Il a remporté une victoire inédite au sein de l’ordre des ingénieurs, obtenant près de 70 % des voix des électeurs. Aref Yassine, candidat de L’Ordre se révolte (al-Naqaba Tantafed), une coalition de formations et partis de l’opposition antisystème, est depuis dimanche le nouveau président du conseil de l’ordre des ingénieurs. Ses partisans, essentiellement le mouvement de contestation du 17 octobre ainsi que des partis comme les Kataëb et des formations de gauche, s’en félicitent, le décrivant comme un travailleur qui combat la corruption au sein de l’ordre depuis de nombreuses années.
Mais ses détracteurs, parmi lesquels des opposants qui n’étaient pas parvenus à une entente préalable avec L’Ordre se révolte, le critiquent pour son ancienne appartenance au Parti communiste libanais (PCL). Certains d’entre eux estiment qu’on ne peut se départir aisément d’une mentalité de communiste même lorsqu’on n’est plus affilié au parti.Divina Abou Jaoudé, élue membre du conseil de l’ordre sur la même liste que Aref Yassine, évoque son caractère de « battant » et de « lutteur ». « Il a toujours pris à cœur les affaires de l’ordre, essayant de faire parvenir sa voix depuis l’assemblée des délégués où il siégeait », relève-t-elle, indiquant que « ce n’était pourtant pas chose aisée ». Elle fait référence au fait que l’assemblée n’avait jamais comporté plus de 15 indépendants sur environ 500 délégués qui la composent. Désormais, depuis la première étape du scrutin (27 juin), 220 candidats de L’Ordre se révolte font partie de l’assemblée.
« Il connaît dans le détail tous les problèmes de l’ordre », indique dans le même sillage Nahida Khalil, architecte, qui avait collaboré avec M. Yassine dans le cadre de la campagne électorale Naqabati menée notamment par Beyrouth Madinati, et qui avait favorisé l’accès de l’indépendant Jad Tabet à la tête de l’ordre en 2017. « Il n’a de cesse de combattre la corruption », ajoute par ailleurs Mme Khalil.
Aref Yassine, né en 1963, et originaire de Houla (Liban-Sud), a été membre des commissions de travail qui ont notamment élaboré la loi sur l’organisation professionnelle (1997) et qui se penchent sur les opportunités de travail des ingénieurs. Il est secrétaire général de la section des ingénieurs civils depuis 2019. Même ses concurrents, dont Bassem Oueini, candidat malheureux du courant du Futur, et Moustapha Fawaz (mouvement Amal), qui s’était retiré avant le scrutin de dimanche, saluent sa « maîtrise des questions liées à l’ordre ». Tous deux veulent oublier leurs différends avec M. Yassine, accentués durant la période préélectorale. « Je le respecte, d’autant qu’il représente désormais mon ordre », s’exclame M. Oueini. « Il est un bon élément », ajoute M. Fawaz, le qualifiant de « sérieux et énergique, doté d’un esprit participatif ». « Mais plutôt que de le juger, nous jugerons ses performances », se ravise-t-il. Divina Abou Jaoudé note que ce n’est pas la première fois que Aref Yassine brigue un poste au sein du conseil. « Il est déterminé et a le sens de la confrontation », révèle-t-elle, estimant d’ailleurs que « ces traits de caractère ne sont pas étrangers à l’adoption de sa candidature par la coalition ». Nahida Khalil ajoute pour sa part qu’« il coordonne avec toutes les parties de l’opposition », rappelant qu’il a fait rayer (en 2014) la mention de sa confession (chiite) sur sa carte d’identité.
Idéologie
Un ingénieur faisant partie d’al-Mouhandess awalan (L’ingénieur d’abord), un collectif de l’opposition non allié à al-Naqaba tantafed, semble pourtant inquiet, en dépit du fait que sa formation s’était retirée de la course la veille du scrutin et avait appelé à soutenir la liste de L’Ordre se révolte. « Même s’il a quitté le PCL (en 1998), Aref Yassine est vraisemblablement imprégné de son idéologie », déplore cet opposant sous couvert d’anonymat, craignant notamment pour « la manière de gérer les fonds de l’ordre ». Un autre ingénieur critique outre la présence du PCL au sein de L’ordre se révolte, celle de nombreux partis de gauche (notamment Citoyens et citoyennes de l’ancien ministre Charbel Nahas). « Le nouveau président a vaincu non parce qu’il est fort mais parce que la plupart des partis dont il est le candidat partagent sa manière de penser et mûrissent un projet communiste pour le Liban », estime-t-il, malgré la présence au sein de L'ordre se révolte de formations très éloignées du communisme, comme les Kataëb, le Bloc national et d’autres.
« Je crains qu’à moyen ou long terme le pays ne devienne rouge », s’alarme son confrère cité plus haut. Et d'insister : « L'ordre se révolte inclut des communistes qui surfent sur la thaoura. »
commentaires (5)
Reallyyy! C'est le reproche qu'on lui fait d'être communiste! On aurait bien sûr préfèré, par exemple, vendu à des pays autres, voleurs qui a mit main basse sur largent des libanais, oh! peut être assassin de politiciens et journalistes, ou agent de pays voisins ou encore tranfiquant de drogue, wil habél aal joraar...prenez le communiste mes amis, s'il l'est, au moins il aurait des principes...
Wlek Sanferlou
20 h 47, le 20 juillet 2021