Rechercher
Rechercher

Culture - Initiative

« Exil », pour un design libanais « abordable et exportable »

L’objectif de ce collectif est de concevoir et de produire au Liban des objets et meubles à la fois accessibles aux amateurs de design locaux et compétitifs à l’export.

« Exil », pour un design libanais « abordable et exportable »

Vingt-cinq jeunes talents du design libanais ont participé à la première collection du collectif Exil. Photo DR

Pour 99 % des jeunes couples vivant au Liban, il est quasiment impossible aujourd’hui de s’offrir la moindre pièce d’ameublement signée d’un designer libanais. Ce sont, pourtant, ces acheteurs potentiels que ciblent, partiellement, les initiateurs du collectif Exil : un regroupement de designers locaux qui vient de se former dans l’objectif de produire un design plus adapté aux nouvelles réalités du marché.

Partant du constat que le design libanais, jusque-là trop exclusivement orienté vers le « Collectible » et les pièces de très haute facture en éditions limitées, risquait de se tarir en cette période de crises aiguës, deux jeunes diplômés de l’école de design de l’ALBA, Tatiana Akl et Youssef Bassil, décident de s’engager dans la voie d’un design moins élitiste, plus démocratique, éthique et abordable.

Coût de production plafonné à 80 dollars

« En fait, indique Tatiana Akl, l’idée est née il y a un an, lors de la vente Piasa d’art et de design libanais à Paris, à laquelle nous nous sommes retrouvés Youssef Bassil et moi-même. En y revoyant des pièces issues de collections réalisées il y a plusieurs années par de grands designers libanais – dont certains avaient été nos professeurs à l’ALBA – et qui n’avaient pas encore été écoulées, nous avons réalisé que la scène de design au Liban ne pouvait plus survivre en restant uniquement axée sur la création de luxe, accessible à moins d’un pour cent de la population. Il était donc temps de se tourner vers une fabrication plus industrielle, d’élaborer un design qui se situerait à mi-chemin des éditions de masse d’un Ikea et des créations artisanales en série très limitées. Et qui serait le fruit d’une communauté de jeunes créateurs rassemblés sous la bannière d’une production d’objets et de meubles éthiques, de belle facture et relativement accessibles au plus grand nombre. »

Lire aussi

Marco Costantini : Il n’y a pas de « design libanais », mais un design extrêmement important au Liban

Pour développer son idée, le duo de jeunes designers commence par établir un cahier des charges posant, entre autres directives de travail, celle fondamentale consistant « à limiter le coût de production à 80 dollars pour n’importe quelle pièce ».

Puis, rejoints par deux autres de leurs condisciples, Antoine Guekjian et Rania Abillama (ex-Over The Counter) ainsi que Joe Geagea, un ami banquier à Genève et grand amateur de design, qui les aidera à monter leur « business plan », ils lancent il y a quelques mois leur projet baptisé Exil. Un label pour le moins paradoxal pour un collectif dont le but ultime est de « contribuer à maintenir la production design au Liban ». Mais que Tatiana Akl explique par son ambition déclarée « d’exporter cette production partout dans le monde ».

Incubateur de design et plate-forme commerciale

La jeune femme, qui vient de boucler son master de design à la Parsons the New School, à Paris, insiste d’ailleurs sur le fait que ce projet est inédit au Liban. Dans le sens où il allie un volet incubateur d’idées conceptrices et une plate-forme commerciale.

Car, outre le fait de démocratiser le design libanais, le projet Exil vise aussi et surtout « à soutenir, encourager et motiver la nouvelle génération de designers (les fraîchement diplômés ou même les étudiants de dernière année) à continuer à traduire leurs concepts en produits industriels réels, malgré la difficulté des temps ». En s’engageant à leur prospecter des débouchés à l’international. Mais aussi en leur assurant une prise en charge des frais de production, en les mettant en contact avec une main-d’œuvre qualifiée et en les faisant bénéficier des conseils apportés par un comité composé, notamment, de designers de renoms, à l’instar des fameux Marc Baroud et Marc Dibeh, ou encore du duo David et Nicolas…

« Plus qu’un site de commerce électronique conçu pour vendre des produits made in Lebanon créés par son écurie de talents locaux, c’est une plate-forme d’apprentissage et de partage, un espace ouvert à tous, offrant des ateliers, des formations et un espace de prototypage que cherche à développer Exil », souligne l’initiatrice et directrice artistique de ce collectif, dont la première collection sera dévoilée le 8 novembre dans le cadre de la Dubaï Design Week.

Les initiateurs du projet "Exil". Photo D.R.

Une trentaine de petites pièces « désirables et abordables » – luminaires, miroirs, vases, tabourets et accessoires divers – conçues et réalisées dans une optique de réponse efficace aux nouvelles demandes du marché, par 25 jeunes talents. Parmi lesquels se sont glissées des figures phares du design libanais, comme Nada Debs, Thomas Trad ou encore les Sayar et Garibeh, « elles aussi désireuses de participer à la promotion de la créativité et du savoir-faire du pays du Cèdre ».

Cette première édition sera suivie d’autres consacrées « à du mobilier de plus grande ampleur », promet Tatiana Akl. Laquelle, avec ses quatre associés, semble déterminée à mener à bien cette ambitieuse initiative d’adaptation du design libanais aux nouvelles contingences sociales et économiques. Un projet à suivre donc de plus près, dans les mois à venir…

Pour 99 % des jeunes couples vivant au Liban, il est quasiment impossible aujourd’hui de s’offrir la moindre pièce d’ameublement signée d’un designer libanais. Ce sont, pourtant, ces acheteurs potentiels que ciblent, partiellement, les initiateurs du collectif Exil : un regroupement de designers locaux qui vient de se former dans l’objectif de produire un design plus adapté...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut