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Dernières Infos - Explosions au port de Beyrouth

Le mufti Deriane critique le juge Bitar : S'en prendre au Premier ministre sortant est répréhensible

Le mufti Deriane critique le juge Bitar : S'en prendre au Premier ministre sortant est répréhensible

Le mufti de la République, Abdel Latif Deriane. Photo Ani

Le mufti de la République, le cheikh Abdelatif Deriane, a critiqué la décision du juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur l'explosion meurtrière du 4 août 2020, de délivrer un mandat d'amener à l'encontre du Premier ministre sortant, Hassane Diab, poursuivi dans cette affaire. La plus haute autorité sunnite du pays a ainsi affirmé, lors de son prêche du vendredi, que le fait de s'en prendre au Premier ministre sortant était "répréhensible et contrevenait au traitement habituel réservé à ce poste, lequel est tout aussi important que la présidence de la République ou celle du Parlement".

Le juge d'instruction près la Cour de justice, Tarek Bitar, avait émis jeudi un mandat d'amener à l'encontre de M. Diab, poursuivi pour négligence dans l'explosion du port de Beyrouth qui avait fait plus de 200 morts et 6.500 blessés. Hassane Diab avait refusé de comparaître, estimant que le magistrat n'était pas compétent pour l'entendre, et que c'est au Parlement de le faire. Le juge a fixé au 20 septembre la date de cette audience et chargé les forces de sécurité d'interpeller M. Diab, ce qui a suscité les foudres des responsables sunnites.

"Le poste du Premier ministre n'est pas moins important ni moins digne que celui des présidences de la République ou du Parlement. Le respecter est un devoir. Nous tenons à ce que ce poste soit préservé afin de conserver l'équilibre entre ces trois postes", a affirmé le mufti. "Viser Hassane Diab est répréhensible et contrevient aux manières habituelles de s'entretenir avec le Premier ministre", a-t-il estimé. Au Liban, le poste de Premier ministre est traditionnellement dévolu à la communauté sunnite, tandis que la présidence de la République est l'apanage des maronites et celle du Parlement des chiites.

"Le fait que certains membres de la justice insistent sur cette approche est une offense à la manière de se comporter avec un Premier ministre", a insisté le cheikh. "Que toutes les immunités soient levées par une loi du Parlement et laissons la justice suivre son cours", a-t-il plaidé, semblant oublier que la Chambre refuse jusque-là de lever les immunités des dirigeants et que l'enquête sur le drame du 4 août fait face à des pressions politiques.

Pour leur part, les ex-Premiers ministres Fouad Siniora, Saad Hariri, Tammam Salam et Nagib Mikati se sont offusqués jeudi soir de ce "précédent dangereux" visant la communauté sunnite. Le secrétaire général du Parlement a quant à lui affirmé vendredi que le juge Bitar était incompétent pour demander la comparution de M. Diab et a demandé au parquet général près la Cour de cassation de "prendre les mesures appropriées", sans expliciter ce qu'il entendait par là.

La classe dirigeante, qui a catégoriquement rejeté une enquête internationale, est accusée par certains de tout faire pour torpiller l'enquête et éviter certaines inculpations. Plus d'un an après la double-explosion de plusieurs centaines de tonnes de nitrate d'ammonium qui a fait plus de 210 morts et de 6.500 blessés, dévastant des quartiers entiers de la capitale, l'enquête locale n'a pas donné de résultats.

A propos de la formation du gouvernement, attendu depuis plus d'un an, le mufti Deriane a estimé que l'incapacité à former un cabinet était la cause "du climat de frustration qui règne dans le pays", déplorant une "perte de temps entre consultations et réunions, ainsi que beaucoup d'intransigeance", tandis que le pays est au bord du gouffre. "Nous craignons que les Libanais soient à bout de patience et que nous sombrions dans le chaos. Sortons de la logique confessionnelle tordue", a plaidé le cheikh, alors que le chef de l'Etat s'est encore dit ce matin attaché "à la représentation équitable des communautés" et que la bataille des quote-parts entre les partis bat son plein. Le Liban est sans gouvernement effectif depuis août 2020. Après l'échec de Moustapha Adib et Saad Hariri à former une nouvelle équipe ministérielle, c'est Nagib Mikati qui a été chargé de cette mission depuis le 26 juillet dernier. Celui-ci n'y est pas encore parvenu. 

En attendant, le pays poursuit son effondrement socio-économique accéléré, qualifié de "dépression délibérée" par la Banque mondiale. La formation d'un gouvernement capable de sérieuses réformes est une condition sine qua non pour débloquer l'aide financière internationale dont le Liban a grandement besoin.

Le mufti de la République, le cheikh Abdelatif Deriane, a critiqué la décision du juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur l'explosion meurtrière du 4 août 2020, de délivrer un mandat d'amener à l'encontre du Premier ministre sortant, Hassane Diab, poursuivi dans cette affaire. La plus haute autorité sunnite du pays a ainsi affirmé, lors de son prêche du vendredi, que le fait de...