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Lifestyle - Disparition

Le cinéma français en deuil, son tendre voyou Bébel est parti

Jean-Paul Belmondo, monstre sacré et figure inoubliable du cinéma français, est décédé hier lundi à son domicile à Paris à l’âge de 88 ans, a annoncé son avocat à l’AFP. « Il était très fatigué depuis quelque temps. Il s’est éteint tranquillement. »

Le cinéma français en deuil, son tendre voyou Bébel est parti

Le 4 avril 1996, Jean-Paul Belmondo feuillette sa biographie sur une terrasse parisienne. Vincent Amalvy / AFP

On l’avait surnommé Bébel (évoquant ainsi le personnage de Pépel dans le film Les bas-fonds de Jean Renoir) mais pour les cinéphiles de notre génération, il était Le magnifique, L’as des as, Le marginal , Le tendre voyou et surtout un sacré (Le) professionnel.

Avec la mort de Jean-Paul Belmondo à 88 ans, le 7e art perd une de ses figures les plus populaires, un acteur sachant tout faire sans se prendre trop au sérieux, des films d’action aux plus belles heures du cinéma d’auteur. L’interprète aux 80 films est décédé lundi à la mi-journée, a annoncé sa famille dans un communiqué transmis par leur avocat à l’AFP. « Jean-Paul s’est éteint aujourd’hui (lundi). Il est parti rejoindre ses vieux complices du Conservatoire. Son sourire sincère sera toujours là », écrit dans un communiqué sa famille, évoquant la disparition de son « pilier ». L’acteur, qui avait été hospitalisé en début d’année pour une fatigue générale, est décédé, entouré des siens, à son domicile parisien.


Jean-Paul Belmondo le 5 décembre 2016. Joel Saget / AFP

Belmondo n’a jamais été À bout de souffle pour aucune des cascades qu’il réalisait lui-même ou même pour ses fameuses facéties. Pour se présenter dans Le professionnel à Pierre Vernier en lui adressant un coup de poing en guise de réplique, il dira « Josh Beaumont, espionnage et châtaignes. » Ce qui faisait de lui à la fois un acteur de comédie et de film d’action. Acteur le plus populaire de France, digne héritier de la lignée de Jean Gabin qui alliait lui-même la comédie aux films d’action, il a tourné d’abord dans des films d’auteur avec la Nouvelle Vague comme Jean-Luc Godard (À bout de souffle et Pierrot le fou) et François Truffaut (La sirène du Mississippi) puis plus tard des comédies plus populaires avec des réalisateurs comme Henri Verneuil, Jean-Pierre Melville et Gérard Oury.

Fils du sculpteur Paul Belmondo (dont il fera vivre l’œuvre après sa mort et honorera le nom) et d’une artiste peintre nommée Madeleine, l’acteur aux plus de 80 films, né à Neuilly-sur-Seine le 9 avril 1933, était un élève turbulent plus amateur de sport que d’études, féru notamment de boxe qu’il pratiquera longtemps. Mais il est très vite attiré par la scène et prépare chez Raymond Girard l’entrée au Conservatoire, où il est admis en octobre 1952. Formé par Pierre Dux, il en sort cinq ans plus tard, peu apprécié du jury mais adoré par ses camarades comme Jean-Pierre Marielle, Claude Rich, Jean Rochefort, Bruno Cremer, Françoise Fabian, Pierre Vernier. Son premier succès a pour nom Oscar en 1958, une pièce qu’interprétera par la suite Louis de Funès au cinéma. Il a pour partenaire Pierre Mondy. Son talent est très vite repéré par Jean-Luc Godard, alors critique aux Cahiers du cinéma. Pourtant, Jacques Becker le refuse pour le film Le trou parce qu’il n’aimait pas sa voix. Cette voix si particulière, à la fois railleuse, douce et musicale qui le distinguera.


Le 23 septembre 1980, Jean-Paul Belmondo, sa maman Madeleine Belmondo et Alain Delon lors de la cérémonie de remise de la Légion d’honneur à Belmondo. Photo AFP

Le dernier des héros

Bébel est l’un des derniers héros romantiques. Il partagera l’écran avec de belles femmes comme Catherine Deneuve, Laura Antonelli ou Ursula Andrews, mais aussi avec Alain Delon avec qui il formera un tandem de choc. On leur prêtera à tort une rivalité, alors que les deux acteurs étaient liés par une amitié fidèle. « Lui et moi, c’est le jour et la nuit », confiait-il pourtant.

