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Société - Colloque

L’École catholique annonce des réformes et une rentrée en présentiel

La France prévoit une aide de six millions d’euros à l’enseignement français au Liban.

L’École catholique annonce des réformes et une rentrée en présentiel

Moment de recueillement avant la cérémonie d'ouverture du 27e colloque des Écoles catholiques. Photo ANI

Faire « émerger de nouveaux possibles » dans un Liban en effondrement généralisé. En cette rentrée scolaire marquée par une grave pénurie de carburants et toujours sous la menace du Covid-19, le secrétariat général des Écoles catholiques (SGEC-L) se lance le défi d’engager les réformes nécessaires pour un changement radical. Car en ces temps de crise aiguë qui ont vu départs massifs d’enseignants dont les salaires ne valent plus rien et migration record d’élèves vers l’étranger ou le secteur public, l’École catholique n’a pas toujours réussi à apporter les réponses nécessaires malgré des écolages élevés, s’attirant les foudres de parents d’élèves rattrapés par la crise.

C’est sur cette promesse de refonte, car l’après-crise doit être impérativement différent d’avant la crise, que s’est ouvert hier au Collège Notre-Dame de Louaizé, à Zouk Mosbeh, le 27e colloque des Écoles catholiques. L’occasion pour le nouveau ministre de l’Éducation, Abbas Halabi, représentant le chef de l’État, de confirmer « la rentrée scolaire en présentiel », et pour le représentant de l’ambassadrice de France, Henri de Rohan-Csermak, conseiller culturel adjoint chargé de l’enseignement français, d’annoncer « une aide de Paris à l’enseignement français au Liban de six millions d’euros (qui bénéficiera à 10 000 élèves). Cette aide ne servira pas à perpétuer un système devenu caduc mais à assurer la pérennité d’un projet éducatif rénové qu’il vous appartient de construire », a-t-il lancé. Un projet qui permettrait d’éduquer de futurs citoyens au service d’une nation et non des individus voués à l’émigration.

La nécessaire éducation à l’amour du pays

Alors que les précédentes assises des Écoles catholiques revêtaient un caractère très critique envers l’État depuis l’adoption en août 2017 de la très controversée loi 46 qui accorde aux enseignants d’importants avantages salariaux, l’événement d’hier s’est déroulé dans une ambiance d’apaisement, voire d’échanges d’intentions de coopération entre le ministère de l’Éducation et le SGEC-L, organisateur du colloque. Et ce, à l’heure où le cabinet Mikati vient d’être formé (vendredi dernier) et que le ministre Halabi est une personnalité appréciée du monde éducatif.

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Cette volonté déclarée de coopération n’est en revanche pas un blanc-seing de l’École catholique au nouveau gouvernement. Lors d’une allocution très attendue, le patriarche maronite, Béchara Raï, a souligné que « le peuple libanais et les communautés arabe et internationale attendent que le nouveau gouvernement sorte le Liban de la situation difficile dans laquelle il se trouve ». « Le peuple libanais a besoin de vous, tous les regards convergent vers vous », a-t-il ajouté à l’attention du nouveau cabinet. Mgr Raï a également indiqué que « le Liban a besoin d’une nouvelle éducation à l’amour du pays », précisant que « les Écoles catholiques accueillent tous les élèves, dans toutes les régions ». Treize mois après la démission du cabinet de Hassane Diab dans la foulée des explosions meurtrières du port de Beyrouth, tous les regards convergent en effet vers le nouveau gouvernement à qui incombe la lourde tâche de freiner l’effondrement socio-économique et financier du pays et de mettre en œuvre des réformes permettant de débloquer les aides financières internationales.

Dans la foulée des allocutions, les autorités ont été invitées à développer les nouveaux programmes scolaires. « Le CRDP (Conseil de recherche et de développement pédagogique) doit développer les programmes scolaires inutilement lourds. Il doit aussi aller dans le sens des besoins de la jeunesse », a préconisé le président de la Commission épiscopale des Écoles catholiques, l’évêque Hanna Rahmé.

L’appel du nonce apostolique

A également été réitéré l’appel du SGEC à la prise en charge par l’État des six échelons exceptionnels attribués par la loi 46 aux enseignants du secteur privé (et aux fonctionnaires). Échelons qui n’ont toujours pas été accordés aux enseignants par la grande majorité des Écoles catholiques. « L’État est la solution », a ainsi martelé le nouveau secrétaire général des Écoles catholiques, le père Youssef Nasr, écorchant au passage la « classe politique corrompue qui privilégie ses intérêts personnels au détriment de ceux de la nation ». La crise étant « l’occasion idéale pour une autocritique », le père Nasr a fait part de la volonté de l’institution de se pencher sur la (bonne) « gouvernance » et annoncé les grandes lignes de la réforme de l’École catholique, qui consistent à « préserver la mission de l’enseignement catholique en renforçant les institutions », à « privilégier l’éducation de l’ensemble des élèves du pays et pas seulement ceux issus des classes aisées », « à accorder aux enseignants leurs droits ».

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C’est dans ce cadre qu’a retenti l’appel du nonce apostolique Joseph Spiteri, aussi bien au nouveau cabinet ministériel (en regardant le ministre de l’Éducation) qu’à l’École catholique du Liban. « Nous attendons beaucoup de vous », a-t-il dit à l’adresse de Abbas Halabi.« Mais nous voulons nous assurer que les Écoles catholiques du Liban resteront au service de toute la nation », a-t-il poursuivi, invitant les institutions catholiques à prendre « un nouvel élan vers les périphéries », autrement dit « à se tourner vers tous les habitants du pays du Cèdre », particulièrement « les appauvris, cette nouvelle catégorie sociale née de la crise ». Une conversion nécessaire, a-t-il estimé, rappelant que « chaque conversion est le fruit d’une crise ».


Faire « émerger de nouveaux possibles » dans un Liban en effondrement généralisé. En cette rentrée scolaire marquée par une grave pénurie de carburants et toujours sous la menace du Covid-19, le secrétariat général des Écoles catholiques (SGEC-L) se lance le défi d’engager les réformes nécessaires pour un changement radical. Car en ces temps de crise aiguë qui ont vu...

commentaires (1)

Il faut avouer que l'école catholique n'est pas toujours catholique. Le directeur d'un grand établissement du genre, ajoutait chaque année entre 8 à 10% sur la scolarité, et ceci il y a une dizaine d'années où la monnaie était très stable. En lui demandant la raison de ces hausses successives sans fin, et d'année en année, il répondait que la loi lui autorisait d'ajouter 15% sur la scolarité chaque année ! On lui répondait que selon son raisonnement, la scolarité doublerait sans raison en l'espace de 5 ou 6 ans ! Il s'en fichait pas mal.

Esber

08 h 03, le 16 septembre 2021

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Commentaires (1)

  • Il faut avouer que l'école catholique n'est pas toujours catholique. Le directeur d'un grand établissement du genre, ajoutait chaque année entre 8 à 10% sur la scolarité, et ceci il y a une dizaine d'années où la monnaie était très stable. En lui demandant la raison de ces hausses successives sans fin, et d'année en année, il répondait que la loi lui autorisait d'ajouter 15% sur la scolarité chaque année ! On lui répondait que selon son raisonnement, la scolarité doublerait sans raison en l'espace de 5 ou 6 ans ! Il s'en fichait pas mal.

    Esber

    08 h 03, le 16 septembre 2021

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