
Un homme s’éclairant à la bougie dans un Liban en proie à des coupures massives de courant. Photo d’archives Anwar Amro/AFP
Les syndicats de l’aviculture, du gaz et des hôpitaux privés ont prévenu au cours du week-end écoulé d’un danger à l’horizon pour leurs secteurs respectifs quant à leur approvisionnement en hydrocarbures en raison de la pénurie que traverse le Liban depuis plus de deux mois.
Samedi, le président du syndicat des éleveurs de volaille, William Boutros, a ainsi lancé un véritable appel de détresse pour sauver la filière avicole « de la mort de 20 millions d’animaux », a-t-il déclaré à l’Agence nationale d’information. Une crise particulièrement visible, selon lui, dans la région du Akkar dont les fermes produisent « un tiers de la production avicole du pays » et qui ne sont plus desservies en mazout, nécessaire à la production d’électricité via les groupes électrogènes palliant le manque d’électricité du fournisseur public dans un Liban en crise économique et financière depuis deux ans. Sans électricité, ni la ventilation des fermes ni les stocks dans les réfrigérateurs ne peuvent être sécurisés, mettant en danger l’élevage et la production, a ainsi détaillé William Boutros, appelant les autorités libanaises à « assumer leurs responsabilités et à œuvrer à approvisionner le secteur en mazout le plus rapidement possible pour préserver ce secteur vital pour les Libanais ».
Le même jour, le président du syndicat des employés du gaz Farid Zeinoun a lui aussi prévenu que le stock de bonbonnes de gaz dans le pays suffisait uniquement pour une semaine, soulignant que « la Banque du Liban (BDL) n’accorde pas d’autorisations préalables » pour l’importation du gaz. « Si des crédits ne sont pas ouverts à cette fin d’ici à une semaine, nous serons face à une grande crise », a-t-il mis en garde. « Si la BDL n’a plus de réserves dans ses coffres, qu’elle lève les subventions. Assez d’humiliation », a pesté le syndicaliste. Les subventions sur les denrées essentielles, dont les carburants, ont été récemment réduites, alors que les réserves de la Banque centrale ont atteint un seuil critique. La BDL avait instauré ces mécanismes en octobre 2019, à l’entame de la crise. Si l’accalmie promise quant à la pénurie d’essence semble se maintenir pour le moment, celle du mazout, elle, continue de faire des remous, poussant notamment les propriétaires de générateurs à réduire leur production en éteignant leurs groupes électrogènes plusieurs heures par jour, quitte à mettre à mal la production de secteurs essentiels et le quotidien des Libanais.
Un rationnement de plus en plus dangereux, conduisant notamment à une coupure totale du courant qui serait mortelle pour le secteur hospitalier, dont le syndicat des propriétaires d’hôpitaux privés a averti hier que plusieurs établissements risquaient d’arrêter leurs générateurs « d’ici à quelques heures » faute de mazout. Dans son communiqué, le syndicat a exprimé le regret que la livraison du mazout se fasse « au compte-gouttes » et a demandé au chef de l’État Michel Aoun et au Premier ministre sortant Hassane Diab d’intervenir immédiatement. Le président du syndicat des hôpitaux privés, Sleiman Haroun, a lui mis en garde contre « une catastrophe sanitaire », soulignant la responsabilité des autorités pour « la mort de tout patient dans un hôpital, faute de courant », a-t-il affirmé hier lors d’un entretien à la chaîne locale LBCI.
LE TOCSIN S,EST ARRETE DE SONNER AU LIBAN. IL N,A PLUS DE FORCE DE PREVENIR LES LIBANAIS SUR LES DANGERS PERSES. LE GLAS A PRIS SA PLACE ET A COMMENCE A SONNER LE DEBUT DE LA FIN. SEUL ESPOIR : ESPERONS QUE C,EST POUR LA FIN DES VENDUS.
11 h 52, le 09 août 2021