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Culture - Cinéma

C’est à partir de l’agitation imaginative que se crée un film

« State of agitation » d’Élie Khalifé a fait partie récemment du festival Terdad, un hommage panaché à la culture, et il a été projeté au musée Sursock. Il est à présent dans les salles de Beyrouth.

C’est à partir de l’agitation imaginative que se crée un film

Talal al-Jurdi dirigé par Élie Khalifé, lui-même acteur dans son propre film. Photo DR

Lorsqu’un réalisateur illuminé et très enthousiaste est la proie de ses personnages, cela donne un état d’agitation, un peu brouillon, un peu chaotique mais très créatif et imaginatif. Élie Khalifé, scénariste-réalisateur dont la filmographie survole deux décennies – Taxi Service (1996), Merci Natex (1998) Yanoosak (2010) – montre dans son nouveau film, State of Agitation (État d’agitation), que la comédie peut s’associer au cinéma d’auteur sans discordances parce que d’abord elle est indépendante et rigoureuse et qu’il ne suffit pas que le sujet soit pointu pour être classé dans ce genre. Le réalisateur prouve encore une fois que sa signature est atypique, particulière. « D’ailleurs, précise Élie Khalifé, ce film a été projeté il y a un mois, au festival de Gabès, en Tunisie, qui privilégie le cinéma d’auteur. » Et de préciser encore, pour prouver ses dires : « Je parle d’un sujet typiquement libanais pour aborder un thème plus large. Je voulais montrer que rien n’est jamais abouti au Liban. Même un scénario tout simple peut s’empêtrer et aller dans tous les sens. »

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Un pont entre l’audience et le réalisateur

« Le Libanais, quel que soit son métier, a tendance à entamer un projet sans savoir le terminer », dit-il aussi. À partir de cette idée, Élie Khalifé effectue une mise en abyme au cinéma. « Quand un réalisateur écrit un scénario, il vit constamment avec ses personnages, mais en même temps, il les abandonne en cours de route. Il passe d’un personnage à un autre les laissant dans une situation inconfortable. Ils vont alors se révolter contre lui. Il sera ainsi largué par les personnages fictifs du film et réels qui l’entourent », dit-il. C’est en flirtant avec la musique, les sons, les images et tous les codes du cinéma que Khalifé donne des pistes au spectateur qui ne sait pas dès le début où il va. « C’est une comédie élaborée comme un polar, note le cinéaste. J’ai essayé de mettre à l’œuvre une structure appliquée aux films policiers pour que le spectateur découvre petit à petit où va le film tout en laissant même une surprise à la fin. » Producteur, scénariste et réalisateur de State of Agitation, Khalifé porte également dans ce long métrage la casquette d’acteur : « Un métier formidable et un rôle que j’ai aimé endosser. » Et de poursuivre : « J’ai voulu faire un film que j’avais moi-même envie de voir sur grand écran. Certes je reconnais que State of Agitation est à mi-chemin entre les films purement d’auteur de Gabès ou de Valencia et les films commerciaux, mais c’est aussi un ovni du cinéma, où je rends hommage à toutes mes références cinématographiques comme John Turturro dans Barton Fink des frères Coen ou encore Nanni Moretti. »

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Le film a été tourné en 20 mois avant la pandémie du coronavirus, à raison d’un jour de tournage par mois. C’est avec de petits moyens, mais une belle équipe qui l’a suivi dans cette aventure et qui lui a fait confiance – comme les acteurs Fadi Abi Samra, Michèle Aoun ou Talal al-Jurdi – que le metteur en scène a concocté ce film. « C’était un luxe que de tourner aussi lentement, en gérant mon propre temps. Par ailleurs, il fallait être rigoureux car dans une comédie, il faut de la rigueur, afin qu’elle ne soit pas vulgaire ou juste populaire », précise-t-il. Une comédie qui fait réfléchir. « À présent, ce film fait son chemin. Il a pris le large et voyage, comme un grand. Il fait sa vie ». Après Gabès et Malmö, il sera à Chicago, ainsi que dans des festivals indépendants. « Aki Käurismaki, un réalisateur que j’aime beaucoup, disait que c’était un honneur pour lui d’envoyer ses films participer à de grands festivals, mais, petit à petit, il s’est rendu compte que les tapis rouges et les paillettes prenaient le dessus sur le contact avec le public. Alors, tout comme lui, j’avoue préférer les petits festivals indépendants où le film devient juste une passerelle entre le réalisateur et le public », conclut Élie Khalifé.

Lorsqu’un réalisateur illuminé et très enthousiaste est la proie de ses personnages, cela donne un état d’agitation, un peu brouillon, un peu chaotique mais très créatif et imaginatif. Élie Khalifé, scénariste-réalisateur dont la filmographie survole deux décennies – Taxi Service (1996), Merci Natex (1998) Yanoosak (2010) – montre dans son nouveau film, State of Agitation...

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