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Nos Lecteurs ont la Parole

« Dominus vobiscum... »

« Dominus vobiscum... »

C’était un jeudi, le 1er juillet 2021, à la cité du Vatican : le pape François reçoit les hauts dignitaires religieux chrétiens du Liban. À sa convocation, les représentants de dix confessions chrétiennes du Liban se rendent à la cité sainte. Une journée complète pour le Liban, une première au Vatican.

Le Liban étant confronté à une grave crise, le Saint-Père lui manifeste un grand souci. Il s’agit de la présence chrétienne dans le temps et l’espace. Les chrétiens libanais sont un pont avec l’islam dans ses composantes sunnite et chiite, d’une part, et avec le judaïsme, d’autre part ; ce rôle est unique. François a dit : « Le Libanais chrétien doit défendre le Libanais musulman, et l’inverse aussi. » Les chrétiens d’Irak, de Mossoul, Qaraqoch et la plaine de Ninive ont payé face à Daech le prix de ce principe. C’est pourquoi François a déclaré, s’adressant aux chrétiens d’Irak au cours de sa dernière visite en mars dernier : « C’est votre terre aussi. »

De même, le pape Jean-Paul II a déclaré que « le Liban est un message, une terre de rencontre entre christianisme et islam ». Quant au pape Benoît XVI, au cours de sa visite au Liban, il a insisté sur le principe du « vivre-ensemble ». Puisque le Liban est un message universel, il est impossible de l’abandonner, comme le souligne le pape François. Le christianisme en Occident ne persistera pas si le christianisme en Orient est déraciné. Le Liban est, et doit rester, un projet de paix. Sa terre est une terre de paix et de fraternité, une terre de rencontre entre les différentes communautés religieuses. Ainsi, tous les acteurs politiques doivent servir la paix et non pas les intérêts personnels. N’employez pas le Liban au profit des intérêts extérieurs. Ni François ni la France ne détiennent un bâton magique. C’est aux Libanais d’assumer leurs responsabilités et de rectifier le tir.

Vous, Libanais, qu’avez-vous fait de votre terre ? Vous l’avez transformée en un espace de vivre-ensemble, en un pays, en un État où se rencontrent le christianisme et l’islam. Vous avez fait de votre pays un héritage universel. Vous vous êtes distingués par l’esprit d’initiative. Ne désespérez pas. Il n’y a pas de salut sans justice. Mettez le meilleur de vous au service de votre pays. Au fond de vous-mêmes, vous êtes persuadés que la bonté, la compassion, l’espérance, le respect, les bonnes intentions portent la lumière aux endroits ténébreux. Ainsi, l’obscurité se dissipera et l’aube ne tardera pas à paraître, suivie de la lueur brillante de l’aurore.

Le Liban ne peut pas être laissé à la merci des « sans-scrupules ». Le souverain pontife a envoyé des messages multidirectionnels dans son discours, au terme de huit heures de débats et de réflexion autour de la crise libanaise.

Vous avez construit une civilisation ni cent pour cent chrétienne, ni cent pour cent musulmane. C’est une innovation particulière universelle. Que reste-t-il de cette bâtisse ? Où est le rôle des institutions ? Des universités catholiques ? Où sont les prêtres? Qu’ont-ils fait ? Et le clergé, qu’a-t-il fait ? Il a réduit les institutions à une source de gain et a abandonné la mission de la pensée, de l’État et de la liberté. Les chrétiens du Liban sont le bel héritage. Si vous aimez votre terre, mettez en place un régime politique où règne la justice ; aucune faction, quelle que soit sa force, et quoi qu’il en coûte, ne devrait dominer les autres.

Enfin, le chômage, la pauvreté et la corruption produisent le terrorisme. Il est inconcevable de tuer l’âme, notamment des jeunes. Il est humiliant d’avoir des hommes d’État qui admettent, autour d’eux, des vassaux ou aussi, et surtout, des personnes qui se livrent à la diffamation ! Que transmettez-vous aux nouvelles générations ? Voulez-vous des « leaders » ou des « dealers » ?

À la fin de son discours, à la basilique Saint-Pierre de Rome, et dans un signe historique depuis le schisme de 1054, le pape François a salué les dix chefs des Églises orientales, et plus particulièrement le patriarche orthodoxe Yaziji en embrassant sa croix en signe d’unification.

Aux chefs des Églises catholiques, orthodoxes et protestantes réunis au sein de la basilique Saint-Pierre de Rome, vous nous annoncez, par le bais du pape François, « Dominus vobiscum » (« Le Seigneur soit avec vous »). Nous vous répliquons : « Et cum spiritu tuo » (« et avec votre esprit »).

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C’était un jeudi, le 1er juillet 2021, à la cité du Vatican : le pape François reçoit les hauts dignitaires religieux chrétiens du Liban. À sa convocation, les représentants de dix confessions chrétiennes du Liban se rendent à la cité sainte. Une journée complète pour le Liban, une première au Vatican.
Le Liban étant confronté à une grave crise, le Saint-Père lui...

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