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Société - Pénuries au Liban

L'Ordre des médecins porte plainte contre toute personne stockant illégalement des médicaments

"Il est du droit des Libanais de connaître l'identité des personnes ayant accaparé les médicaments, des procédures qui seront engagées à leur égard et du devenir des produits saisis", lance Charaf Abou Charaf. 

L'Ordre des médecins porte plainte contre toute personne stockant illégalement des médicaments

Un volontaire stockant des médicaments acheminés au Liban grâce à la diaspora , le 12 juillet dans la localité de Mazraat al-Daher, au Mont-Liban. Photo d'archives AFP / JOSEPH EID

Au moment où de nombreux médicaments sont quasi introuvables sur le marché local en raison des pénuries que connaît le Liban et du stockage illégal de ces produits, le président de l'Ordre des médecins de Beyrouth, Charaf Abou Charaf, a annoncé que son organisation s'était constituée partie civile dans une plainte déposée contre X visant à poursuivre toute personne qui accapare des stocks de médicaments. 

Lors d'une réunion consacrée à l'étude de "la politique pharmaceutique et les monopolistes de médicaments au Liban", le médecin a affirmé qu'il avait déposé, au nom de l'Ordre, une plainte contre X et contre toute personne qui agit directement ou comme complice dans le stockage illégal de médicaments ou de lait infantile, visant à faire ultérieurement des profits en les revendant au prix fort une fois les subventions supprimées. "Ces actes criminels mettent la vie des gens en danger", a-t-il déclaré. Le Dr Abou Charaf a dès lors appelé le pouvoir judiciaire à lancer des "procès justes, rigoureux et rapides à l'égard des personnes qui accaparent les médicaments, à imposer les peines les plus sévères à leur égard, indépendamment de leur affiliation (partisane ou communautaire, ndlr), et à leur retirer leurs licences" professionnelles, le cas échéant.

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La banque centrale, qui subventionne depuis le début de la crise économique et financière en 2019 l'importation des médicaments, avait commencé à ralentir l'application de ce mécanisme, ses réserves ayant atteint un seuil critique. Le ralentissement de ce mécanisme ainsi que la contrebande et le stockage illégal ont donc provoqué des pénuries de nombreux produits. C'est dans ces circonstances que le ministère de la Santé, Hamad Hassan, avait annoncé au cours du mois de juillet que les médicaments dont le prix est inférieur à 12.000 LL et ceux qui peuvent être trouvés dans les centres de santé primaires, ne seraient plus subventionnés. En revanche, les médicaments pour le traitement des maladies chroniques, incurables, psychiques et nerveuses, ainsi que le lait pour nourrissons et les vaccins demeurent jusqu'à présent  subventionnés.

"Marchandise commerciale"
Charaf Abou Charaf a par ailleurs salué les efforts menés par le ministère de la Santé, l'armée libanaise et les forces de sécurité qui se sont activés au cours des dernières semaines en perquisitionnant plusieurs entrepôts de médicaments stockés illégalement. "Il est du droit des Libanais de connaître l'identité des personnes ayant accaparé les médicaments, des procédures qui seront engagées à leur égard et du devenir des produits saisis", a noté le médecin. A plusieurs reprises, les forces de sécurité ont annoncé avoir saisi des stocks de médicaments dans des entrepôts ou des pharmacies. Le mois dernier, des traitements contre le cancer, en partie périmés, avaient été saisis chez l'ex-président de l'ordre des pharmaciens.

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Le spécialiste a par ailleurs déploré le fait que le médicament soit devenu "une marchandise commerciale permettant de faire des profits rapides". Il a dans ce cadre rappelé la nécessité de mettre en place un système d'ordonnance médicale uniformisée afin d'éviter la contrebande ou le stockage illégal, d'avoir recours à des médicaments génériques et de surveiller les prix dans les officines. Le Dr Abou Charaf a enfin espéré que la carte du médicament lancée au début du mois par le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, soit bien appliquée. Ce projet vise à réduire les factures des patients, à assurer que les médicaments leur soient bien fournis, à mettre un terme à leur contrebande et leur falsification, à garantir l’accès aux produits subventionnés par la Banque du Liban et à empêcher leur stockage, y compris par les particuliers.

