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Société - Santé mentale

Prévention du suicide : 60 % des personnes qui appellent la hotline nationale ont moins de 35 ans

Embrace a organisé dimanche sa marche annuelle, « Into the dawn walk ».

Prévention du suicide : 60 % des personnes qui appellent la hotline nationale ont moins de 35 ans

Les participants à la marche, « Into the dawn walk » d'Embrace sur le front de mer, dimanche. Photo DR

À l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide, l’ONG Embrace a organisé sa marche annuelle, « Into the dawn walk », dimanche matin à 5h, près de la Grotte aux pigeons, sur le front de mer. Un moment symbolique à la mémoire de personnes qui ont mis fin à leurs jours. À cette occasion, Mia Atoui, cofondatrice d’Embrace, explique, dans un texte traduit vers le français par Ghada Jabak, les raisons qui ont motivé la fondation de cette ONG ainsi que les défis auxquels celle-ci est confrontée.

« Lorsque Embrace a lancé il y a quatre ans la hotline nationale pour la prévention du suicide (1564) en collaboration avec le Programme national de santé mentale, nous ignorions comment cette initiative serait accueillie dans un pays comme le Liban où l’on n’avait que récemment commencé à parler de santé mentale, et dont le ministère de la Santé venait tout juste de lancer un programme dédié à celle-ci. Nous savions cependant qu’il y avait un problème de santé publique invisible, qu’en moyenne nous perdions une vie par suicide tous les deux jours, et qu’après avoir été frappés par une pandémie mondiale en 2020, il fallait continuer à suivre les taux de mortalité quotidiens. Nous savions que dans un foyer sur quatre, une âme souffrait et que rien n’était fait pour alléger cette souffrance », affirme d’emblée Mme Atoui, qui expose ensuite les outils nécessaires pour une amélioration de la santé mentale des Libanais et donc pour une prévention des cas de suicide. Des outils rendus d’autant plus nécessaires, que, selon la cofondatrice d’Embrace, ce sont les jeunes qui sont aujourd’hui les plus exposés à ce danger. « Nos jeunes, le principal moteur de notre société et les bâtisseurs de notre économie, sont les plus touchés par ce phénomène : 60 % des appelants en détresse sur la hotline nationale ont moins de 35 ans et 63 % des personnes qui sollicitent des services de santé mentale dans nos cliniques spécialisées ont entre 18 et 35 ans », révèle-t-elle.

Pour mémoire

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« Nous savons maintenant que les efforts de prévention du suicide fonctionnent lorsqu’il y a une planification appropriée, une bonne gouvernance, des outils fondés sur des données probantes, des efforts de collaboration et d’inclusion, un leadership fort et des citoyens dévoués dans une société », poursuit-elle, en préconisant la mise en place de « systèmes publics qui fonctionnent équitablement pour le bien public ». Après avoir mis l’accent sur l’importance de la sensibilisation, Mme Atoui regrette que les efforts de prévention « ne fassent toujours pas partie intégrante de notre culture ». « La sensibilisation favorise la croissance et la liberté. Or la culture de la liberté fait défaut : liberté de faire des choix différents, audacieux, qui vont à l’encontre des normes et des pratiques qui nous ont été imposées », déplore-t-elle, avant de souligner l’importance de parler quand on va mal. « Parler sauve des vies. (…) Nous avons constaté comment une oreille compatissante prêtée sans jugement à quelqu’un dans le besoin pendant une période sombre peut donner de l’espoir et même reconstruire des âmes », explique-t-elle encore, en relevant cependant la nécessité « pour maintenir cette magie, de combattre les systèmes qui favorisent les conflits, les préjugés, les différences interpersonnelles, le sectarisme et la discrimination ».

Mia Atoui plaide en outre pour la mise en place de systèmes de détection précoce des maladies mentales, en même temps que d’une panoplie de mesures éducatives, sanitaires, économiques et sociales pour combattre le suicide : « Faire en sorte que les soins de santé mentale fassent partie des soins de santé universels, gérer une hotline de prévention de suicide, intégrer la santé mentale dans le système éducatif dès le plus jeune âge, renforcer les soutiens économiques qui offrent aux citoyens une sécurité financière basique, sauvegarder les politiques qui protègent les femmes contre la violence et les abus et transformer les politiques organisationnelles pour protéger les travailleurs sur le lieu de travail contre les menaces d’abus, d’intimidation et de discrimination. »

La cofondatrice d’Embrace rend également un vibrant hommage aux jeunes qui opèrent derrière la hotline nationale : « Ce sont de puissants combattants. Ils se mettent au service des autres gratuitement, mais savent qu’ils ont besoin de se soigner pour pouvoir prendre soin des autres. Aussi, ils priorisent leur santé mentale tout en incarnant la tolérance et l’empathie, le dynamisme et la passion. Ils n’abandonnent pas lorsque les temps sont durs. Ils se battent pour la justice et la liberté. Ils veillent à ce que les droits de chaque citoyen soient respectés sans préjudice ni discrimination. Ce sont les vrais citoyens du Liban. »

Faisant remarquer que le pays est en train de perdre sa jeunesse, Mia Atoui assure que le plus grand combat d’Embrace « est de retenir ceux qui restent, ramener ceux qui sont partis et leur redonner l’espoir de mieux reconstruire leur version de demain ».

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