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Bienvenue chez Joseph Bonaparte, roi de Naples et seigneur du New Jersey

Pendant que Napoléon, empereur déchu, dépérissait sur l’île de Sainte-Hélène, son frère aîné Joseph Bonaparte, ex-roi de Rome et d’Espagne, savourait la belle vie au pays de l’Oncle Sam dans une luxueuse propriété bientôt ouverte au public.

Bienvenue chez Joseph Bonaparte, roi de Naples et seigneur du New Jersey

Ancien pavillon de gardien construit par Joseph Bonaparte pour son personnel, ce bâtiment est l’unique vestige encore debout du luxueux domaine du New Jersey. Wikimedia Creative Commons

Un très beau domaine datant du XIXe siècle et situé sur un promontoire de la ville de Bordentown, surplombant la rivière Delaware, dans l’État du New Jersey, va être restauré avant son ouverture au public. Baptisé Point Breeze, ce site témoigne d’un passé mémorable, car c’est là qu’avait choisi de vivre, de 1816 à 1838, Joseph Bonaparte, ancien roi de Rome et d’Espagne et frère aîné de l’empereur Napoléon Ier, déporté par les Britanniques à l’île de Sainte-Hélène (Atlantique sud) après son abdication. Après la défaite de son frère à Waterloo, Joseph Bonaparte part pour le Nouveau Monde où il vivra une retraite dorée. Son domaine, situé à 65 kilomètres de Philadelphie, vient d’être acheté pour la somme de 4,6 millions de dollars par l’État de New Jersey, la ville de Bordentown et une société de préservation, D&R Greenway Land Trust, qui ambitionnent d’en faire une destination à la fois historique et touristique. Le musée de Point Breeze, dont l’ouverture est prévue cet automne, deviendra ainsi l’un des rares témoignages de la présence des Bonaparte sur le sol américain.

Dans ce vaste domaine de 250 000 m2, il ne reste plus grand-chose de la demeure construite par Joseph Bonaparte. Les médias américains de même qu’un site officiel de l’État de New Jersey, NJ.com, annoncent qu’un musée est en train d’être aménagé dans le pavillon du gardien, le seul bâtiment encore debout qui avait été construit pour y loger une partie du personnel, il y a plus de 200 ans. Dans cette maison de deux étages en pierre seront exposés des objets et documents (lettres, livres, vaisselle, etc.) que Peter Tucci, un avocat passionné d’histoire, a réussi à collectionner au fil des ans.

Portrait de Joseph Bonaparte par Josep Bernat Flaugier (1757-1812), au musée municipal de Madrid.

Lieu magique

Point Breeze est considérée comme l’une des merveilles de l’Amérique du début du XIXe siècle. Joseph Bonaparte avait lui-même conçu et fait réaliser ce magnifique domaine riche en jardins décoratifs, doté de 12 miles de sentiers pour calèche, de plusieurs ponts en brique, de tunnels souterrains pour le transport de produits de luxe en provenance des rives du fleuve Delaware et d’un lac artificiel. Le Philadelphia Inquirer décrit les lieux en ces termes : « Les bateaux-cygnes (embarcations de plaisance en forme de cygne) glissaient sur le lac de 800 mètres de long. Des peupliers tulipes s’élevaient vers le ciel à partir d’un paysage pittoresque, soigneusement organisé, qu’il a conçu et dont il a contribué à populariser le style. » Selon le site NJ.com, « le dirigeant autoexilé espérait recréer le luxe du château de Mortefontaine, son ancienne résidence en France ». Celle des États-Unis, érigée au cœur du domaine, comportait un palais somptueux de trois étages et rivalisait avec la Maison-Blanche. Joseph Bonaparte y exposait sa vaste collection d’art, plus de 150 tableaux comprenant des Titien, Rubens, Véronèse, Léonard de Vinci et David, et permettait aux citoyens de visiter sa bibliothèque qui, à l’époque, contenait autant de volumes que la Bibliothèque du Congrès. En 1820, le rez-de-chaussée de ce palais est détruit par un incendie. Joseph Bonaparte choisit alors d’en construire un second, basé cette fois sur les plans de son château de Prangins, en Suisse, sur un autre emplacement du domaine, moins exposé aux vents. Le frère aîné de Napoléon Ier avait développé seul l’idée de ce domaine grandiose, un exercice qui normalement requiert une collaboration multidisciplinaire. L’avocat Peter Tucci, également membre du conseil d’administration de la Bordentown Historical Society et de D&R Greenway, s’est battu pour que le domaine Bonaparte devienne public. Il précise que Joseph Bonaparte avait fait appel à des centaines de personnes des villes environnantes pour l’entretien de sa propriété. « Il a employé des centaines de travailleurs de Bordentown et des environs et leur a payé des salaires équitables. » Le tout a été racheté en grande partie par l’État du New Jersey pour mettre en valeur ce patrimoine historique, rapporte le New York Times. « C’est une vraie opportunité de célébrer l’histoire et de la rendre accessible aux promeneurs curieux d’en savoir plus sur ce domaine », explique Linda Mead, la présidente de D&R Greenway, la société foncière qui a participé au projet.

Le domaine de Joseph Bonaparte peint vers 1817-1820 (Charles B. Lawrence,« Point Breeze, the Estate of Joseph Napoleon Bonaparte at Bordentown, New Jersey », c. 1817-20). Art Institute of Chicago

Reproduction de ses jardins potagers

Actuellement, le groupe chargé de redonner vie à la résidence américaine du frère de Napoléon envisage également de reproduire les nombreux jardins potagers qui ont prospéré du vivant de l’ancien roi de Rome. Après avoir passé environ 20 ans à Bordentown, soit la majeure partie de sa vie d’adulte, Joseph Bonaparte a définitivement quitté Point Breeze en 1838. En 1840, il est victime d’un grave accident vasculaire cérébral et décède à Florence, en Italie, quatre ans plus tard, à l’âge de 76 ans. Après sa mort, le palais américain de Joseph Bonaparte passe entre les mains de plusieurs propriétaires, avant d’être rasé en 1850 par un ancien consul britannique à Philadelphie, francophobe.

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Richard F. Veit, professeur à l’Université d’Onmouth, qui avait mené une fouille durant trois ans à Point Breeze permettant de mettre au jour plus de 20 000 artefacts, souligne que pendant une grande partie du milieu du XIXe siècle, Point Breeze illustrait une architecture de paysage de premier ordre. C’était aussi une école de jardinage qui avait mis l’accent sur l’harmonie naturelle et les vastes espaces bucoliques. « Point Breeze était un grand domaine sur l’autoroute américaine entre New York et Philadelphie, et tout le monde l’avait vu et commenté », déclare le chercheur, qui salue avec enthousiasme sa restauration : « C’est fantastique qu’un certain nombre de personnes se soient réunies et aient formé cette grande alliance pour sortir des sentiers battus et sauver l’un des grands trésors de la région. »

Un très beau domaine datant du XIXe siècle et situé sur un promontoire de la ville de Bordentown, surplombant la rivière Delaware, dans l’État du New Jersey, va être restauré avant son ouverture au public. Baptisé Point Breeze, ce site témoigne d’un passé mémorable, car c’est là qu’avait choisi de vivre, de 1816 à 1838, Joseph Bonaparte, ancien roi de Rome et d’Espagne et...

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