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Société - Médias

Lancement par la France du projet Qarib de soutien aux médias au Proche-Orient

Une table ronde s’est tenue la semaine dernière à l’Institut français de Beyrouth, avec la participation de l’ambassadrice de France, pour discuter de l’avenir des médias libanais dans un contexte de crise généralisée.

Lancement par la France du projet Qarib de soutien aux médias au Proche-Orient

L’ambassadrice de France au Liban, Anne Grillo, prenant la parole lors de la table ronde « Les médias libanais face aux crises : et maintenant, où va-t-on ? » à l’Institut français. Photo Waël Hamzeh

Le projet Qarib (proximité en arabe), destiné à soutenir des médias en Irak, en Jordanie, dans les territoires palestiniens et au Liban, a été lancé jeudi dernier à l’Institut français de Beyrouth avec la participation de l’ambassadrice de France au Liban, Anne Grillo, qui a pris part à une table ronde sur le thème « Les médias libanais face aux crises : et maintenant, où va-t-on ? », au cours de laquelle des journalistes ont discuté de l’avenir des moyens d’information dans un Liban qui s’enlise dans les crises. Financé par l’Agence française de développement (AFD) et mis en œuvre par CFI, l’opérateur de coopération du ministère français des Affaires étrangères chargé de coordonner et d’animer la politique française d’aide au développement en faveur des médias des pays du Sud et de l’Est partenaires, Qarib vise à encourager la cohésion sociale au niveau régional, national et local, et à favoriser, par une meilleure couverture médiatique, l’inclusion des populations, notamment des femmes, dans la société et le débat public.

Les trois médias libanais soutenus par Qarib dans le cadre de cette action sont Megaphone News, qui réalisera quatre vidéos traitant de questions politiques et socio-économiques, Beirut Today, qui produira trois mini-documentaires sur la vie quotidienne des Libanais, et Raseef22, qui publiera 20 articles écrits par de jeunes femmes journalistes. De nombreuses autres activités (formations, soutien financier à la production de contenus, conférence, coaching…) seront organisées au cours des prochaines années dans les pays cibles du projet.

Devant un grand groupe de journalistes, le directeur de la Fondation Samir Kassir (journaliste assassiné en 2005) et modérateur de la table ronde, Ayman Mhanna, a donné le ton du débat en faisant valoir qu’aucune complaisance n’aura sa place envers l’État « criminel et corrompu ». L’ambassadrice de France a déploré, pour sa part, la crise protéiforme que traverse le pays, ainsi que les difficultés rencontrées par les médias : « C’est compliqué de se projeter quand on est en mode survie », a-t-elle dit en soulignant avec émotion l’absence de l’intellectuel Lokman Slim, assassiné le 4 février dernier, « qui aurait certainement fait résonner sa voix pertinente dans ce débat ».

Protéger les médias libanais

Le PDG de CFI, Thierry Vallat, a affirmé, quant à lui, qu’avec « ce projet, nous voulons stimuler un journalisme de proximité et d’investigation, qui touche et parle aux gens », l’heure étant à l’éducation, à la lutte contre la désinformation et au développement économique de la presse indépendante. Pour Anne Grillo, fervente défenseuse du projet, « protéger les médias libanais est un geste éminemment politique et démocratique (…), Dans la région, le Liban est une référence en matière de médias d’information, et je souhaite qu’il le reste ».

Pour ce faire, l’AFD et le CFI se donnent pour mission d’accompagner les « médias alternatifs » en matière de développement économique, de productions innovantes et de représentation égalitaire des genres, afin d’en faire des terrains propices au débat public et à la confiance des citoyens.

La discussion s’est ensuite engagée entre Alia Ibrahim, rédactrice en chef du site d’information alternatif Daraj, Amanda Abou Abdallah, cofondatrice de la plateforme digitale Khateera, Riad Kobeissi, journaliste d’investigation, et Roula Mikhael, directrice de la Fondation Maharat.

De la fuite des cerveaux aux conditions de travail des journalistes, en passant par la répression dont ils font l’objet, ainsi que les enjeux en matière d’innovation, toutes les préoccupations ont été couvertes par le panel, dans une discussion teintée d’inquiétude. Interrogée sur la détérioration continue de la situation au Liban, Alia Ibrahim dénonce une « banalisation de l’enlisement ». « Nous normalisons ces crises en faisant comme s’il était de notre devoir, en tant que citoyens, de trouver des solutions à un quotidien de plus en plus pesant. » Il s’agirait ainsi de promouvoir de véritables « médias de combat » sur des thématiques comme la redevabilité, la modernisation sociale, la promotion des libertés ou l’alternance politique, pour n’en citer que quelques-unes. Sans oublier l’opportunité pour les médias de mettre en commun leurs ressources, voire d’unir leurs forces sur des sujets spécifiques, afin de faire porter leur voix plus loin, tout en développant un journalisme d’investigation capable de constituer un véritable contre-pouvoir.

À la question de savoir « Et maintenant, où va-t-on ? » Riad Kobeissi et Alia Ibrahim estiment que c’est vers la responsabilisation tant des dirigeants que des citoyens, tandis que pour Roula Mikhael c’est vers la lutte incessante des médias contre la désinformation et pour Amanda Abou Abdallah vers l’innovation et la créativité.

Le projet Qarib (proximité en arabe), destiné à soutenir des médias en Irak, en Jordanie, dans les territoires palestiniens et au Liban, a été lancé jeudi dernier à l’Institut français de Beyrouth avec la participation de l’ambassadrice de France au Liban, Anne Grillo, qui a pris part à une table ronde sur le thème « Les médias libanais face aux crises : et maintenant,...

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