Hier, Alain Delon se disait « complètement anéanti » par l’annonce de la mort de Belmondo avec qui il avait joué dans plusieurs films, dont Borsalino (1970).

Belmondo était celui qui s’implique à fond dans un film sans craindre les cascades qu’il s’enorgueillissait d’exécuter en personne. On se souvient de lui dans cette course sur le toit d’un métro en marche dans Peur sur la ville, ou encore accroché à un hélicoptère au-dessus de Venise dans Le guignolo. Jean-Paul Belmondo laisse derrière lui le souvenir d’un acteur physique et plein d’humour (Le cerveau). Ses rôles taillés pour son physique de boxeur lui vaudront ses plus grand succès publics : L’homme de Rio de Philippe de Broca (4,8 millions d’entrées en 1964), Le professionnel (1981) de Georges Lautner et L’as des as (1982) de Gérard Oury (plus de 5 millions d’entrées).


Dans cette photo d’archives datant du 1er janvier 1960, Jean Paul Belmondo (au centre, avec une balle de rugby) avec le chanteur Sacha Distel (derrière Belmondo) et l’acteur Claude Brasseur (2e à gauche) discutent avec des joueurs de rugby à Paris. Photo AFP

En 2001, un accident vasculaire le fait disparaître de la scène et de l’écran. Mais pas de K-O pour ce boxeur ! Cette attaque cérébrale survenue lors d’un tournage en 2001 le diminue certes, affectant notamment son élocution, mais n’atteint pas sa sympathie et son courage. Bébel répond malgré tout présent lors des cérémonies comme en 2017, où il reçoit un césar d’honneur.

« Tout jeune, quand j’allais au théâtre, tout le monde trouvait que j’avais une sale gueule. Alors, une fois ça va, deux fois ça va, trois fois, non ! Ma mère m’a dit : comme ton père, tu devras avoir du courage. Et je n’ai jamais manqué de courage, ce qui fait que je suis là », lançait-il alors devant ses proches et le monde du cinéma français réuni.

Ce bon vivant était père d’un clan très soudé et uni : quatre enfants de deux unions (dont une fille, Patricia, décédée). Il a su transmettre à Paul, son fils, son amour du sport, puisque celui-ci fera une carrière de pilote automobile, et à Victor, son petit-fils, l’amour du cinéma qui fait à présent des débuts prometteurs. Cher Bébel, vous allez rejoindre la légion de vos amis disparus avant vous : les Rochefort, Marielle, Noiret, Crémer ou Rich. Ceux-là mêmes avec qui vous avez écrit les plus belles pages de l’histoire du cinéma français.

Les grandes dates

Voici les grandes dates de l’acteur Jean-Paul Belmondo

– 9 avril 1933 : naissance à Neuilly-sur-Seine.

– Octobre 1952 : admission au Conservatoire national supérieur d’art dramatique après deux échecs.

– 17 janvier 1959 : mariage avec la danseuse Elodie Constant avec qui il a trois enfants. Le couple divorce en 1965, un an après la rencontre de Belmondo avec Ursula Andress.

– 16 mars 1960 : sortie d’À bout de souffle, film de Jean-Luc Godard qui va révéler Jean-Paul Belmondo.

– 1969-1982 : il joue à quatre reprises dans le film le plus vu de l’année en France : Le cerveau (1969), Peur sur la ville (1975), L’animal (1977), L’as des as (1982).

– Février à juin 1987 : Belmondo remonte sur scène avec Kean mis en scène par Robert Hossein.

– 1989 : césar du meilleur acteur dans Itinéraire d’un enfant gâté (Claude Lelouch). Il refuse de se rendre à la cérémonie.

– 8 août 2001 : accident vasculaire cérébral lors d’un tournage.

– 2011 : le festival de Cannes lui remet une Palme d’or pour l’ensemble de sa carrière.

