le groupe avait sauvé un rapace bagué, blessé par des chasseurs alors qu’il survolait le Liban. Cet oiseau sera bientôt rapatrié à Prague, en République tchèque.
commentaires (10)
En tout cas devant chez nous tous les chasseurs ignorent la loi. Depuis plus de 3 semaines, tous les matins, c’est pan pan pan au milieu des maisons. Il n’y a pas une limite de 500m à respecter?
Gros Gnon
17 h 20, le 13 novembre 2021