Le patriarche maronite, Béchara Raï, a dénoncé dimanche "des pratiques et des prises de position qui s'opposent à l'entité et aux institutions" du pays, notamment l'acheminement par le Hezbollah de pétrole iranien via la Syrie, sur fond de graves pénuries dans le pays.
Dans son homélie dominicale, le cardinal Raï a, une nouvelle fois, appelé le gouvernement à mettre en œuvre des réformes pour freiner l'effondrement du pays, rappelant que "les circonstances intérieures, régionales et internationales qui ont favorisé sa mise sur pied lui permettent de prendre les mesures urgentes dont le peuple libanais a besoin".
Pratiques qui s'opposent à l'entité du pays
"Un Etat ne peut pas se redresser avec des pratiques et des prises de position qui s'opposent à son entité et ses institutions (...) Certains les considèrent tout simplement des points de divergence, comme si leur résolution n'était pas essentielle", a-t-il critiqué, citant à titre d'exemple "la neutralité et l'impartialité du Liban, la correction des pratiques qui violent la Constitution et l'accord de Taëf, la manière dont les camions-citernes (iraniens, ndlr) sont entrés dans le pays, et l'obstruction de l'enquête sur les explosions au port de Beyrouth".
Quatre convois composés de 80 camions-citernes chargés de carburant iranien étaient arrivés jeudi dans la Békaa. Ces véhicules avaient été acheminés via la Syrie, afin d'éviter que le Liban ne soit directement visé par des sanctions américaines, imposées normalement sur toutes les importations iraniennes et toute transaction financière avec Téhéran. Un nouveau convoi de camions chargés de mazout iranien commandé par le Hezbollah était également arrivé dans le Hermel, au nord de la Békaa, dans la nuit de vendredi à samedi.
Vendredi, le Premier ministre, Nagib Mikati, interrogé sur CNN au sujet de cette affaire, avait déploré une "absence de souveraineté au Liban", indiquant toutefois qu'il ne craint pas que des sanctions américaines visent le pays vu que son gouvernement "n'est pas impliqué" dans cette opération.
"Equipe nationale unifiée"
Commentant l'aggravation des crises économique et financière dans le pays, le chef de l'Eglise maronite a noté que "les circonstances intérieures, régionales et internationales qui ont favorisé la mise sur pied du gouvernement lui permettent de prendre les mesures urgentes dont le peuple libanais a besoin". Il a ainsi rappelé "la nécessité de mettre en place des réformes et de réactiver les roues financière et économique dans le pays, d'assurer une rentrée scolaire et de soutenir de manière équitable les écoles privées et publiques". Il a également appelé à "trouver des solutions à la crise des carburants et de l'électricité et à fermer le poste frontalier où s'effectue la contrebande" de carburants vers la Syrie, qui est également frappée par de graves pénuries.
Le Liban, qui est resté treize mois sans cabinet actif, continue de s'enliser dans la pire crise socio-économique et financière de son histoire contemporaine. Les Libanais, ainsi que les communautés arabe et internationale, espèrent que le nouveau gouvernement mettra en place des réformes pour freiner l'effondrement et relancera des négociations avec le FMI pour débloquer les aides internationales promises. Dans ses homélies dominicales, Mgr Raï appelait souvent les responsablesà former un nouveau cabinet pour faire face aux crises qui détériorent les conditions de vie des Libanais.
"Nous avons remercié Dieu pour la formation d'un nouveau gouvernement, dont le slogan est +Ensemble pour le sauvetage+", a rappelé le patriarche, espérant que le nouveau cabinet "travaillera en tant qu'équipe nationale unifiée qui reflète l'unité de l'Etat pour arrêter la détérioration et lutter contre les opérations permanentes qui visent à ébranler l'Etat et son système démocratique".
Prédominance de l'égoïsme
De son côté, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth Élias Audi a déploré dans son homélie dominicale "la prédominance de l'égoïsme" au Liban, estimant que des parties font primer leur intérêt personnel au détriment du pays. Selon lui, "cela a a fait échouer la relation familiale entre le peuple et les responsables", et a instauré entre eux "de la haine et des conflits".
commentaires (5)
Monseigneur, vous avez perdu toute crédibilité le jour où vous avez renoncé à votre slogan de neutralité de notre pays. On se demande d’ailleurs pour quelle raison vous avez changé de discours et vous vous êtes soumis à la volonté des saboteurs de former eux mêmes un gouvernement à leur image alors que cette image pourrie est loin de représenter le pays et son peuple. Qu’on en nous parle surtout pas de complot extérieur des grandes puissances parce que ce pays est minuscule et qu’il lui est difficile d’échapper au sort que lui mijote les autres pays. La Suisse, l’Autriche, la Norvège, la Suède et bien d’autres petits pays ont su imposer leur neutralité et ainsi leur indépendance parce que leurs responsables politiques et leurs peuple sont patriotique et agissent pour le seul intérêt de leur pays alors qu’au Liban ils sont tous achetables et louables pour l’intérêt des autres pays en l’occurrence ceux qui veulent la mort et la destruction du leur contre des comptes bien fournis et un pouvoir factice. Ces gens devraient être jugés pour haute trahison pour que notre pays se libère de toute ingérence et tant que cela n’est pas fait pour l’exemple nous n’aurons ni nation ni honneur.
Sissi zayyat
14 h 19, le 20 septembre 2021