
Le patriarche maronite présidant la messe de la Pentecôte à Bkerké. Photo Michel Akl/Bkerké
« Nous ne nous attendions pas à autre chose de la part du Parlement, hier (…) Il faut œuvrer à la formation d’un gouvernement le plus vite possible, car la situation dangereuse au Liban ne souffre plus aucun retard. Il faut éviter tout propos qui mine la confiance, entrave le processus et porte atteinte à l’intérêt national », a estimé le chef de l’Église maronite dans son homélie à l’occasion de la Pentecôte.
« Les excuses ne servent plus à rien et ne convainquent plus personne, a-t-il enchaîné. Les prétextes justifiant le blocage gouvernemental ne tiennent plus la route. Ce surplace est mortel pour l’État et les citoyens ; il doit cesser. Les responsables ont exploité la Constitution à outrance en la détournant de son esprit. Quelle Constitution autorise un tel blocage dans la mise en place d’un gouvernement ? Et quelles prérogatives permettent-elles de suspendre ainsi le fonctionnement des institutions publiques ? »
« Nous appelons directement le Premier ministre désigné à prendre l’initiative – oui à prendre l’initiative – de présenter le plus rapidement possible une version actualisée (du gouvernement) au président de la République, et à se mettre d’accord avec lui sur la structure, les portefeuilles et les noms, étant entendu qu’il s’agira d’un gouvernement d’experts non partisans, et que ses membres ne seront sous l’hégémonie d’aucun parti », a plaidé le prélat maronite. « S’ils n’arrivent pas à se mettre d’accord, qu’ils en tirent les conséquences et fassent preuve de courage pour permettre à un nouveau processus de formation de prendre place », a ajouté le chef de l’Église maronite, dans une allusion voilée à une récusation de Saad Hariri en faveur d’un autre Premier ministre désigné.
Les incidents de Nahr el-Kalb
Sur un autre plan, le patriarche maronite a commenté les agressions commises jeudi par des partisans des Forces libanaises contre des bus de réfugiés décorés de portraits du président Bachar el-Assad et de drapeaux syriens, qui se rendaient à leur ambassade à Yarzé pour voter à la présidentielle syrienne du 26 mai.
« Nous sommes désolés pour les heurts qui ont eu lieu sur l’autoroute de Nahr el-Kalb (Kesrouan) entre certains Libanais et des réfugiés syriens qui se rendaient aux urnes. En cause ici sont les provocations à l’encontre des sentiments des Libanais dans une région qui compte de nombreux martyrs tombés dans des combats contre l’armée syrienne, ainsi que le dossier des détenus libanais dans les prisons syriennes, dont le sort n’est toujours pas connu », a affirmé le patriarche.
Soulignant que le peuple syrien « a été accueilli au Liban avec générosité, le chef de l’Église maronite a estimé que le retour chez eux de plus d’un million et demi de réfugiés syriens » ne peut pas attendre une solution politique « à la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011 ». Se défendant contre « tout esprit hostile », le prélat maronite a justifié cet appel par « le sens de responsabilité à l’égard du Liban ». Il a dans ce contexte appelé l’État à « prendre les mesures opérationnelles pour assurer un retour sécurisé et rapide » des réfugiés syriens.
Au lendemain du débat parlementaire sur le message adressé par le chef de l’État au Parlement (lire par ailleurs), le patriarche maronite Béchara Raï a appelé hier le Premier ministre désigné Saad Hariri « à prendre l’initiative » de présenter une dernière fois au président Michel Aoun « une version actualisée » du gouvernement qu’il se propose de...
commentaires (6)
Les réfugiers syriens sont du côté chrétiens ? Pourquoi ils ne vont pas au sud chez les chiites ????
Eleni Caridopoulou
18 h 52, le 24 mai 2021