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Économie - Hydrocarbures

Les prix des carburants bondissent de plus de 30 %, les distributeurs évoquent une « erreur  »

Les prix des carburants bondissent de plus de 30 %, les distributeurs évoquent une « erreur  »

Une longue file d’attente à une station-service de Beyrouth, hier. Photo Joseph Eid/AFP

Depuis de nombreuses semaines déjà, les rares stations-service qui ouvrent leurs portes provoquent des bouchons sur certains axes routiers, en raison des files interminables de voitures faisant la queue, une scène devenue un des stigmates de la crise de carburant que traverse le pays.

La hausse des prix du carburant officialisée hier par les autorités (entre 30 et 40 % en fonction des catégories concernées) suite à la modification du mécanisme de subventions dont bénéficient les importateurs doit permettre de décanter une situation devenue encore plus intenable avec la hausse des températures. Une éclaircie qui semble cependant menacée par la réaction de certains professionnels, à l’image du représentant des distributeurs de carburant Fadi Abou Chacra, qui a déclaré hier à la chaîne MTV qu’il y avait une « erreur » dans le tableau des prix du ministère attendu depuis la semaine dernière et publié hier matin.

Nouvelle modification à venir ?

Selon lui, le prix de l’essence devrait ainsi osciller entre « 69 000 et 73 000 livres », contre 61 100 livres actuellement, et cette erreur serait la raison principale pour laquelle « les sociétés (distributrices) n’ont pas livré de l’essence aux stations-service ». Des propos qu’il a en partie confirmés à L’Orient-Le Jour hier, indiquant que les sociétés distributrices « considèrent que le prix est incorrect et demandent alors que la faute soit corrigée pour pouvoir livrer de l’essence », confirmant ainsi qu’elles possèdent du carburant. Toujours selon une des déclarations du représentant, cette fois plus tôt dans la journée, six navires-citernes avaient commencé à décharger leurs cargaisons dans la nuit de lundi à mardi.

Si certains acteurs à l’image du syndicat des propriétaires des stations-service semblaient pourtant anticiper une hausse du même ordre que celle appliquée par la Direction générale du pétrole, certains importateurs semblent valider l’interprétation de Fadi Abou Chacra. Dans un communiqué publié hier soir, l’Association des importateurs de pétrole au Liban, APIC, a déclaré que le ministère n’avait pas tenu compte de certains éléments habituellement pris en compte dans les calculs et que le sujet avait été au centre d’une réunion entre ses représentants et la directrice des installations pétrolières Aurore Féghali. Cette dernière leur aurait assuré que les tarifs seraient rapidement mis à jour « après approbation du ministre ». L’association a enfin indiqué qu’elle avait malgré tout repris les livraisons de carburant.Avant la publication de ce communiqué, la Direction générale du pétrole avait, elle, démenti l’existence d’erreur dans la tarification en expliquant dans un communiqué que les distributeurs souhaitent comptabiliser certains coûts en dollars frais. Elle a par la suite indiqué qu’elle discutera de ce point avec le ministre sortant et qu’en fin de réunion « il a été décidé d’approvisionner le marché en carburant ».Comme annoncé la semaine dernière par le ministre sortant de l’Énergie Raymond Ghajar, la Banque du Liban (BDL) fournit à présent la totalité des devises nécessaires aux importateurs de carburant à un taux de 3 900 livres pour un dollar, soit le même taux que celui pour les dollars libanais bloqués dans les banques depuis le début de la crise, il y a près de deux ans. Auparavant, la BDL ne finançait que 90 % de ces importations au taux officiel de 1 507,5 livres, le reste devant être à leur charge au taux du marché parallèle, qui tournait autour des 17 000 livres hier.

Ce changement de modalités a logiquement impacté les prix fixé par le ministère. Ainsi, les 20 litres d’essence 95 octanes sont désormais vendus à 61 100 livres, tandis que l’essence à 98 octanes (qui n’est quasiment plus importée sur le marché local) passe à 62 900 livres. Cela représente respectivement, par rapport aux prix qui avaient été fixés la semaine dernière, à une hausse de 15 900 livres (+ 33 %) et 16 300 livres. Le mazout est, lui, vendu à 46 100 livres pour 20 litres, en augmentation de 12 800 livres (+38 %). Le prix de la bonbonne de gaz standard d’une dizaine de kg a, lui, été fixé à 37 600 livres, un niveau bien inférieur à celui anticipé par la filière de distribution concernée (qui misait sur un prix à plus de 50 000 livres).

Le nouveau mode de calcul des prix du carburant – qui varie aussi en fonction des cours du brut et du gaz – devrait durer pendant les trois mois à venir, en vertu de l’accord conclu pour prolonger la durée de vie du mécanisme de subvention, qui est financé à partir des réserves de devises à la BDL, lesquelles ne sont quasiment plus constituées que des réserves obligatoires des banques déposées chez elle. L’État s’est en outre engagé à rembourser à la BDL les montants engagés avec intérêts et sur une période de 10 ans maximum, une première depuis le début de la crise qui soulève de nombreuses questions concernant sa capacité à honorer ses engagements, alors que le pays est en défaut de paiement depuis mars 2020.

Parallèlement, le mazout se fait de plus en plus rare dans le pays, ce qui a affecté tous les secteurs, ce carburant étant utilisé pour alimenter des groupes électrogènes privés, qui pallient le déficit chronique de la production de courant par le fournisseur public. Le rationnement semble s’être accéléré dans plusieurs régions. La parution prochaine des tarifs des générateurs devrait alors permettre de savoir s’il y a effectivement une pénurie de mazout ou si leurs propriétaires attendaient une majoration de la tarification, comme ce fut le cas d’une grande partie des stations-service qui ont fermé leurs portes durant le week-end écoulé.

Depuis de nombreuses semaines déjà, les rares stations-service qui ouvrent leurs portes provoquent des bouchons sur certains axes routiers, en raison des files interminables de voitures faisant la queue, une scène devenue un des stigmates de la crise de carburant que traverse le pays.La hausse des prix du carburant officialisée hier par les autorités (entre 30 et 40 % en fonction des...

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