Le juge Tarek Bitar, chargé de l'instruction dans l'affaire de la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, a émis lundi un mandat d'arrêt à l'encontre de l'ancien directeur des opérations au port de Beyrouth, Sami el-Hussein, a confirmé une source judiciaire à notre publication-sœur en anglais, L'Orient Today. Il s'agit du deuxième mandat d'arrêt publié par le juge d'instruction près la cour de justice après celui émis à l'encontre de Hani Hajj Chéhadé, membre du Conseil supérieur des douanes, le 31 août.
Selon des informations de presse, le juge Bitar a interrogé pendant plusieurs heures M. Hussein, dont le nom était apparu il y a plusieurs jours dans le dossier, lors de la publication de nouveaux documents par le site d'informations al-Modon. Cet ancien directeur des opérations aurait, selon ces documents, ordonné en 2014 le déchargement des 2.750 tonnes de produits chimiques dans le hangar 12 du port malgré un avertissement envoyé par Moustapha Farchoukh, le chef du département des marchandises à la direction générale du port, qui avait mis en garde contre le fait que l'entrepôt n'était pas équipé pour le stockage de tels produits. M. Farchoukh est toujours en détention.
L'explosion de plusieurs centaines de tonnes de ce nitrate d'ammonium stocké sans mesure de précaution pendant six ans, le 4 août 2020, a fait 214 morts et plus de 6.500 blessés, dévastant des quartiers entiers de la capitale. Depuis cette catastrophe, l'enquête, qui se penche aussi bien sur les causes de la déflagration que sur l'arrivée et le stockage des produits chimiques, fait du sur-place, en raison notamment des ingérences de la classe politique.
Report de l'audience de Fenianos
C'est d'ailleurs dans ce cadre que l'interrogatoire de l'ancien ministre des Travaux publics et des Transports, Youssef Fenianos, par Tarek Bitar a été reporté au 16 septembre, afin d'étudier deux recours pour "vice de forme" présentés par ses avocats, alors que l'enquête piétine depuis un an en raison des ingérences de la classe politique. Selon les avocats, la prérogative de poursuivre en justice l'ex-ministre revient à la Haute-Cour chargée de juger les présidents et les ministres et non pas au juge d'instruction près la Cour de justice. En outre, le recours en appel de la décision de l'Ordre des avocats du Nord, qui avait accordé une autorisation pour poursuivre M. Fenianos devant la Cour d'appel du Nord, suspend automatiquement l'enquête, en attendant la décision concernant cet appel, d'après eux.
M. Bitar a été confronté à une levée de boucliers après avoir demandé la levée de l'immunité parlementaire de plusieurs responsables "en vue de les inculper et d'engager des poursuites pour éventuelle intention d'homicide", "négligence et manquements". En plus du général Abbas Ibrahim, directeur de la Sûreté générale, des poursuites ont été lancées à l'encontre des députés Ghazi Zeaïter, Ali el-Khalil et Nohad Machnouk, M. Fenianos, l'ex-commandant en chef de l'armée Jean Kahwagi, un ancien chef des renseignements de l'armée, Camille Daher, plusieurs officiers et le chef de la Sécurité de l’État, Tony Saliba.
Le juge Bitar avait émis en août un mandat d'amener à l'encontre du Premier ministre sortant Hassane Diab, poursuivi pour négligence dans ce drame, mais celui-ci a refusé de comparaître devant le magistrat, soutenu en cela par les ténors de la communauté sunnite à laquelle il appartient. Le magistrat a fixé au 20 septembre la date d'une nouvelle audience et chargé les forces de sécurité de l'interpeller. Le juge Bitar avait également lancé un mandat d'arrêt contre un membre du Conseil supérieur des douanes, Hani Hajj Chéhadé, après l'avoir interrogé pendant six heures consécutives.
L’incompétence assassine, l’ignorance assassine, l’arrogance assassine, la cupidité assassine, la corruption assassine … même la pire des malédictions à votre encontre paraîtrait comme un chant, qu’il soit celui du cygne et qu’il vous accompagne rapidement jusqu’aux portes des enfers …
20 h 47, le 06 septembre 2021