Par ailleurs, les commissions parlementaires mixtes ont étudié dans la journée des propositions de loi sur la question de l'accaparement des denrées, "un sujet devenu central dans la vie des citoyens", a annoncé le vice-président du Parlement, Elie Ferzli. Il a souligné qu'un autre texte sur la concurrence commerciale et qui évoque le sujet du stockage des produits, est également à l'étude et que d'autres députés ont également présenté des textes sur la contrebande. "La commission en charge de l'étude de la loi sur la concurrence va étudier tous ces textes et des résultats sont attendus en commissions mixtes d'ici 15 jours", a-t-il souligné. 

Hamad Hassan avait affirmé il y a plus de deux semaines que "la crise des médicaments est en voie de résolution", ces produits devant être importés au cours "des prochains jours". Aucune résorption de la crise n'a toutefois été ressentie sur le terrain. Faute de médicaments et d'équipements médicaux, les hôpitaux et les officines lancent régulièrement des cris d'alarme, mettant en garde contre un "scénario catastrophique" si les autorités ne prennent pas les mesures nécessaires pour trouver une issue à la crise.

Le mois dernier, l'Ordre des médecins avait également mis en garde sur la situation générale des soins de santé au Liban, qui sont "au bord de l'effondrement", déplorant le fait qu'"aucun responsable ne répond à l'appel". Le Dr Abou Charaf avait exhorté le ministère à assurer l'accès aux "vaccins et médicaments nécessaires pour les enfants afin d'éviter la résurgence de maladies qui avaient été préalablement éradiquées".

Au moment où de nombreux médicaments sont quasi introuvables sur le marché local en raison des pénuries que connaît le Liban et du stockage illégal de ces produits, le président de l'Ordre des médecins de Beyrouth, Charaf Abou Charaf, a annoncé que son organisation s'était constituée partie civile dans une plainte déposée contre X visant à poursuivre toute personne qui accapare des...

commentaires (3)

Du cinéma de catégorie Z. Vous auriez du assigner l’Etat pour manquement à ses devoirs de base envers le citoyen. Et aussi, vous pourriez demander à certains de vos médecins adhérents de conserver leurs honoraires à des niveaux abordables. La crise n’est pas seulement pour les citoyens ordinaires mais pour les médecins aussi qui doivent accepter de baisser leur niveau de vie. Pour plus de clarté, cette critique s’adresse à une partie des médecins car beaucoup de médecins libanais n’ont pas oublié leur serment d'Hippocrate et n’ont augmenté que modérément leurs honoraires

Lecteur excédé par la censure

22 h 04, le 08 septembre 2021

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Commentaires (3)

  • Du cinéma de catégorie Z. Vous auriez du assigner l’Etat pour manquement à ses devoirs de base envers le citoyen. Et aussi, vous pourriez demander à certains de vos médecins adhérents de conserver leurs honoraires à des niveaux abordables. La crise n’est pas seulement pour les citoyens ordinaires mais pour les médecins aussi qui doivent accepter de baisser leur niveau de vie. Pour plus de clarté, cette critique s’adresse à une partie des médecins car beaucoup de médecins libanais n’ont pas oublié leur serment d'Hippocrate et n’ont augmenté que modérément leurs honoraires

    Lecteur excédé par la censure

    22 h 04, le 08 septembre 2021

  • Le dit ministre de la sante Hamad Hassan avait affirmé il y a plus de deux semaines que "la crise des médicaments est en voie de résolution", ces produits devant être importés au cours "des prochains jours". MENTEUR

    Michel Trad

    21 h 32, le 08 septembre 2021

  • La mouche du coche en somme.

    Nadim Mallat

    16 h 15, le 08 septembre 2021

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