Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi à l’unanimité la résolution 2591 par laquelle il proroge, « sans modification », le mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) jusqu’au 31 août 2022. Pour l’occasion, il a également appelé à la formation rapide d’un nouveau gouvernement. En prorogeant sans amendement le mandat de la Finul, le Conseil de sécurité répondait à une demande formulée par le gouvernement libanais et appuyée par le secrétaire général de l’ONU contrairement aux États-Unis et Israël qui souhaitent réduire les effectifs des Casques bleus et leur accorder de plus larges prérogatives, au grand dam du Hezbollah.
La Force intérimaire des Nations Unies au Liban, qui compte actuellement un peu plus de 10.000 Casques bleus, a été établie en 1978 par le Conseil de sécurité pour confirmer le retrait des troupes israéliennes du Liban-Sud. Après la guerre de l’été 2006, opposant Israël au Hezbollah, elle a été chargée de contrôler la cessation des hostilités et l'application de la résolution 1701. Son mandat est renouvelé chaque année, après approbation des autorités libanaises et un vote du Conseil de sécurité.
Constatant que « la situation au Liban continue de constituer une menace pour la paix et la sécurité internationales », le Conseil a décidé cette prorogation en « saluant le rôle positif » joué par la Finul, qui a permis de maintenir la paix et la sécurité le long de la ligne bleue, et dont le déploiement aux côtés de l’armée libanaise a contribué à créer « un nouvel environnement stratégique dans le sud du pays ». Le Conseil « demande que cette coopération se renforce davantage, affirme son attachement ferme et résolu à son actuel mandat et à l’application intégrale de la résolution 1701 (2006), et réitère son appel à Israël et au Liban pour qu’ils appuient un cessez-le-feu permanent et une solution à long terme ».
Accès aux sites
Cette résolution « réaffirme le ferme attachement du Conseil de sécurité à l’intégrité territoriale, à la souveraineté et à l’indépendance politique du Liban », tout en exprimant sa « vive préoccupation » face aux violations aériennes et terrestres liées à la résolution 1701. Le Conseil réaffirme par ailleurs qu’il est important que « le gouvernement libanais étende son autorité à l’ensemble du territoire libanais, conformément aux dispositions des résolutions 1559, 1680 et aux dispositions des accords de Taëf. » Il « rappelle aussi l’importance du respect de la ligne bleue en tous ses points » et note avec une « inquiétude croissante » que la Finul n’a toujours pas pu accéder à tous les sites se trouvant au nord de la ligne bleue où ont été découverts des tunnels traversant la frontière, et « demande instamment aux autorités libanaises de conclure d’urgence toutes les enquêtes nécessaires sur la question ».
Le rôle crucial des « forces légitimes au Liban »
Par ce texte, le Conseil salue le rôle crucial que jouent l’armée et les services de sécurité libanais, qui sont « les seules forces légitimes du Liban », notamment en ce qui concerne le maintien de l’autorité du gouvernement libanais, en particulier dans le sud du pays. Sur ce point, l'instance onusienne « demande instamment », et pour la première fois, que soit intensifié l’appui international apporté à l’armée libanaise et à toutes les institutions de l’État aux fins de l’exécution du plan de développement des capacités de l’armée et dans le contexte du Groupe international d’appui au Liban, sous la forme d’une assistance supplémentaire et rapide dans les domaines où l’armée a le plus cruellement besoin de soutien, en particulier la lutte antiterroriste, la protection des frontières et les capacités navales.
Par cette résolution, le Conseil de sécurité réaffirme son ferme attachement à l’intégrité territoriale, à la souveraineté et à l’indépendance politique du Liban. Il réitère également son attachement à l’application intégrale de toutes les dispositions de la résolution 1701, tout en soulignant que les violations de la cessation des hostilités risquent de déclencher un nouveau conflit, que ni les parties et la région ne peuvent se permettre. Il met l’accent sur l’importance de l’interdiction de la vente et de la fourniture d’armements et de matériels connexes imposée par ladite résolution soit strictement respectée par toutes les parties.
Le Conseil de sécurité réitère sa solidarité avec le Liban et son peuple, tout en soulignant « la nécessité d’une enquête rapide, indépendante, impartiale, approfondie et transparente du système judiciaire » sur les explosions du 4 août 2020, tout en « se félicitant » de l’organisation, par la France et l’ONU le 9 août 2020, de la Conférence internationale de soutien et d’appui à Beyrouth et au peuple libanais, ainsi que les Conférences internationales de suivi les 2 décembre 2020 et 4 août 2021, en demandant à nouveau à la communauté internationale de renforcer son soutien au Liban et à son peuple dans ce contexte.
Le Conseil exhorte, « avec un sentiment d’urgence », à la formation rapide d’un nouveau gouvernement capable de répondre aux besoins et aux aspirations de la population libanaise et relever les principaux défis que rencontre actuellement le Liban, en particulier la reconstruction de Beyrouth, l'épidémie de Covid-19, et l’adoption de réformes, mesure indispensable pour surmonter la crise socio-économique et humanitaire aiguë et sans précédent qui secoue le pays pour lui permettre de se relever. Il « demande aux autorités libanaises de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le déroulement des élections en 2022 selon le calendrier prévu ».
Le Conseil souligne enfin l’urgente nécessité pour les autorités libanaises de répondre aux aspirations du peuple libanais en mettant en œuvre des réformes significatives et notamment les engagements pris dans le cadre de la conférence de Paris (2018, CEDRE) pour le développement et lors de la réunion du Groupe international de soutien au Liban tenue à Paris le 11 décembre 2019, renouvelant sur la base de ces réformes nécessaires, son soutien au Liban pour l’aider à sortir de la crise actuelle, en demandant à la communauté internationale, y compris les organisations internationales, de faire de même.