Jean-Paul Belmondo en dix répliques cultes

Voici quelques-unes des répliques cultes de Jean-Paul Belmondo parmi ses quelque 80 films :

– À bout de souffle, de Jean-Luc Godard (1960) : « Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la montagne, si vous n’aimez pas la ville... allez vous faire foutre ! »

– Un singe en hiver, d’Henri Verneuil (1962) : « Une paella sans coquillages, c’est comme un gigot sans ail, un escroc sans rosette : quelque chose qui déplaît à Dieu ! »

– L’homme de Rio, de Philippe de Broca (1964) : « Quitter son pays, sa famille, son armée, ses copains, franchir les océans pour voir une donzelle s’agiter dans un bruit de casseroles, ça vous paraît normal ? »

– Cent mille dollars au soleil, d’Henri Verneuil (1964) : « Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent. »

– La sirène du Mississippi, de François Truffaut (1969) : – Jean-Paul Belmondo : « Quand je te regarde, c’est une souffrance. » – Catherine Deneuve : « Pourtant hier, tu disais que c’était une joie. » – Jean-Paul Belmondo : « C’est une joie et une souffrance. »

– Borsalino, de Jacques Deray (1970) : – Alain Delon : « François, pourquoi tu t’en vas ? » – Jean-Paul Belmondo : « Parce qu’on est deux. »

– Docteur Popaul, de Claude Chabrol (1972) : « J’en ai assez d’être aimé pour moi-même, j’aimerais être aimé pour mon argent ».

– Flic ou voyou, de Georges Lautner (1979) : « Je sais bien que t’as pas buté l’autre imbécile ! Mais t’en as fait flinguer d’autres ! Si on rajoute à ça le racket, la drogue, les putes, ça fait une jolie carrière quand même ! Les vingt ans que tu vas prendre, c’est un peu la médaille du travail qu’on va te remettre. »

– Le guignolo, de Georges Lautner (1980) : « Vous savez quelle différence il y a entre un con et un voleur ? Un voleur, de temps en temps, ça se repose. »

– Itinéraire d’un enfant gâté, de Claude Lelouch (1988) : « Le meilleur moyen de faire croire que tu connais tout, c’est de ne jamais avoir l’air étonné. Parce que toi, tu as souvent l’air étonné, c’est un défaut (...) C’est étonnant, mais ça doit pas t’étonner. »

On l’avait surnommé Bébel (évoquant ainsi le personnage de Pépel dans le film Les bas-fonds de Jean Renoir) mais pour les cinéphiles de notre génération, il était Le magnifique, L’as des as, Le marginal , Le tendre voyou et surtout un sacré (Le) professionnel. Avec la mort de Jean-Paul Belmondo à 88 ans, le 7e art perd une de ses figures les plus populaires, un acteur sachant tout...

commentaires (5)

La photo sur une terrasse parisienne la ou on voit Jean-Paul Belmondo qui feuillette son autabiographie ne date certainement pas de 1966,d'abord parcequ'en 1966 Bebel devrait avoir 33 ans,et dans cette photo il donne beaucoup plus,ensuite a l'arriere plan on remarque differentes marque de voitures des annees 80-90,et de part les habits de Belmondo on voit bien que ce n'est pas des habits des annees 60.

Nabil Asmar

06 h 59, le 07 septembre 2021

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Commentaires (5)

  • La photo sur une terrasse parisienne la ou on voit Jean-Paul Belmondo qui feuillette son autabiographie ne date certainement pas de 1966,d'abord parcequ'en 1966 Bebel devrait avoir 33 ans,et dans cette photo il donne beaucoup plus,ensuite a l'arriere plan on remarque differentes marque de voitures des annees 80-90,et de part les habits de Belmondo on voit bien que ce n'est pas des habits des annees 60.

    Nabil Asmar

    06 h 59, le 07 septembre 2021

    • Merci pour votre commentaire. Il s'agit bien d'une photo datant de 1996 et non 1966. Bien cordialement

      L'Orient-Le Jour

      08 h 55, le 07 septembre 2021

  • Inoubliable Bébel, le beau laid, le cascadeur intrépide à la gouaille inimitable. Mais la photo ci-dessus où il feuillette sa biographie ne peut pas être de 1966. Il n’avait pas les cheveux blancs à 33 ans!

    Marionet

    02 h 15, le 07 septembre 2021

    • Merci pour votre commentaire. Il s'agit en effet d'une photo prise en 1996 et non 1966. Bien cordialement

      L'Orient-Le Jour

      08 h 55, le 07 septembre 2021

  • Je crois que la première photo est de 1996 et non 1966

    Le Tigre

    01 h 28, le 07 septembre 2021

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