Le président iranien, Ibrahim Raïssi, a assuré à son homologue français, Emmanuel Macron, lors d’un entretien téléphonique dimanche, que Téhéran n’épargnerait « aucun effort » pour aider à la formation d’un gouvernement au Liban. Le président ultraconservateur a affirmé « le soutien de la République islamique à la formation d’un gouvernement fort au Liban, qui pourrait garantir et protéger les droits du peuple libanais », selon l’agence iranienne Fars, alors que l’Élysée n’avait publié en début de soirée aucun communiqué concernant cet échange téléphonique. Cette prise de position de l’Iran pourra-t-elle faciliter la mise en place de la nouvelle équipe ? Rien n’est moins sûr. Les contacts politiques devraient reprendre aujourd’hui. Sauf que les bases sur lesquelles les tractations devraient être relancées restent fragiles, les obstacles entravant le processus étant toujours entiers et les protagonistes concernés ne voulant pas faire de concessions pour paver la voie à un compromis. C’est notamment le cas du président de la République, Michel Aoun, et de son camp.
Celui-ci semble déjà commencer à préparer la contre-attaque face au Premier ministre désigné, Nagib Mikati, mais aussi à tous ceux qui soutiennent ce dernier et accusent Baabda et ses satellites de retarder le processus. C’est ce qui ressort des propos tenus samedi soir par le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. Lors d’un meeting partisan à Ehmej, dans le caza de Jbeil, M. Bassil a évité de répondre directement aux accusations lancées contre sa formation et, plus globalement, le camp de la présidence d’empêcher Nagib Mikati de mener à bien à sa mission. Il s’est au contraire employé à retourner les accusations, s’efforçant de présenter les choses comme si c’était lui qui réclamait le gouvernement et que ce sont les autres qui n’en voulaient pas. « Nous espérons avoir un gouvernement prochainement. Et que ceux qui veulent nous en priver aillent vers des élections (législatives) », a-t-il tonné, avant d’ajouter : « Nous ne resterons pas les bras croisés face (aux tentatives de) nous laisser sans gouvernement. » Un député aouniste qui a requis l’anonymat confie à L’Orient-Le Jour que toutes les options sont ouvertes pour sa formation, y compris la démission du Parlement ou le boycottage des réunions des commissions parlementaires. « Il n’est plus tolérable que l’on fasse assumer au camp de la présidence la responsabilité de l’impasse actuelle », insiste-t-il.
Quelques heures avant la sortie de M. Bassil, le conseil politique du CPL s’en était pris au club des anciens Premiers ministres, dont Nagib Mikati fait partie aux côtés de Saad Hariri, Fouad Siniora et Tammam Salam. « Ceux qui prétendent appuyer le chef du gouvernement désigné et entravent dans le même temps le processus de formation du cabinet pour le pousser à la récusation sont responsables d’une éventuelle explosion sociale », a estimé le courant aouniste, assurant que « ceux qui veulent la chute du président de la République ne parviendront pas à réaliser leur objectif ». Tout en se disant innocents du blocage actuel, les aounistes n’en ont pas moins repris le refrain du rôle du chef de l’État en tant que partenaire à part entière dans les tractations gouvernementales. Le nœud de la nomination des ministres chrétiens reste donc entier, M. Aoun étant déterminé à avoir le dernier mot au sujet de tous les membres chrétiens de la future équipe, tout en se disant non intéressé par l’obtention du tiers de blocage, ce qui, arithmétiquement, ne colle pas.
La médiation Ibrahim
Pour le club des ex-Premiers ministres, la bataille que mène Baabda est celle du tiers de blocage. « Mais le président ne peut pas contrôler la future équipe », souligne Fouad Siniora à L’OLJ, réitérant son appui à M. Mikati.
Du côté de la présidence, on attend l’issue de la nouvelle phase de la médiation que devrait reprendre le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, parallèlement à des contacts qu’un proche de M. Aoun qualifie d’« indirects » et qui, selon lui, ne se sont pas interrompus.
Ce proche de Baabda évite, en outre, de se prononcer sur la mouture gouvernementale de quatorze ministres, fuitée dans les médias en fin de semaine dernière. À en croire ces fuites, la mouture en question regrouperait plusieurs chefs de file, notamment le chef des Marada, Sleimane Frangié, et le leader druze Walid Joumblatt. « Le Premier ministre désigné n’a pas évoqué une telle mouture avec le président Aoun », se contente de préciser à ce sujet la même source, alors que Salim Khoury, député CPL de Jezzine, avait déclaré dans une interview radiodiffusée samedi que le président « pourrait réagir positivement à cette proposition ».
De leur côté, les milieux de Nagib Mikati ne se prononcent pas au sujet de cette nouvelle mouture, préférant, eux aussi, attendre la relance de l’initiative Ibrahim à partir d’aujourd’hui. Mais ce dont ils sont sûrs, c’est que la récusation n’est pas sur la table, du moins à ce stade.
commentaires (13)
l'occident a laissé le Liban pendant des années entre les griffes de la Syrie, demain ce sera entre ceux des ayatollahs ... alors non merci nous ne voulons pas de vos sales gueules chez nous.
Zeidan
22 h 46, le 06 septembre 2021