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Économie - Exportations

Le Liban plante son pavillon à la Speciality and Fine Food Fair de Londres

Le but affiché est d’améliorer la balance commerciale avec le Royaume-Uni, en renégociant de nouveaux accords avec ce pays un an et demi après le Brexit.

Le Liban plante son pavillon à la Speciality and Fine Food Fair de Londres

L’attaché économique du Liban au Royaume-Uni, Ralph Nehmé, lors des préparatifs de la « Speciality and Fine Food Fair », durant le week-end écoulé à Londres. Photo DR

La crise économique, financière et sociale, qui a passé le cap des deux ans cette année, continue de faire sombrer le Liban dans un abîme sans fond. Obligées de lutter pour survivre, certaines entreprises peuvent toutefois compter sur des initiatives qui ambitionnent de faire connaître et d’exporter leurs produits à l’étranger pour capter des devises fortes qui manquent cruellement au pays, dont la monnaie pique du nez depuis la fin de l’été 2019.

C’est dans le cadre de l’une de ces actions que 27 entreprises libanaises vont participer pour la première fois à la « Speciality and Fine Food Fair », un Salon professionnel organisé à l’Olympia de Londres et consacré aux produits alimentaires à haute valeur ajoutée. L’événement démarre aujourd’hui et sera ouvert pendant deux jours, au cours desquels les produits libanais du terroir tenteront de se faire une place sur les carnets de commandes des représentants d’entreprises britanniques venus visiter le pavillon du pays du Cèdre, placé sous la bannière « Taste of Lebanon » (« saveur du Liban »). Divisé en deux stands (l’un pour l’alimentaire, l’autre pour les boissons), ce pavillon compte parmi les plus grands de la foire, selon le communiqué de l’événement.

La brochure de la présence libanaise à la « Speciality and Fine Food Fair », à Londres. Photo DR

Quotas d’exportation

Bien que ce ne soit pas la première fois que des entreprises libanaises viennent prendre leurs marques dans ce Salon qui compte déjà 22 éditions avant celle de cette année (celle de 2020 a été annulée en raison de la crise sanitaire du Covid-19), « c’est la première fois que des Libanais unissent leurs forces pour être représentés dans un seul pavillon », se réjouit Christian Kamel. En tant que directeur du projet Business Innovation and Enhance Exports for Lebanon (innovation commerciale et amélioration des exportations pour le Liban, Bieel), une initiative de la Middle East Partnership Initiative (Initiative de partenariat au Moyen-Orient, MEPI, financée par le gouvernement américain) et de l’ONG Fair Trade Lebanon (commerce équitable au Liban, FTL), dont le but est d’aider les PME et les coopératives libanaises à être plus compétitives sur la scène internationale, Christian Kamel est particulièrement impliqué dans la réussite de l’événement.

Sur les 27 entreprises venues représenter le Liban, 12 sont des vignobles et producteurs de spiritueux – Château Ksara, Château St Thomas, Côteaux Les Cèdres, Château Heritage, Les Trois Maladroits, Karam Wines, Château Trois Collines, Adyar, Muse du Liban, Château Oumsiyat, The Three Brothers Gin et Elmir – ; 14 sont spécialisées dans l’alimentaire – The Good Thymes, Darmess, al-Kazzi, Le Joyau d’Olive, Mechaalany, Bustan el-Zeitoun, Terroirs du Liban, Biomass-Organic Products, al-Rabih, House of Zejd, mymoune, Said Saifan et 1939 Zeit Boulos ; et un torréfacteur, Café Super Brasil.Les trois organisations citées plus haut (Bieel, FTL et MEPI) ont elles été épaulées par une pléthore d’acteurs libanais et étrangers, dont l’ambassade du Liban au Royaume-Uni, le gouvernement canadien, l’Association des industriels du Liban (AIL), l’Autorité de développement des investissements au Liban (IDAL), l’Organisation pour le développement industriel des Nations unies (Unido), le Programme de développement des Nations unies (PNUD), l’ONG Qoot (un cluster d’innovation agricole) et la Fondation René Moawad.

Le soutien de ces acteurs a permis d’aider les entreprises libanaises, prises à la gorge par la crise et les restrictions bancaires mises illégalement en place par les banques depuis le début de la crise, à financer leur déplacement au Salon londonien où la seule location d’un stand coûte entre « 5 000 et 10 000 dollars », sans parler des autres frais. En tout, c’est 80 % de la facture qui a été assumée par les organisateurs, les 20 % restants demeurant à la charge des entreprises invitées.

« L’argent et le Covid constituent de sévères limitations, mais le Liban ne peut pas se permettre de ne pas y être présent ! » résume le directeur de Bieel. C’est la raison pour laquelle les producteurs libanais se sont regroupés sous un pavillon unique de 60 m². De plus, « des professionnels du food & beverage (alimentation et boisson) présents en Grande-Bretagne se chargeront de la présentation et de l’animation », indique Christian Kamel, qui précise que de nombreuses réunions virtuelles sur Zoom ont eu lieu entre ces spécialistes et les entreprises libanaises pour pouvoir transmettre les caractéristiques du produit et les messages-clés. La compagnie aérienne nationale, Middle East Airlines (MEA), a quant à elle transporté gratuitement près d’une tonne de marchandises à Londres, permettant d’économiser entre « 5 000 et 10 000 dollars ».

Enfin, ce n’est pas un hasard si les organisateurs ont choisi le Salon professionnel de Londres plutôt qu’un autre (le Gulfood à Dubaï qui se déroule en février 2022 ou encore l’Anuga de Cologne qui est programmé le mois prochain). Selon Christian Kamel, le Brexit a poussé le Royaume-Uni à chercher de nouveaux partenaires commerciaux, incitant les autorités britanniques à signer un nouvel accord commercial avec le Liban en 2019. Il ajoute que l’attaché économique à l’ambassade du Liban au Royaume-Uni, Ralph Nehmé, travaille activement au relèvement des quotas d’exportations libanaises vers ce pays. Le deuxième but affiché est « de sortir du marché ethnique (spécialisé dans la gastronomie du Moyen-Orient) afin de vendre les biens du pays du Cèdre dans des grandes surfaces, au milieu d’autres articles ».L’augmentation des exportations permettra de « passer d’une économie de rente à une économie productive », espère Christian Kamel, qui mise surtout sur le vin, l’huile d’olive et les produits spécialisés libanais, des biens « qui ont un impact économique et social, grâce à une forte création d’emplois ». En 2019, les exportations vers le Royaume-Uni concernant les produits constitués de matières végétales ou animales, ainsi que les huiles, les produits alimentaires préparés, les boissons et le tabac ont atteint près de 18,7 millions de dollars, selon les chiffres des douanes libanaises. C’est donc presque la moitié des exportations totales vers ce pays, qui se sont élevées à près de 40,6 millions de dollars il y a deux ans.


La crise économique, financière et sociale, qui a passé le cap des deux ans cette année, continue de faire sombrer le Liban dans un abîme sans fond. Obligées de lutter pour survivre, certaines entreprises peuvent toutefois compter sur des initiatives qui ambitionnent de faire connaître et d’exporter leurs produits à l’étranger pour capter des devises fortes qui manquent cruellement...

commentaires (1)

Espérons qu'ils aient passé le kiosque à l'aspirateur au cas où du captagomme s'y serait logé....

Wlek Sanferlou

16 h 08, le 06 septembre 2021

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Commentaires (1)

  • Espérons qu'ils aient passé le kiosque à l'aspirateur au cas où du captagomme s'y serait logé....

    Wlek Sanferlou

    16 h 08, le 06 septembre 2021

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