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Économie - Liban

La BDL ne peut plus subventionner les hydrocarbures, affirme Salamé au Conseil supérieur de défense

"Nous nous trouvons actuellement dans une période de pic en matière de besoin en électricité. Il nous faut 3.000MW mais la capacité de production, en fonction du fuel disponible, ne dépasse pas les 750MW", constate Ghajar.

La BDL ne peut plus subventionner les hydrocarbures, affirme Salamé au Conseil supérieur de défense

Le chef de l'Etat, Michel Aoun (c), présidant à Baabda, le 11 août 2021, une réunion du Conseil supérieure de défense. Photo Dalati et Nohra

Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, a affirmé mercredi au Conseil supérieur de défense réuni au palais de Baabda que la BDL ne pouvait plus subventionner l'achat des hydrocarbures, une annonce qui laisse prévoir une forte augmentation du prix de ces matières, une fois les subventions levées, alors que le pays se débat dans une profonde crise économique et sociale et que plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. La réunion, à laquelle ont notamment participé plusieurs ministres, le chef de l'armée et ceux des services de sécurité, ainsi que le gouverneur de la BDL, s'est déroulée en l'absence du Premier ministre sortant, Hassane Diab, à l'isolement depuis plusieurs jours après avoir été en contact avec une personne testée positive au coronavirus. La tenue de cette réunion sans M. Diab a été qualifiée d'inconstitutionnelle par l'ex-Premier ministre et député Saad Hariri. Des accusations rejetées par le bureau de presse de la présidence de la République.

Selon un communiqué officiel laconique publié à l'issue de la réunion, les responsables "ont abordé des questions d'ordre sécuritaire et social ainsi que la crise des médicaments et des hydrocarbures dans le pays, à la lumière des rapports administratifs et sécuritaires, dont certains à caractère sensible, à savoir la situation des silos de blé au port de Beyrouth", gravement endommagés par l'explosion meurtrière du 4 août 2020. La question des produits chimiques qui se trouvent dans les infrastructures pétrolières de Tripoli et Zahrani ainsi que celles de ravitaillement de fuel à l'aéroport de Beyrouth ont aussi été examinées. "Les responsables ont pris une série de mesures et de recommandations afin de traiter ces dossiers, en vertu des lois en vigueur, en demandant notamment aux chefs militaires et sécuritaires d'intensifier leurs réunions de coordination pour assurer le suivi des dossiers sécuritaires et les traiter", ajoute le communiqué sans plus de précision. Les décisions du Conseil supérieur de défense restent secrètes, en vertu de la loi.

Prix flottant
La question des subventions sur les hydrocarbures n'est pas mentionnée dans ce communiqué, mais l'annonce de l'impossibilité de les maintenir, attribuée à Riad Salamé, a été rapportée par notre correspondante au palais présidentiel, Hoda Chedid.

"Si les subventions sont levées, le prix sera flottant mais unifié", a affirmé le ministre sortant de l'Energie, Raymond Ghajar, selon des propos rapportés par notre correspondante. Selon plusieurs estimations, notamment celles du ministre en question il y a plusieurs semaines, les 20L d'essence 95 octane pourraient coûter plus de 200.000LL, alors qu'actuellement le prix est fixé à  77.500 LL, après une hausse de 1.900LL ce matin.

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Le Liban est embourbé depuis l'automne 2019 dans une crise qualifiée par la Banque mondiale comme étant l'une des pires au monde depuis 1850. Au cours du mois de juillet, les prix des carburants avaient fortement augmenté après une baisse des subventions de l'Etat sur les importations d'hydrocarbures. Malgré cette hausse, initialement présentée comme une solution aux problèmes d’approvisionnement en hydrocarbures, l'accès à l'essence et au mazout reste compliqué. Les files de l'humiliation", telles qu'elles ont été surnommées par les Libanais, s'allongent à nouveau devant les stations-service à travers le pays. Et trois personnes ont été tuées ces derniers jours lors de deux disputes distinctes concernant l'approvisionnement en essence dans le Nord. A court de devises étrangères, le pays peine également à importer suffisamment de fuel pour faire fonctionner ses centrales électriques. Depuis mi-2020, EDL a réduit la production d’électricité, provoquant des rationnements de courant atteignant jusqu’à 23 heures par jour dernièrement. En temps normal, des générateurs privés prennent le relais lors du rationnement du courant fourni par l’État mais en raison des pénuries de mazout, les propriétaires de ces groupes électrogènes sont obligés, eux aussi, de les éteindre plusieurs heures en journée et pendant la nuit, obligeant les Libanais à vivre sans électricité.

"Nous nous trouvons actuellement dans une période de pic en matière de besoin en électricité. Il nous faut 3.000MW mais la capacité de production, en fonction du fuel disponible, ne dépasse pas les 750MW", a reconnu le ministre Ghajar. "La solution passe par une proposition de loi au Parlement pour demander l'ouverture de crédits pour Electricité du Liban afin d'acheter du fuel, car cela est l'option la moins chère pour les citoyens, même si la facture qu'ils seront amenés à payer sera plus élevée", a-t-il estimé.

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Une avance de 200 millions de dollars à EDL avait été adoptée fin mars par le Parlement pour permettre à l’office d’acheter du carburant, mais cette avance n’a en principe pas encore été complètement décaissée. Il resterait environ un quart de la somme selon une source proche du dossier. Le ministre Ghajar avait également signé fin juillet à Bagdad un accord avec l’Irak devant permettre au Liban de se fournir en carburant pour alimenter ses centrales électriques. Le fuel irakien ne pouvant pas être utilisé par les centrales électriques libanaises, en raison notamment de sa teneur élevée en soufre, les quantités fournies serviront donc de monnaie d’échange qui permettront au Liban d’acheter du carburant compatible auprès d’autres fournisseurs.

Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, a affirmé mercredi au Conseil supérieur de défense réuni au palais de Baabda que la BDL ne pouvait plus subventionner l'achat des hydrocarbures, une annonce qui laisse prévoir une forte augmentation du prix de ces matières, une fois les subventions levées, alors que le pays se débat dans une profonde crise économique et sociale et que...

commentaires (4)

Au prix du marché, il n'y aura plus de pénuries de carburants. Reste à diminuer le prix du marché de 30 à 50%, en formant un gouvernement crédible et actif.

Esber

23 h 44, le 11 août 2021

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Commentaires (4)

  • Au prix du marché, il n'y aura plus de pénuries de carburants. Reste à diminuer le prix du marché de 30 à 50%, en formant un gouvernement crédible et actif.

    Esber

    23 h 44, le 11 août 2021

  • 3000/750 = 4. Donc 6 h par jour pour tout le monde. On en est loin!

    Bachir Karim

    23 h 29, le 11 août 2021

  • PRESIDENT AOUN KHOD WA2TAK MA FI CHI MHEM... HEHEHE... EL CHAAB 3AM I MOUT MNEL JOU3 OU NEHNA HATTA KLEBNA 3AM EN TA3MIYON. FIYA CHI ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 28, le 11 août 2021

  • C un peu normal , ce pays ne produit pas de petrole et avait le petrole le moins cher au monde. Et comment la banque du Liban subventionne cet essence si ce n'est pas en puisant dans les comptes des epargnants . Pour quelles raisons l'essence grand pollueur de la planete devrait etre subventionnés ? je ne demande qu'a comprendre .

    nabil zorkot

    19 h 36, le 11 août 2021

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