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Société - Liban

"Nous serons obligés de voler pour faire le plein d'essence"

Colère et panique après l'annonce de la BDL sur la levée des subventions sur les carburants.

Des soldats libanais essaient de rouvrir la route bloquée par des voitures près d'une station d'essence, à Saïda, le 12 août 2021. REUTERS/Ali Hankir

Des manifestants en colère ont bloqué jeudi plusieurs routes à travers le Liban, au lendemain d'une décision de la Banque du Liban (BDL) s'apparentant à une levée des subventions sur les carburants dans ce pays frappé par une grave crise économique.

Très tôt le matin, des centaines d'automobilistes formaient déjà des files d'attente devant les stations-service, dans l'espoir de faire le plein d'essence avant que les prix n'augmentent encore. La plupart des stations-services ont pour leur part fermé leurs portes, en attendant la nouvelle tarification de l'essence. Des boulangeries ont également baissé le rideau ou ne servaient leurs clients qu'au compte-goutte, comme rapporté par notre correspondant dans le Sud Mountasser Abdallah. Des points de vente de bonbonnes de gaz ont également suspendu leur travail aujourd'hui, signe de l'aggravation de la crise.

A court de devises étrangères, le pays a progressivement levé les subventions sur plusieurs produits de base ces dernières semaines, faisant bondir les prix des carburants et des médicaments. Mercredi soir, la BDL a publié un communiqué indiquant que les lignes de crédit pour l'importation de carburants seront désormais accordées sur la base du taux pratiqué sur le "marché" noir. Selon l'institut local "Information International", une levée totale des subventions engendrerait une hausse de 344% du prix du bidon d'essence et d'environ 387% de celui du diesel.
"Nous serons obligés de voler pour faire le plein d'essence (...). Et quand le juge nous demandera pourquoi, nous lui répondrons +Nous voulons acheter de l'essence, manger et boire+", s'est emporté Hussein Majed, qui attendait dans une longue file.

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Dans l'après-midi, des protestataires ont coupé la route principale de Aley, au niveau de la bifurcation de Abadiyé dans les deux directions, provoquant des embouteillages monstres.  Les habitants de Qobeh ont effectué un sit-in devant la station d'essence située sur la route principale de la localité. "Nous n'avons plus rien à perdre, a dit un des protestataires selon des propos rapportés par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Ce mouvement est un devoir humain et moral pour la défense de notre avenir et celui de nos enfants". Un groupe de protestataires a par ailleurs coupé la route menant à Majdelyoun, près de Saïda, à l'aide de bennes à ordures. Toujours dans cette ville côtière, des manifestants ont coupé la circulation au niveau du rond-point Elia. Et à Abra, des citoyens ont colère ont coupé la route à l'aide de pneus enflammés.
D'autres manifestants ont coupé l'autoroute Babliyé - Saïda - Tyr dans les deux directions à l'aide de camions et de voitures.  Selon notre correspondant dans le Sud, un individu opposé au blocage des routes a écrasé à l'aide de sa voiture un protestataire qui se trouvait sur l'autoroute de Ghaziyé. Le malheureux a été transporté à l'hôpital dans un état grave.

Dans le Nord, des protestataires ont coupé l'autoroute Dar el-Aïn - Koura à l'aide de pierres. Des conducteurs ont en outre coupé l'autoroute au niveau de Batroun près de plusieurs stations d'essence pour protester contre leur fermeture. 

Des partisans du Courant patriotique libre se sont pour leur part rendus devant le domicile de M. Salamé pour protester contre sa décision. Toujours dans le Metn, à Mazraat Yachouh, des manifestants ont coupé la route pour protester contre les coupures d'électricité et la levée des subventions. 

Indexée sur le billet vert depuis 1997 au taux de 1.507 livres pour un dollar, la monnaie nationale s'est effondrée, le dollar s'échangeant désormais à plus de 20.000 livres sur le marché noir. En juillet, le gouvernement a décidé de subventionner les importations de carburants au taux de 3.900 livres pour un dollar, contre 1.507 auparavant - faisant bondir les prix de 30%. La crise économique inédite que traverse le pays est aggravée par l'inertie des dirigeants, le pays étant sans nouveau gouvernement depuis un an.

La décision de la BDL a provoqué une polémique dans l'arène politique, le Premier ministre démissionnaire, Hassane Diab, la qualifiant d'illégale et appelant à une réunion urgente du gouvernement. Dans un communiqué, la BDL a indiqué avoir payé "plus de 800 millions de dollars pour l'achat d'hydrocarbures en juillet". Les réserves en devises étrangères de la BDL ont fondu de plus de moitié depuis le début de la crise à l'automne 2019, passant de 32 milliards de dollars à environ 15 milliards aujourd'hui.

Des manifestants en colère ont bloqué jeudi plusieurs routes à travers le Liban, au lendemain d'une décision de la Banque du Liban (BDL) s'apparentant à une levée des subventions sur les carburants dans ce pays frappé par une grave crise économique. Très tôt le matin, des centaines d'automobilistes formaient déjà des files d'attente devant les stations-service, dans l'espoir de faire...

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