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Nos Lecteurs ont la Parole

La ritournelle sempiternelle

La chanson populaire de Claude François Ça s’en va et ça revient – c’est fait de tout petits riens symbolise la ritournelle sempiternelle du cycle politique libanais. En effet, si ce n’est Hariri, c’est Mikati. Si ce n’est Mikati, c’est de nouveau Hariri. D’ailleurs, le dicton du pays du Cèdre est le suivant : chassez le naturel, il revient au galop. Aujourd’hui, c’est au tour de Mikati, le naturel milliardaire, de revenir au galop pour se tremper à nouveau dans la semoule des eaux troubles libanaises. Il succède au règne du pauvre Diab. Il faut dire que Diab est l’exception qui confirme la règle. Il a fait des mains et des pieds pour briguer le poste de Premier ministre et ainsi jouer dans la cour des grands. Mal lui en a pris. Il aurait mieux fait de se la couler douce dans le domaine académique. Actuellement, il est fort à parier qu’il se mord les doigts jusqu’au coude et les doigts des pieds jusqu’à la cheville tout en maudissant cette mouche narcissiste qui l’a piquée.Aujourd’hui, Mikati nous déballe, per verbatim, les mêmes sornettes désuètes qu’il avait énoncées des années auparavant lorsqu’il était Premier ministre, à savoir un cabinet d’indépendants ou de technocrates pour superviser des élections législatives. Nous connaissons la rengaine : on formule de nouvelles lois électorales, on organise les élections et, coucou, après de longues et pénibles tractations, on se retrouve avec les mêmes cervelles sempiternelles et les mêmes nombrils inamovibles. En ce qui concerne la déclaration ministérielle, il est fort à parier qu’elle sera copie conforme de celle qui la précède, et ainsi de suite. Il faut dire qu’en termes de créativité, notre classe dirigeante se creuse rarement les méninges.

Pendant ce temps, le citoyen de base vit sa vie selon les humeurs de la météo. Durant les chaleurs torrides, il patauge dans sa mare au purin en suant comme un porc, en puant comme un putois et en soufflant comme un buffle. Durant les périodes glaciales, il se recroqueville dans son abri de fortune en gelant comme un rat, en frémissant comme une poule mouillée et en grognant comme un goret. Sa seule distraction pour tuer le temps (à moins que le temps ne le tue) est de picorer son pain moisi et de siroter son eau polluée en écoutant les âneries habituelles des experts qui oscillent entre optimisme sirupeux et pessimisme pleurnicheur.

Il n’y a que le maître au turban noir qui affiche un optimisme à tout va. Pour ce Candide des temps modernes, « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Avec force cymbales et trompettes, il prophétise la destruction totale de l’ennemi immonde. Dans l’expectative d’une victoire divine sur les ruines fumantes de son pauvre pays, le citoyen de base n’a d’autre choix que de se morfondre dans une obscurité totale en hululant lugubrement comme un oiseau de nuit. Dans cette république bananière de couleur jaune sinistre, les oranges sont vertes de rage et les poires sont remplies d’espoir.


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La chanson populaire de Claude François Ça s’en va et ça revient – c’est fait de tout petits riens symbolise la ritournelle sempiternelle du cycle politique libanais. En effet, si ce n’est Hariri, c’est Mikati. Si ce n’est Mikati, c’est de nouveau Hariri. D’ailleurs, le dicton du pays du Cèdre est le suivant : chassez le naturel, il revient au galop. Aujourd’hui,...

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