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Économie - Subventions

« Ruptures de stock en cascade » : le cri de détresse des importateurs de médicaments

« Ruptures de stock en cascade » : le cri de détresse des importateurs de médicaments

Une enseigne de pharmacie dans le Metn. Photo P.H.B.

Le syndicat des importateurs de médicaments au Liban a lancé hier un véritable cri d’alarme, via l’Agence nationale d’information, soulignant que des centaines de médicaments étaient déjà en rupture de stock. Il a ajouté que des centaines d’autres risquaient de devenir introuvables en juillet si l’État et la Banque du Liban ne parvenaient pas à mettre fin aux dysfonctionnements du mécanisme de subvention sur les importations dont bénéficient ces produits depuis le début de la crise.

Dans leur communiqué, les importateurs ont assuré que « les importations sont quasiment à l’arrêt depuis plus d’un mois », suite au fait que la BDL n’avait pas honoré « 600 millions de dollars d’impayés » sur des dossiers pourtant validés et avait arrêté de livrer des autorisations préalables pour les nouveaux dossiers présentés, comme elle l’impose depuis le printemps. Se référant à un avertissement similaire lancé courant juin, le syndicat a ajouté que « des centaines de médicaments essentiels, notamment pour le traitement de maladies graves et chroniques, sont en rupture de stock et des centaines d’autres le seront également en juillet si les importations ne reprennent pas le plus rapidement possible ».

Appel à trouver un accord

« À court terme, la seule solution est que l’accord trouvé entre le ministère de la Santé et la Banque du Liban, sous l’égide du chef de l’État Michel Aoun, soit mis en application », ont-ils souligné, en référence aux dispositions qui prévoient notamment qu’une série de médicaments, définis selon un ordre de priorité par le ministère de la Santé, restent subventionnés via l’allocation d’un montant mensuel précis accordé par la BDL. Le syndicat réclame enfin aux autorités de mettre un terme aux stockages illégaux et à la contrebande de produits subventionnés.

Les médicaments bénéficient du même mécanisme mis en place à l’automne 2019 pour les importations de carburant, qui permet aux importateurs concernés d’échanger leurs livres au taux officiel de 1 507,5 livres contre des dollars fournis par la banque centrale afin de payer l’essentiel des montants demandés par les importateurs. Ce dispositif est présenté par ses promoteurs comme un mécanisme de subvention devant limiter l’impact sur les prix en livres de ces produits, face à la dépréciation de la monnaie nationale depuis le début de la crise (le taux gravite autour de 17 000 livres pour un dollar depuis juin).

Ce procédé est néanmoins battu en brèche par plusieurs experts, à l’image de Sybille Rizk, membre du conseil exécutif de l’Initiative libanaise pour le pétrole et le gaz (LOGI) et directrice des politiques publiques de Kulluna Irada. Dans une tribune publiée samedi dans nos pages, celle qui était rédactrice en chef du Commerce du Levant avait jugé que ce type de mécanisme était une manifestation de la « continuité (limitée à quelques lignes d’importation) de la politique monétaire mise en œuvre par la BDL dans les années 1990 qui avait consisté à fixer le taux de change entre la livre et le dollar malgré sa surévaluation croissante manifeste ».

Si les importateurs de médicaments ne sont pas les seuls à se plaindre des dysfonctionnements des mécanismes de subvention et de leur impact sur diverses chaînes d’approvisionnement dans le pays – la plus visible étant celle du carburant (voir encadré)–, la Banque du Liban adopte une autre ligne de défense, en dénonçant notamment le fait qu’une partie des produits importés via ses subventions finit par alimenter la contrebande. S’agissant des médicaments, elle est en outre montée en mai au créneau pour dénoncer la flambée de la facture des subventions liées à ces importations. Celle-ci s’élevait jusqu’au 20 mai à 1,232 milliard de dollars, un niveau plus élevé que sur l’ensemble de l’année 2020. Le syndicat des importateurs de médicaments avait lui contesté cette méthode de calcul, en jugeant que le chiffre avancé intégrait plus de 747 millions d’impayés de sa part, dont une partie conséquente date de 2020.

Le financement de ces subventions vient lui des réserves de devises de la BDL, qui ne sont aujourd’hui quasiment plus constituées que des réserves obligatoires des banques, des montants placés par ces dernières à la demande de la banque centrale pour couvrir une partie de leurs dépôts en devises. Si rien ne lui interdit d’utiliser ces montants pour des impératifs de politique monétaire, la BDL a contraint l’État, en juin, à s’engager à emprunter avec intérêts les montants qu’il lui demanderait de ponctionner sur ces réserves de devises pour faire durer les mécanismes de subvention jusqu’à ce qu’une alternative viable soit trouvée. Si les députés ont voté mercredi dernier une loi instituant une carte d’approvisionnement devant servir de vecteur de versement pour une aide financière directe aux plus démunis une fois que les subventions seraient levées, le projet est encore loin d’exister ailleurs que sur le papier. Le mécanisme de subvention sur le carburant a lui récemment été rationalisé, ce qui a provoqué une importante hausse des prix en livres de l’essence, du mazout et du gaz, sans pour autant régler les problèmes d’approvisionnement.

Du mazout déchargé dès aujourd’hui, annonce Abou Chacra

Le représentant des distributeurs de carburant, Fadi Abou Chacra, a annoncé à plusieurs médias au cours du week-end écoulé que trois navires-citernes ayant jeté l’ancre dans les eaux libanaises allaient décharger leurs cargaisons de mazout dès que la Banque du Liban aura ouvert aujourd’hui les crédits nécessaires comme attendu.

Il a assuré que le mazout sera livré en priorité aux hôpitaux, aux boulangeries et aux propriétaires de générateurs privés, lesquels fournissent du courant pendant les heures de rationnement d’Électricité du Liban. Fadi Abou Chacra a ajouté que trois tankers avaient déjà déchargé leurs cargaisons depuis jeudi dernier et expliqué le fait que les longues files d’attente devant les stations-service se poursuivent par un sentiment de « panique » générale.

Les pénuries de carburant sont une des facettes les plus visibles ces derniers mois de la crise économique et financière sans précédent que traverse le Liban.

Le syndicat des importateurs de médicaments au Liban a lancé hier un véritable cri d’alarme, via l’Agence nationale d’information, soulignant que des centaines de médicaments étaient déjà en rupture de stock. Il a ajouté que des centaines d’autres risquaient de devenir introuvables en juillet si l’État et la Banque du Liban ne parvenaient pas à mettre fin aux...

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