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Économie - Liban

Les autorités se préparent à rationaliser les subventions sur les médicaments

Aoun et Diab donnent leur autorisation "exceptionnelle" pour continuer à subventionner les médicaments pour soigner les maladies chroniques.

Les autorités se préparent à rationaliser les subventions sur les médicaments

Réunion à Baabda, sous la houlette du chef de l'Etat, Michel Aoun (c), autour de la crise des médicaments au Liban. Photo Twitter/Présidence libanaise

Les autorités libanaises ont annoncé jeudi qu’elles se préparaient à réduire les subventions sur les médicaments à travers un mécanisme de rationalisation fixé par le ministère de la Santé, conformément au plan soumis par le Premier ministre sortant Hassane Diab au Parlement, dans un contexte de grave crise économique et financière.

Cette décision a été annoncée à l'issue d’une réunion à Baabda autour de la dramatique pénurie de médicaments dont souffre le pays, et alors que les réserves de devises de la Banque du Liban sont presque exclusivement formées des dépôts obligatoires des banques.

Pour garantir la pérennité des subventions dans les mois à venir, le chef de l'État Michel Aoun et le Premier ministre sortant ont accordé une autorisation exceptionnelle à la Banque du Liban lui permettant d'avoir recours à ses réserves obligatoires pour poursuivre le financement des subventions de certains médicaments et équipements médicaux "définis en fonction de priorités définies par le ministère de la Santé et reprises dans le plan de rationalisation des subventions", selon un courrier envoyé par la présidence du Conseil aux ministères de la Santé et des Finances ainsi qu'à la BDL.

Ce texte souligne que l'autorisation est donnée en vertu des articles 91 et 88 du Code de la monnaie et du crédit (CMC). L'article 91 précise qu’en cas "d’absolue nécessité", le gouvernement peut demander au gouverneur de la BDL un prêt dont les modalités (taux d’intérêts et durée) sont fixées respectivement par les articles 93 et 94. L’article n°88 du CMC indique, lui, que "la banque centrale est autorisée à prêter au trésor, après une requête du ministère des Finances, des facilités de trésorerie". Le montant octroyé ne doit pas être supérieur à 10 % de la moyenne des revenus de l’État durant les trois dernières années, qui s'élève selon nos calculs à 15.785,98 milliards de livres en moyenne. Le prêt, qui ne devra pas s'étendre au delà de quatre mois, ne pourra donc pas dépasser les 1.578,6 milliards de livres, soit 1,05 milliard de dollars au taux officiel de 1 507,5 livres pour un dollar. Le prêt prévu par l’article 88 est une facilité que la BDL est autorisée à octroyer deux fois par an maximum à l’État (article 89), et n’est pas supposé pouvoir fournir de l’argent au gouvernement, sauf dans un cas "d’absolue nécessité", indiqué dans l’article 91 et qui a été maintes fois utilisé durant la guerre civile, l’État libanais ne pouvant se tourner vers les marchés internationaux pour se financer.

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La Banque du Liban subventionne depuis le début de la crise économique et financière (octobre 2019) les importations de médicaments et d'équipements médicaux au taux officiel de 1.507 L.L. pour un dollar, tandis que le billet vert se vend autour de 17.000 L.L. sur le marché parallèle. La BDL utilisait un mécanisme similaire pour les importations de carburant mais a dernièrement décidé de réduire ces subventions, et échange désormais avec les importateurs le dollar contre 3.900 livres, ce qui a entraîné une hausse des prix des carburants.

La production locale
Après la réunion à Baabda, la présidence a précisé dans un communiqué qu'il fallait, dans le plan de rationalisation des subventions dans le secteur médical, "prendre en considération l'importance de la production locale de médicaments, en coordination avec le ministère de la Santé et le syndicat des producteurs de sérum et de médicaments".

Le plan du gouvernement sortant, un document de 16 pages, détaille une stratégie de remplacement des mécanismes actuels dont bénéficient les importateurs. Une baisse de plus de 54% des subventions sur les médicaments est évoquée, avec la suppression potentielle de plusieurs références de la liste de ceux qui sont actuellement couverts, une mesure qui ferait passer la facture mensuelle des aides de 108 millions à 49,8 millions.

Selon notre correspondante au palais Hoda Chédid, les médicaments pour les maladies chroniques resteront subventionnés. Les autorités ont également discuté de la levée des subventions sur les médicaments vendus au guichet sans prescription médicale, mais il n'est fait aucune mention à ces produits dans le communiqué de Baabda.

Le soutien au secteur pharmaceutique
Depuis début mai, les pharmaciens et les soignants sont confrontés à de nombreuses restrictions en raison d’un changement au niveau de la procédure mise en place par la BDL, qui retarde la distribution de médicaments, même si ceux-ci sont disponibles auprès des importateurs.

Dans ce contexte, les autorités ont également convenu de la "nécessité d'accompagner les industries pharmaceutiques nationales", en coordination avec le ministère de la Santé, dans la lignée d'un encouragement à la production locale de médicaments, moins coûteux que ceux importés. "Les usines pharmaceutiques libanaises bénéficient de normes de qualité élevées, ce qui les rend capables de produire des médicaments qui contribuent à répondre aux besoins du marché libanais et à réduire la crise", a estimé M. Aoun à ce propos. "Il n'est pas permis de conserver un monopole sur les médicaments, de les faire passer en contrebande (à l'étranger) ou de les stocker", a encore jugé le président de la République. Des propos auxquels ont fait écho ceux de M. Diab qui a estimé que le prix des médicaments et leur pénurie dans les pharmacies étaient "un problème insoutenable" pour les Libanais.

Les autorités libanaises ont annoncé jeudi qu’elles se préparaient à réduire les subventions sur les médicaments à travers un mécanisme de rationalisation fixé par le ministère de la Santé, conformément au plan soumis par le Premier ministre sortant Hassane Diab au Parlement, dans un contexte de grave crise économique et financière.Cette décision a été annoncée à l'issue...

commentaires (6)

En tout cas moi je dors tranquille car je constate que nous sommes dirigés par des gens exceptionnels qui prennent des décisions exceptionnelles pour nous sortir exceptionnellement d’une situation exceptionnelle dans laquelle ils nous ont exceptionnellement mis. C’est exceptionnel! Et vive le Liban Fort!…

Gros Gnon

04 h 33, le 02 juillet 2021

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Commentaires (6)

  • En tout cas moi je dors tranquille car je constate que nous sommes dirigés par des gens exceptionnels qui prennent des décisions exceptionnelles pour nous sortir exceptionnellement d’une situation exceptionnelle dans laquelle ils nous ont exceptionnellement mis. C’est exceptionnel! Et vive le Liban Fort!…

    Gros Gnon

    04 h 33, le 02 juillet 2021

  • Avec quel argent ?

    camel

    18 h 10, le 01 juillet 2021

  • Le vol des dépôts des citoyens continue. Une belle photo de wanted

    Lecteur excédé par la censure

    18 h 07, le 01 juillet 2021

  • Quelle autorité? Ils déplacent du vent et font semblant de s’atteler à la tâche parce qu’ils savent que leur heure est arrivée. Des polichinelles en guise de responsables politiques qui aiment s’entendre parler pour ne rien dire.

    Sissi zayyat

    17 h 17, le 01 juillet 2021

  • Tout ce gère par des autorisations et des actes exceptionnels!

    Bachir Karim

    16 h 13, le 01 juillet 2021

  • PAR QUEL ARGENTS ?

    Gebran Eid

    16 h 01, le 01 juillet 2021

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