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Moyen-Orient - Analyse

Pour le Hamas, le sentiment d'une "victoire" sur Israël et le Fateh

Le mouvement islamiste palestinien "a en partie choisi l'escalade par opportunisme politique, pour renforcer sa légitimité non seulement auprès de ses soutiens mais aussi auprès d'un public (palestinien) plus large", affirme un analyste. 

Pour le Hamas, le sentiment d'une

Des militants du Hamas lors d'un rassemblement à Gaza, le 22 mai 2021. Photo REUTERS/Mohammed Salem

Après 11 jours d'un conflit armé avec Israël, le mouvement islamiste palestinien Hamas estime avoir remporté une "victoire" après l'arrêt des frappes sur Gaza, mais son principal succès est d'avoir marginalisé davantage ses rivaux du Fateh, selon des analystes.

Le retour au calme vendredi dans l'enclave, où près de 250 Palestiniens ont péri dans les bombardements israéliens, a été fêté par une foule brandissant des drapeaux palestiniens et du Hamas, à Gaza mais aussi en Cisjordanie, territoire occupé par Israël où siège le président palestinien Mahmoud Abbas, chef du Fateh.
"Il s'agit d'une victoire stratégique (...)", a lancé Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, mouvement au pouvoir à Gaza depuis 2007 et soutenu principalement par l'Iran, ennemi numéro un d'Israël. Dans le camp adverse, Israël a parlé d'un "succès exceptionnel".

Pendant le conflit déclenché le 10 mai, plus de 4.300 roquettes ont été tirées de Gaza. Même si une grande partie des projectiles ont été interceptées, les habitants de plusieurs villes israéliennes ont vécu dans la peur et au rythme des sirènes. L'armée israélienne, considérée comme la première puissance militaire du Moyen-Orient, a indiqué que ces tirs avaient été d'une intensité sans précédent sur son territoire.

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Malgré les destructions, le nombre élevé de victimes et la mort de plusieurs de ses combattants, le Hamas se sent victorieux "parce qu'il a réussi à frapper au cœur du territoire d'Israël (et l'armée) n'a pas pu l'en empêcher", analyse Jamal al-Fadi, professeur de sciences politiques à Gaza. Et il a réussi à renforcer son arsenal de missiles malgré le blocus qu'Israël impose depuis près de 15 ans sur Gaza, relève-t-il.

Pour le Hamas, qui a commencé ses tirs de roquettes en solidarité avec les manifestants palestiniens affrontant la police israélienne à Jérusalem-Est, un autre territoire palestinien occupé par Israël, le conflit lui a permis de se poser en seul défenseur des Palestiniens, selon les observateurs.
"Le Hamas a en partie choisi l'escalade par opportunisme politique, pour renforcer sa légitimité non seulement auprès de ses soutiens mais aussi auprès d'un public (palestinien) plus large", estime Hugh Lovatt, analyste au Conseil européen des relations internationales.

"Fardeau" 
A couteaux tirés depuis que le Hamas a remporté les dernières élections générales palestiniennes en 2006 puis a chassé les combattants du Fateh laïc de Gaza l'année suivante, les deux principaux mouvements palestiniens avaient entrepris une timide réconciliation ces derniers mois. Mais l'annulation par M. Abbas des premières élections palestiniennes en 15 ans, annoncées initialement pour le 22 mai -ce jour-, a provoqué la colère du Hamas qui a crié au "coup d'Etat".

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Le Hamas avait de grandes ambitions pour ce scrutin, dont celle "de se soulager du fardeau de la gouvernance" de la bande de Gaza, un territoire exigu où sont entassés quelque deux millions d'habitants et qui est miné par une pauvreté et un chômage aggravés par la pandémie de coronavirus, relève M. Lovatt. "La perspective d'élections et ensuite d'un gouvernement d'union (avec le Fateh), aurait permis un progrès" à Gaza, dit-il. "Mais parce que la voie politique s'est refermée, il a dû revoir ses calculs".

Le Hamas se sert des cycles de violences pour obtenir des "concessions" d'Israël, comme un assouplissement des restrictions aux importations ou une hausse du nombre de permis de sortie accordés aux habitants, note l'analyste.

"Défenseur de l'islam" 
Face à un Mahmoud Abbas affaibli par des années passées à prôner des négociations avec Israël sans aucune avancée, le Hamas incarne la "résistance" à Israël. Pour ce mouvement, "les flambées périodiques de violences sont son principal avantage par rapport au Fateh", juge Hussein Ibish, spécialiste du Moyen-Orient. "Il se pose en défenseur de la Palestine, de Jérusalem et de l'islam (...) et le seul qui peut faire payer à Israël le prix de l'occupation (...)" 

"Abbas (est) devenu impuissant" et son "projet politique n'est plus acceptable aux yeux" du peuple palestinien, décrypte M. Fadi. Et l'annulation des élections a été mal perçue par une partie du peuple.

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Rien n'a été accompli, selon les observateurs, durant le mandat de M. Abbas, 86 ans, qui devait s'achever en 2009. Israël occupe toujours et depuis 1967 la Cisjordanie et Jérusalem-Est, intensifie la colonisation et a obtenu des Etats-Unis qu'ils reconnaissent Jérusalem comme sa capitale.

Reste à savoir si le Hamas, considéré comme une "organisation terroriste" par les Etats-Unis et l'Union européenne, parviendra à gérer l'après-conflit, avec le défi de la reconstruction à Gaza, estime Jamal al-Fadi.
Et si, "ce cessez-le-feu durera plus longtemps que les autres", souligne M. Lovatt, pour qui "ce n'est qu'une question de temps avant la prochaine guerre".

Après 11 jours d'un conflit armé avec Israël, le mouvement islamiste palestinien Hamas estime avoir remporté une "victoire" après l'arrêt des frappes sur Gaza, mais son principal succès est d'avoir marginalisé davantage ses rivaux du Fateh, selon des analystes.
Le retour au calme vendredi dans l'enclave, où près de 250 Palestiniens ont péri dans les bombardements israéliens, a été...

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