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Nos Lecteurs ont la Parole

Et Dieu créa... le Liban

C’est la nuit. Je pose ma tête sur l’oreiller, j’ai hâte de m’enfoncer rapidement dans un sommeil profond, loin des soucis et des problèmes de plus en plus stressants. Hélas, je me tourne et me retourne dans mon lit, puis je m’assois finalement, épuisée. Les démons de la peur m’encerclent en ricanant. C’est comme quand, enfant, je me réveillais dans le noir et qu’une angoisse terrible m’envahissait.

Comme l’eau d’un fleuve trop longtemps endiguée s’échappe d’une brèche, une anxiété sans pareil me submerge très vite. Mon esprit oscille entre la raison et la panique. Un sentiment d’abandon total s’empare de moi… Je suis dans un état de détresse. Je veux me débattre pour échapper à cette situation qui me paralyse, mais je n’y arrive pas. Je reste donc affolée, couverte de sueur, comme paralysée…

Je ferme les yeux ; que d’épreuves n’avais-je pas déjà surmontées… De la maladie à la guerre, au confinement… tout un changement dans les habitudes et les repères. Des événements autrefois pleins de sentiments, où la présence des autres était si douce, désormais vécus en solitaire sans personne pour nous accompagner, sans embrassades, sans accolades… Un dénuement total. L’existence est devenue précaire et la mort un message froid sur WhatsApp ou une unité de statistiques dans les journaux et les nouvelles du soir.

Et pourtant… il n’y a pas si longtemps, l’air de mon pays était si doux que je fermais les yeux pour le respirer. Les souvenirs ? Ils s’envolent et éclatent comme des bulles de savon. J’aurais voulu avoir été plus attentive à la couleur bleue intense du ciel, à l’éclat du soleil, au gazouillis des oiseaux, à la promesse de l’été, de la liberté... J’aimerais ressentir encore l’odeur de la terre après la première pluie et me laisser envahir par le bonheur d’un hiver douillet au coin du feu. Je ne sais plus qui je suis, je ne sais plus où je vais. Dans ce navire à l’abandon, privée de mes droits civiques les plus élémentaires, désistée de toutes mes économies, sans la moindre perspective d’avenir, sinon l’incertitude et le chaos total, je me sens perdue.

Est-ce qu’on continue à exister quand on est dépouillé de sa dignité ? Comment peut-il y avoir de dirigeants de cette trempe ? Acharnés contre leur peuple, impitoyables devant leur misère, indifférents à leurs souffrances ? Inhumains, machiavéliques, destructeurs, princes des ténèbres auxquels ils nous préparent chaque jour… On ne peut pas dire que nous soyons nés sur la bonne case de l’échiquier ! Verra-t-on un jour le bout du tunnel ? Devrions-nous envisager d’émigrer ? D’habiter dans un pays qui n’est pas le nôtre et de perdre notre identité ?

Un nuage passe et la lune, un instant cachée, apparaît plus brillante que jamais dans le ciel noir. Je réalise alors que les nuages, si denses soient-ils, ne font que passer. Serait-ce une réponse de l’au-delà ? Comme j’ai envie d’y croire ! Je m’accroche à mon oreiller comme j’aurais aimé m’accrocher à la légèreté de ce nuage, et apaisée je m’endors enfin… quelques heures…

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

C’est la nuit. Je pose ma tête sur l’oreiller, j’ai hâte de m’enfoncer rapidement dans un sommeil profond, loin des soucis et des problèmes de plus en plus stressants. Hélas, je me tourne et me retourne dans mon lit, puis je m’assois finalement, épuisée. Les démons de la peur m’encerclent en ricanant. C’est comme quand, enfant, je me réveillais dans le noir et qu’une...

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