Téhéran a brièvement commenté lundi l'expédition au Liban de pétrole iranien, annoncée dernièrement par le Hezbollah, affirmant que l'Iran "a le droit" de vendre du carburant à tout pays prêt à en acheter et que cette opération entre dans un cadre commercial "légitime" et ne peut donc pas être interdite par Washington.
Téhéran détient les quatrièmes réserves mondiales de pétrole, mais ses exportations sont sous embargo américain, ce qui rend toute transaction commerciale irréaliste. En achetant du pétrole iranien, sans exemption octroyée en amont par Washington, Beyrouth s’exposerait donc à des sanctions. Jusqu'à présent, les États-Unis maintiennent le flou quant à la politique qu’ils adopteront si le Liban réceptionnait le carburant iranien commandé par le Hezbollah.
"L'envoi de chargements de pétrole aux clients de l'Iran est une affaire de souveraineté, et notre pays a le droit de vendre du pétrole et du carburant à n'importe quel État prêt à l'acheter", a déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne, Saïd Khatibzadeh, cité notamment par l'agence officieuse Mehr. Il s'agit de la première réaction officielle iranienne à la question de l'expédition de carburant au Liban. "Ni les États-Unis ni aucun autre pays ne peuvent empêcher le commerce légitime", a-t-il ajouté. Pour Téhéran, ce commerce fait partie des "présupposés du droit international" et c'est en partant de ce constat que l'Iran a vendu du carburant au Liban et qu'il est prêt à "recommencer dès qu'un autre pays en fait la demande". "Le peuple libanais est un peuple riche, qui n'a pas besoin que l'on vienne à son secours. Il a uniquement besoin que certains États arrêtent de politiser toutes ses affaires et laissent les Libanais assurer leurs besoins par eux-mêmes", a souligné le porte-parole.
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a annoncé dernièrement l'arrivée prochaine de trois pétroliers iraniens transportant du mazout, nécessaire à l'approvisionnement des générateurs privés du pays qui compensent la pénurie d'électricité. Ne se prononçant pas sur l'itinéraire de ces navires, leur destination finale ni les mécanismes via lesquels le carburant importé sera utilisé, le chef du parti chiite avait juste indiqué qu'il donnerait plus de détails dès l'arrivée d'au moins un de ces pétroliers en Méditerranée. Selon le site indépendant de suivi en ligne des pétroliers Tanker Tracker, le premier navire a quitté les eaux territoriales iraniennes en fin de semaine dernière, le second a quitté le port où il a été chargé en mazout, mais se trouvait toujours dimanche en Iran tandis que le troisième, déjà chargé, se trouverait toujours à quai.
Parallèlement à la première annonce faite par Hassan Nasrallah concernant le pétrole iranien, l'ambassadrice des États-Unis au Liban Dorothy Shea avait fait état d'un projet de l'administration US pour l'importation soit du gaz égyptien pour les centrales libanaises, soit de l’électricité produite en Jordanie via la Syrie.
commentaires (5)
Téhéran affirme son "droit" de vendre son pétrole à tout pays prêt à en acheter… Allons donc, et pourquoi pas. On attend de voir pour le croire.
Sissi zayyat
12 h 39, le 31 août 2021