Le Parlement élit un nouveau membre du Conseil constitutionnel

Le Parlement libanais, réuni en séance plénière, a élu mercredi matin le juge Michel Tarazi comme nouveau membre du Conseil constitutionnel (CC), organe qui ne pouvait plus se réunir depuis mai faute de quorum après le décès de trois de ses membres. Le juge Tarazi a obtenu 52 voix tandis que son adversaire, l'ancien ministre de la Justice Albert Serhane, a recueilli 37 voix. Trois députés ont voté blanc.

Avec cette élection d'un nouveau membre, faite par le dépôt d'un bulletin dans une urne et non à main levée, le quorum est rétabli, avec huit membres sur les dix que comptent normalement le CC. Michel Tarazi sera membre pour la période restante du mandat du CC qui s'étend jusqu'en août 2022. Les deux autres membres doivent être nommés par le cabinet. Mais le gouvernement sortant de Hassane Diab n'a toutefois pas les prérogatives de se réunir pour une telle nomination et le nouveau cabinet se fait attendre depuis août 2020, ce qui paralyse de nombreux dossiers à traiter par l'exécutif.

Au début de la séance, le député Oussama Saad, chef de l'Organisation populaire nassérienne, s'était opposé à cette élection, arguant qu'il n'avait pas été informé du vote et du mode de scrutin observé. Le président de la Chambre, Nabih Berry, lui avait rétorqué que l'élection avait été annoncée au préalable et était attendue pour permettre au CC de reprendre ses réunions. "On a suffisamment de ruines dans ce pays. Il faut voter pour l'un des deux candidats qui remplissent les conditions dictées par le Conseil constitutionnel", avait ajouté le président du Parlement, Nabih Berry. Il avait rappelé que sur les trois sièges vacants, un magistrat de confession grecque-orthodoxe devait être élu par le Législatif "pour remplacer feu le juge Antoine Bridi".

L'édito de Issa GORAIEB

Les robinsons du cèdre

Les députés ont été convoqués pour une séance de deux jours, au cours de laquelle ils ont notamment adopté le texte sur la carte d’approvisionnement qui doit être distribuée aux familles libanaises défavorisées pour faire face à la crise.

Les FL quittent la séance 
"Le gouvernement sortant n'assume pas ses responsabilités et le Premier ministre désigné est en voyage depuis sept mois, alors que les Libanais meurent devant les stations-service en attendant que (Saad Hariri) se réunisse avec le président de la République", a déploré Georges Adwan. "On vole depuis un an et demi l'argent des déposants sans être capable de voter une loi" pour réglementer le contrôle des capitaux, a-t-il également regretté.

Agacé par les propos du député FL, le président Berry a déploré que "certains se comportent comme si le pays n'était pas un Etat confessionnel. Tout le monde connaît ses torts mais s'y accroche". Il s'est dit prêt à convoquer une séance de débat général. "Mais vous ne pouvez pas m'imposer la date de la tenue d'une telle séance", a-t-il lancé à M. Adwan. "Aujourd'hui, le Parlement remplit ses obligations législatives et adopte des lois qui sont plus que nécessaires, surtout en ce qui concerne la lutte contre la corruption et la carte d'approvisionnement", a-t-il ajouté. Il a espéré que, d'ici à ce que le cabinet soit formé "à n'importe quel prix", les députés auront pu adopter les lois nécessaires pour attirer "le soutien de la communauté internationale". Cette réponse a poussé les députés FL à se retirer de la salle.

Les élus n'ont par ailleurs pas échappé aux pénuries d'électricité devenues intenables à l'échelle de tout le pays qui ne reçoit plus que quelques heures de courant par jour. La climatisation était ainsi coupée dans la salle du palais de l'Unesco, selon les médias locaux. Certains, pris d'un malaise, comme le député Hadi Hobeiche, sont sortis de la salle pour prendre l'air.

Lors de la séance du soir, le Parlement a renvoyé la proposition de loi visant à faire passer l'âge de départ à la retraite des notaires de 64 à 68 ans. Les députés ont aussi décidé de renvoyer en commission mixte la proposition de loi visant à lever les subventions sur les médicaments importés s'ils étaient produits au niveau local. La Chambre a toutefois adopté la loi obligeant les compagnies d'assurance travaillant au Liban à régler une partie de l'argent provenant de tous les contrats d'assurance en dollars "frais" (vrais dollars, ou "fresh money"). La loi visant à protéger et soutenir la reconstruction des régions endommagées par l'explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020, a également été adoptée. Les députés ont également approuvé une loi visant à exempter les véhicules de transport public destiné au transit international des frais de mécanique pour une durée d'un an.