Golden Visa : les stars scintillent sous le soleil des Émirats

Les vœux les plus chaleureux et les remerciements des stars adressés aux Émirats arabes unis pleuvent sur les réseaux sociaux depuis le début de l’année. Ces dernières sont toutes reconnaissantes d’avoir obtenu une « résidence d’or » très convoitée, c’est-à-dire un séjour prolongé offert par le pays aux artistes et talents créatifs. Parmi les stars récemment récompensées, de nombreux Libanais, parmi lesquels les chanteurs Najwa Karam, Ragheb Alameh, Ramy Ayache, Carole Samaha, Walid Toufic, la présentatrice télé Annabella Hilal, ou encore les acteurs Cyrine Abdelnour, Takla Chamoun, Nadine Nassib Njeim, Wissam Hanna, Bassem Moghniyeh et Jessy Abdo. Mais également des stars arabes et internationales, notamment le footballeur portugais Cristiano Ronaldo, la star de tennis Novak Djokovic, l’ex-footballeur Roberto Carlos, le chanteur égyptien Mohammad Ramadan, l’actrice égyptienne Nelly Karim, l’actrice Nabila Obeid, la présentatrice Hala Serhan, la star tunisienne Latifa, et de nombreux acteurs et chanteurs syriens, comme Nassif Zeytoun, Bassam Koussa, Taym Hassan, Carisse Bachar et Qoussay Khaouli.

« Votre Altesse le cheikh Mohammad ben Rachid al-Maktoum, le peuple émirati et tous les responsables, merci de m’avoir accordé la résidence d’or aux Émirats arabes unis. C’est un grand honneur pour moi », a écrit Ramy Ayache sur Twitter. « Je remercie sincèrement Son Altesse le cheikh Mohammad ben Rachid al-Maktoum de m’avoir accordé la résidence d’or aux Émirats arabes unis, et tous mes remerciements et ma gratitude à l’Autorité des arts et de la culture de Dubaï pour son soutien aux artistes et aux créateurs », a assuré pour sa part Nadine Njeim, tandis qu’Annabella Hilal s’estimait heureuse, « car, malgré les circonstances difficiles que traverse mon pays le Liban, il y a encore une lumière qui brille dans l’émirat de Dubaï, et qui nous ouvre des horizons et éclaire nos chemins ».

« Je reste au Liban »

Il y a deux ans, les Émirats arabes unis ont dévoilé pour la première fois leur programme de résidence d’or. En novembre 2020, les autorités ont annoncé l’adoption officielle et l’activation d’un nouveau système. Le vice-président et Premier ministre des Émirats arabes unis et souverain de Dubaï, le cheikh Mohammad ben Rachid al-Maktoum, a alors déclaré qu’un programme de résidence de dix ans avait été approuvé pour un certain nombre de catégories.

Ce système de visa de résidence de longue durée est automatiquement renouvelé. Il permet aux expatriés étrangers souhaitant venir travailler, vivre ou étudier dans le pays la possibilité de bénéficier d’une résidence de longue durée sans avoir besoin d’un sponsor émirati, avec un pourcentage de propriété de 100 % à l’intérieur du pays. Ce qui contraste avec les règles généralement acceptées qui exigent la présence d’un partenaire local avec une part d’au moins 51 % dans les projets d’affaires et d’investissement au sein des émirats. Mis à part les artistes, ce programme s’adresse également aux titulaires de doctorat, aux médecins, ingénieurs, titulaires de diplômes spécialisés en intelligence artificielle, aux investisseurs, entrepreneurs, chercheurs dans divers domaines de la science et étudiants brillants. Une fois le droit de résidence en or accordé, le bénéficiaire peut le transmettre directement à l’ensemble de sa famille. La « superstar » Ragheb Alameh a ainsi révélé que la sienne avait également obtenu le « golden visa », affirmant que son déménagement à Dubaï était la « meilleure des nouvelles ». « Que désire un papa, à part que ses enfants vivent dans un lieu qui offre sécurité, loi, justice, possibilités de travail, positivité et une vision pour l’avenir ? s’est-il interrogé sur les réseaux sociaux. La situation politique au Liban est particulièrement difficile et je ne veux pas que mes enfants perdent leur temps. Je n’aime pas qu’ils soient affectés par ces personnes qui mentent au peuple libanais et détruisent le Liban. »

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Ces affirmations ont enflammé la toile et suscité la colère de nombreux internautes libanais qui y ont vu une atteinte au pays du Cèdre. Le jeune chanteur Joseph Attieh a également subi leurs critiques en remerciant les EAU pour l’octroi de la résidence d’or. Ils lui ont rappelé que son titre phare était bien… « Lebnan rah yerjaa ». « Je reste au Liban, nous a toutefois confié le chanteur. J’ai remercié l’État des Émirats et je réitère mes remerciements. L’octroi de la résidence d’or me facilite la vie sur le plan professionnel et m’ouvre de nouvelles possibilités de travail, mais ça ne signifie pas que j’ai quitté le Liban. » Et d’ajouter : « Les EAU sont gouvernés par des dirigeants qui savent ce qu’ils font. Pourquoi le nier ? »

Politique

Si le système de « golden visa » semble être en premier lieu un outil pour promouvoir le pays, et inciter au tourisme et aux arts en attirant artistes et intellectuels, certains y voient un tout autre objectif dissimulé. C’est l’opinion de la journaliste et critique culturelle libanaise Zeinab Haoui qui estime que ce programme est avant tout « un outil de propagande politique ». « Il n’est pas innocent que les EAU choisissent des artistes et influenceurs actifs sur les réseaux sociaux, même s’ils ne présentent pas nécessairement un art de qualité, affirme-t-elle à L’Orient-Le Jour. Et il n’est pas innocent que les artistes principalement visés soient au Liban ou en Syrie, deux pays qui sont aujourd’hui dans un axe de «résistance» opposé à la politique des EAU ouverte vers Israël. Les artistes n’en sont pas tous conscients, mais ils servent l’objet de cette campagne, et ils en profitent également. À l’heure où nous n’avons tout simplement pas d’État, où notre pays n’a plus grand-chose à leur offrir, et surtout pas le style de vie auquel ils ont toujours été habitués. Ce n’est pas à moi de les blâmer ou non. C’est juste une constatation. »

Des accusations réfutées par une chanteuse libanaise de renom, également contactée par L’Orient-Le Jour et qui a requis l’anonymat. Elle assure qu’« on devrait plutôt tirer quelques leçons, nous Libanais, des Émirats arabes unis qui ont su transformer le pays en oasis, alors que notre État est en train de nous tirer vers le bas, dans une descente aux enfers qui semble ne jamais finir. « Promotion ou pas, les EAU prouvent par leur programme qu’ils apprécient les arts et la culture, dit-elle, et surtout les artistes libanais, qui essaient malgré tout de véhiculer une image positive de leur pays. Nous ne sommes pas en position de donner des leçons ! »