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Société - Interview express

Hiba Dandachli : Le suicide n’est jamais la solution

Hiba Dandachli : Le suicide n’est jamais la solution

Selon Hiba Dandachli, l’ONG Embrace connaît une augmentation importante du nombre d’appels à sa «  Ligne de la vie  ». Photo DR

Avec la multiplication des cas de suicides recensés, même parmi les jeunes, sur fond d’aggravation brutale de la crise socio-économique, la directrice des relations publiques à l’ONG Embrace, qui dispose d’une ligne d’écoute au 1564, appelle à faire comprendre aux personnes ayant des pensées suicidaires qu’elles peuvent compter sur l’aide de leurs proches.

Quelles sont les raisons qui peuvent pousser un individu au suicide ?

La concordance de trois facteurs peut pousser un individu à passer à l’acte. D’abord, il y a le facteur médical et biologique, une fragilité psychiatrique liée à un cas médical qu’il faut traiter. Ensuite, il y a le facteur personnel. Il peut s’agir d’un événement ou d’une situation personnelle qui cause à l’individu un profond désarroi. Enfin, il y a le facteur externe lié à des conditions sociétales ou économiques difficiles et, en ce moment, ce n’est pas cela qui manque au Liban.D’ailleurs, nous connaissons une augmentation importante du nombre d’appels que nous recevons sur notre « Ligne de la vie » (LifeLine) au 1564. En mai 2021, nous avons reçu quelque 1 015 appels, contre 700 appels en avril (une augmentation de 43 %, NDLR). En juillet, le nombre d’appels était de 857, malgré les coupures de courant incessantes.

Cette évolution du nombre d’appels que vous recevez est-elle accompagnée d’une augmentation marquée du nombre de suicides recensés au Liban ?

Pour le moment, nous n’avons pas observé de grande vague suicidaire, malgré les difficultés socio-économiques que le pays connaît. Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs. D’abord, au niveau global, la pandémie de Covid-19 a radicalement modifié notre perception de la santé mentale. De plus en plus de gens s’intéressent à ce sujet, font attention à ce qu’ils ressentent et à leur mode de vie et prennent rendez-vous chez des spécialistes pour tenir mentalement. On observe en général une diminution des chiffres liés au suicide lors de catastrophes d’origine naturelle et humaine.Le Liban n’est pas une exception, surtout que le mouvement de contestation du 17 octobre a également contribué à éveiller les consciences sur l’importance de la santé mentale, mais aussi de la solidarité entre les citoyens. Celle-ci a été révélée au grand jour et même amplifiée par la double explosion du 4 août 2020. Beaucoup de Libanais se sont mobilisés dans le cadre d’un mouvement populaire et spontané d’entraide sociale et humanitaire. Les gens ont senti que nous étions tous logés à la même enseigne. C’est essentiel pour aider les gens à comprendre que le suicide n’est jamais la solution. Cependant, petit à petit, à mesure que le pays s’enfonçait dans la crise, cette force collective s’est épuisée et a été remplacée par une impression de désespoir et de lassitude. Récemment, nous percevons effectivement de plus en plus de cas, même si nous ne pouvons pas partager de chiffres officiels.

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Face à cette situation, quels signes faut-il guetter pour identifier les personnes qui ont des pensées suicidaires ?

Il est très important d’avoir une attitude préventive face au suicide. Pour ce faire, les proches doivent bien sûr identifier certains signes potentiels. Par exemple, les personnes ayant des pensées suicidaires ont souvent tendance à agir avec imprudence, que ce soit en conduisant trop vite ou en abusant de certaines substances comme l’alcool ou la drogue. Les personnes à risque ont également tendance à éviter les sorties entre amis, à rester seules et silencieuses et à avoir un appétit réduit.

Si ces signes se manifestent, il faut faire en sorte que ces individus ne se sentent pas seuls et qu’ils puissent compter sur l’aide de leur famille et de leurs amis. Embrace, en partenariat avec le programme national de santé mentale du ministère de la Santé, est aussi prête à leur venir en aide en leur offrant une oreille attentive.

Il faut également faire vraiment attention à ne pas véhiculer des idées suicidaires, à travers les lettres de suicide, les informations non vérifiées ou la glorification par les médias de personnes ayant commis un suicide.

Avec la multiplication des cas de suicides recensés, même parmi les jeunes, sur fond d’aggravation brutale de la crise socio-économique, la directrice des relations publiques à l’ONG Embrace, qui dispose d’une ligne d’écoute au 1564, appelle à faire comprendre aux personnes ayant des pensées suicidaires qu’elles peuvent compter sur l’aide de leurs proches. Quelles sont les...

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