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Culture - Poésie

Les enfants meurtris de Beyrouth au cœur du Parnasse...

De l’étranger, de cette diaspora qui a les yeux rivés vers le calvaire de la mère patrie, Farès al-Haramouni adresse « Alouanak al-Bahaa, ya anti » (L’éclat de tes couleurs, ô toi ; Dar Nelson). Un petit recueil de poèmes en langue arabe pour les enfants, privés de rêve et à l’espoir confisqué.

Les enfants meurtris de Beyrouth au cœur du Parnasse...

Il a réagi violemment et passionnément au tragique drame du port et ses mots ont volé en flèche au secours de Beyrouth. En une poésie ciselée comme un diamant pur dans un arabe châtié et d’une haute tenue. Une ode incomparable à la reine des villes de l’Orient, une sultane doublée aujourd’hui d’une catin déchue et en quête d’orientation identitaire, malgré son passé glorieux qui a mis en échec une foule d’envahisseurs… Sa plaquette, jaillie comme un irrépressible cri du cœur, avait fait grand bruit. Comme une suite à ce douloureux chant pour une ville immortelle décapitée, Farès al-Haramouni, toujours à l’écoute de la terre qui le vit naître, ne pouvait être insensible aux déchirures des enfants de Beyrouth, à l’enfance bafouée au pays du Cèdre...

Depuis la guerre libanaise et encore récemment avec le carnage de l’explosion du port, les enfants ont assisté, entre larmes, morts, angoisses, blessures et traumatismes, à un insoutenable défilé d’images atroces. Comme tous les poètes qui l’ont précédé pour la défense de l’enfance, à l’instar de Chawki Abi Chakra, Zakaria Tamer, Hassan Abdallah, Paul Matar et Abido Bacha, Farès al-Haramouni lance les vocables qui consolent et pansent les plaies en quelques vers enserrés dans une métrique rigoureuse. Tel Hugo, Lamartine, Nerval, Éluard, il rejoint la cohorte des mages qui s’entretiennent des drames de l’enfance en prise avec le mal-être des adultes… Pour décrire les émotions enfantines, il a eu recours ici aux couleurs. Celles d’un scintillant arc-en-ciel qui tarde à paraître, attendu comme un drapeau de l’espoir et de l’espérance… Corail des mers, turquoise de l’eau, ocre terre de Sienne, bleu de nuit, noir corbeau, gris de cendre, blanc hermine ou de neige, ivoire crémeux, mauve du bleuet ou de lavandes, pourpre améthyste du murex, vert de thym ou de romarin, orange phosphorescent d’un fruit accroché à l’arbre, bleu azur d’un firmament… C’est à travers le spectre de ces tonalités que le poète traduit l’univers candide mais malmené des enfants de Beyrouth. Des enfants qui ont connu trop tôt les visites aux cimetières et dans les hôpitaux, la solitude des orphelins, qui ont perdu leurs repères, ont délaissé leurs jeux.

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À travers un lyrisme plein d’emphase, en invoquant les dieux et surtout les déesses, la comptine reste cependant douce et apaisante et le verbe soyeux. Car la poésie est, ici, porteuse de réconfort, et messagère de paix, de tendresse, de souffle positif, d’envol vers des espaces où l’insouciance n’est pas bannie et la consolation a les couleurs radieuses d’un pays qui se souvient de sa grandeur tout en tentant de sauvegarder, à travers une vision céleste, la promesse de belles aubes à venir… Un petit recueil intense, disponible en librairie, et dont les bénéfices seront reversés à Life Humanitarian Relief Effort. Life Generation, une ONG qui aide les sinistrés de l’explosion de Beyrouth. Site web : https://lifelebanon.org

Il a réagi violemment et passionnément au tragique drame du port et ses mots ont volé en flèche au secours de Beyrouth. En une poésie ciselée comme un diamant pur dans un arabe châtié et d’une haute tenue. Une ode incomparable à la reine des villes de l’Orient, une sultane doublée aujourd’hui d’une catin déchue et en quête d’orientation identitaire, malgré son passé...

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